• Les formes du travail 2

    Cliché Anthropia

     

     

    Ce qui me gêne dans cette pub qui a envahi nos écrans,

    outre qu'on se demande en quoi la Générale a contribué

    au projet du jeune Kerviel, parce que dans l'art

    de couler un jeune qui cherchait à s'intégrer dans ce monde,

    on ne fait pas mieux,

    c'est qu'elle fait résonner à l'envers

    le Aide-toi, le ciel t'aidera,

    et qu'on est absolument sûr,

    qu'une banque qui a dû tendre la sébile

    pour rester à flots,

    n'est pas précisément LA banque susceptible

    de couvrir nos risques.

     

     

     

     


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  • Cindy Shermann

    Sans titre

    Jeu de Paume



    Des négociations bidons, où on décide de ne rien lâcher.

    Des entretiens à l'Elysée, les syndicats sortent floués,

    la synthèse est communiquée avant la fin de la réception.

    Des réformes ficelées qui laissent sans possibilité de réponse

    les principaux acteurs concernés ; chercheurs, magistrats, avocats,

    médecins, infirmiers, militaires, enseignants, policiers, ouvriers,

    patients, élèves, justiciables, commerçants, la liste est si longue.

    Des Grenelle poudre aux yeux, dont on n'applique qu'une ou deux mesures,

    des prêts d'argent aux banques sans contrepartie,

    mais qu'attendent-ils donc ces gouvernants, ces patrons, ces élites,

    se gaussant de nos pauvres révoltes,

    qu'attendent-ils donc ? Une capitulation à genoux ?

    un renoncement à notre qualité de vie ?

    une paupérisation avec soumission à la clef ?

    il faudra davantage qu'une manif et que quelques séquestrations,

    semble-t-il, pour qu'ils s'arrêtent.

    Un peu comme en 36, quelque chose d'un front populaire peut-être,

    un FRONT POPULALRE, vous comprenez ?

     

     

     

     

     


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  • Alberto Simon

    Salvatore Pippa's Screens and Sticks

    2003

     

     

    A force de bouger les lignes,

    dans l'intention secrète de casser les repères,

    de nous tournebouler au risque du vertige,

    il se pourrait bien qu'il nous laisse

    liquéfiés au pied de nos MP3,

    à ne plus savoir

    ce qu'est la vraie démocratie,

    à quoi ressemble une République vertueuse,

    comment ça fait d'être solidaires,

    les lignes dans tous les sens,

    sera-t-on encore un peuple,

    chacun errant dans le struggle for life.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Diane Arbus

    Child crying

     



    Comment décrire la souffrance et la peine dans la littérature. Le mot pour  les dire, c'est pathos.

     

    Dans la définition du Petit Robert, pathos (apparu en 1671) est un mot grec signifiant « souffrance, passion ». En soi, rien de problématique. Mot apparu à l’heure de la modernité dans notre langue, c’est-à-dire lors de l’émergence du sujet, pathos serait en quelque sorte requis pour décrire la souffrance éprouvée. Je souffre, donc je suis.

     

    Cela saurait me suffire, si je décide d’exprimer la souffrance et la douleur dans un texte.

     

    A moins que l’establishment me l’interdise, Stendhal est passé par là, et la rhétorique aussi.

     

    1°.Ex. Partie de la rhétorique qui traitait des moyens propres à émouvoir l’auditeur.

    2° (1750) Mod. et littér. Pathétique déplacé dans un discours, un écrit, et par ext. dans le ton, les gestes. « L’avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis » (Stendhal).

     

    Chez les modernes, le pathos est devenu cette moue sur le visage qui atteint tout bon lecteur du milieu germano-pratin. Tout le monde le dit, le  pathos est interdit. Parce que tout pathos est forcément issu de moyens fourbes ou rhétoriques destinés à émouvoir l’auditeur.

     

    Vous aurez remarqué que le pathos est cité en référence à l’oralité, il est de l’ordre du discours, dans le ton, dans le geste, chez Stendhal, c’est un réquisitoire de l’avocat général. Consacré de mauvais goût à l'oral, le pathos serait absolument interdit à l’écrit, parce que stigmatisant le procédé vulgaire d’émouvoir et probablement la trace du parler dans la langue écrite.

     

    Ce faisant, exit l’émotion, la souffrance, la passion, le chagrin, ou plutôt ils ne sont autorisés qu’entre les lignes. La preuve de la souffrance est désormais la sobriété à dire des horreurs, la placidité à se décrire fou, la simplicité à décrire la confusion des sens et des sentiments.

     

    Virginia Woolf le disait déjà de Jane Eyre, à certains passages, le discours féministe de l’héroïne est une faute de goût, on ne doit pas parler sa souffrance, on doit la masquer, l’effleurer, ne la citer que chez l’autre. Je souffre sans le dire, donc je suis.

     

    Le pathos est devenu le comble de l’obscénité, le signe d’un égo mal dégrossi, le sème d’un moi enflé qui cherche à nous manipuler. Mais alors que dire de ce style de mise à distance, qui nie les larmes et les sanglots, qui s’assied franchement sur l’âme pour l’écraser. Interdites les images, recommandé le cynisme.

     

    Faites avec votre pathos et ne nous emmerdez pas. Pathétique ne renvoie-t-il pas à l’os jeté au chien, ah ce chien qui désire, qui le montre, quelle chiennerie. Le pathos, c'est de la sous-littérature, du « tout juste bon pour le peuple ». Voilà qu'une néo-noblesse naît de cette posture, j’en suis, de ceux qui savent que la douleur est l’apanage des faibles, «pleure pas, si t’es un homme ».

     

    Et si je veux être fille moi, si je veux revendiquer le droit d’explorer cette frontière entre moi de dedans, et moi de dehors. Si cette première étape d’une prise de conscience m’intéresse, comment puis-je faire ? Parce qu'en m'interdisant les procédés de style, on m'interdit de parler de ce sentiment mou de soi. Je dois faire dans le choquant, le corps, les bones, les chaires suppurantes, les boyaux apparents, traités façon clinique, c’est le contraste qui compte. Mais à force d’en voir dans les séries TV des corps ensanglantés, à force de les lire entre les lignes des autofictionnels, le contraste ne me fait plus d’effet. Et je cherche à retrouver la flamme d’authenticité qui dit que le bât blesse, l’image délicate, un bout d’âme de Ronsard, une démonstration à la Spinoza, le bord d’abîme qu’on sait plus qu’on devine, qu’on s’octroie malgré tout, parce que l’être est tout là, dans cet interstice entre le mal et le mal.

     

    Je veux pouvoir explorer le pathétique, le cerner, le comprendre, en voir l’absence de maturité, en saisir la complaisance, mais aussi la valence.

     

    Blood, sweat and tears. Du sang, de la sueur. Mais des pleurs aussi.




     

     

     

     

     


    4 commentaires
  • Diane Arbus

                           








    Ah l'étrange plaisir d'un bel Alexandrin











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