• Money box

    Gianni Motti

    Crédit Photo Anthropia

     

     

    Où on découvre que Proto est le meilleur ami du beau-fils de Maistre, Antoine Arnault, fils du célèbre milliardaire, mais qu'il est aussi directeur du cabinet de Woerth, déjà présent au Budget. Le beau-fils est aussi le fils de la conseillère en communication de Woerth, la femme de Maistre. L’auteur du rapport indépendant de l’IGF sur Woerth a été nommé à ce poste par Woerth lui-même. Maistre était le patron de Florence Woerth, décoré par son mari, il finance Woerth, trésorier de l’UMP, avec l’argent de Liliane Bettancourt, elle bénéficie du bouclier fiscal et on constate qu’un ami du Président, procureur, décide de la faire échapper à la mise sous tutelle ou à tout risque de procès. Le même qui refuse de nommer un juge d’instruction sur toutes les affaires.  

    Tous ces petits faits mis bouts à bouts, un montage cut de la réalité du pouvoir. On tire un fil : et tout est inextricablement mêlé, on aurait tort de parler de conflit d’intérêt, à ce stade ce n’en est plus un, c’est une pelote d’intérêts. Tout le monde se tient par la barbichette, un réseau à ce point serré, c’est un système ordinaire de fonctionnement, c’est un réseau d’intérêts, d’ailleurs décrit par les Pinson, couple de sociologues. Nous en avons là une parfaite démonstration.

    S’attaquer à ce système, c’est déranger une toile d’araignée tentaculaire, Neuilly au pouvoir. Les médias indépendants du Web, toile technologique fondée sur les liens de l’immédiateté, hic et nunc, ont-ils compris que leur action est à proprement parler révolutionnaire, qu’elle s’attaque à une autre toile financière et politique, installée depuis des siècles. Le combat oppose le synchronique au diachronique, les liens de l’intelligence en ligne aux liens de l’argent et du patrimoine en filiation linéaire. On se demande bien qui gagnera la guerre des toiles.

     


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  • Martin-pecheur d'Europe

    Crédit photo Bischoff

     

     

    Ecoutez Souad Massi, c'est ici

    Et les paroles en deux langues, ci-dessous

    Er ràouy

    àHki ya raoui àHki àHkàya
    madà byk tkoùn riwàya
    aHkyly 3là nass zmàn
    aHkyly 3là àlef lyla w'lyla
    wa 3là loùndja bint el ghoùla
    wa 3là w'lid es selTan
    Hàjytek mà (d)jytek
    Weddynà b3id m'hed denya
    Hajytek mà (d)jytek
    Koul wàHed mennà fqalbou Hkàya
    Koul wàHed mennà fqalbou Hkàya

    àHki w'ensà billi àHnà kbàr
    fy bàlik llirana nàSghàr
    ou nemnoù koul aHkàya
    aHklinnà 3là el jenna aHklinnà 3là en nàr
    w' 3là eT Tyr elly 3oumrou maTàr
    fehemnà ma3nà ed dnya
    Hàjytek mà (d)jytek
    Weddynà b3id m'hed denya
    Hajytek mà (d)jytek
    Koul wàHed mennà fqalbou Hkàya
    Koul wàHed mennà fqalbou Hkàya

    àHki yà er ràouy kimà àHkàwlek
    mà tzyd mà tnaqqaS min 3endek
    ga3 nechfàw 3là bàlek
    aHki wa nessyna f'hàd ez zmàn
    khallynà fy kàn yà makàn
    fy kàn yà makàn
    Hàjytek mà (d)jytek
    Weddynà b3id m'hed denya
    Hajytek mà (d)jytek
    Koul wàHed mnnà fqalbou Hkàya
    Koul wàHed mnnà fqalbou Hkàya

    Traduction

    Raconte, ô conteur
    Raconte une histoire, qu'elle soit une légende
    Parle-nous des gens d'antan
    De Loundja, la fille de l'ogresse et du fils du Sultan

    Commence par "il était une fois"
    Offre-nous des rêves
    Commence par "il était une fois"
    Chacun d'entre nous a une histoire au fond de son cœur

    Raconte, oublie que nous sommes grands
    Comme si nous étions des enfants
    Nous voulons croire à toutes les histoires
    Parle-nous du paradis et de l'enfer
    De l'oiseau qui n'a jamais volé
    Donne-nous le sens de la vie

    Raconte, comme on t'a raconté
    Sans en rajouter, sans en enlever
    Prends garde, nous avons une mémoire
    Raconte, fais que l'on oublie notre réalité
    Abandonne-nous dans ce "il était une fois".

     

     

     

     


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  • Crédit Photo Anthropia

     

    Ecoutez Sheryl Crow et Stevie Nicks (ici)

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • adn

     

     

    Qu’est-ce qu’un lien social ? Ce qui se passe très physiquement quand je tends la main à quelqu’un et que ce quelqu’un me tend la sienne, par la réunion de nos bras, nous créons physiquement le lien, un lien d’un à deux mètres ; nous générons ainsi un flux physique, où s’échangent des sensations, qui s’accompagne d’un contact des yeux, une reconnaissance au sens du repérage. Que se passe-t-il à l’intérieur de chacun de nous quand nous faisons cette expérience ? Cela nous appartient, vient enrichir nos circuits synaptiques et nous donne le sentiment d’être au monde.

    On pourrait aussi le définir parle corps-à-corps d’un rapport amoureux, qu’il y ait ou pas amour d’ailleurs, les tapes amicales ou le sentiment si particulier d’un enfant contre soi, dans ses bras : je viens de rencontrer un bébé de 2 jours et j’ai eu cette sensation d’être tout à coup prise en compte par ce regard encore vierge, je me sentais imprimée, et j’ai eu à mon tour un regard d’inclusion, viens dans mon environnement, petit d’homme.

    Pourquoi je pense que le lien social n’a rien à faire avec les amitiés de net ? Parce que c’est la sensation physique qui compte, c’est la simultanéité de la relation, l’échange dans le même lieu, au même instant, dans le même mouvement. Unité de temps, de lieu et d’action, c’est la définition du théâtre classique. Le lien social a besoin de présent, de présentation, de représentation aussi. Il se joue dans ce triple ensemble, moi, toi/moi et toi. L’unité de lieu prime parce qu’elle permet le langage non-verbal, non intellectualisé, la captation des micro-signes que nous donnons de nous-mêmes et que nous enregistrons de l’autre.

    L’autre jour ma voisine a compté les amies de la voisine du dessous ou plutôt elle lui a demandé combien elle en avait ;  elle en a 35, m’a-t-elle confié. Quel drôle de compte d’apothicaire, ai-je pensé, quelle idée de compter ses amies. 35 peaux, 35 paires d’yeux, 35 sourires, 35 baisers du bonjour et de l’au revoir. Puis je me suis dit que la voisine du dessous, sclérosée en plaques, scotchée chez elle toute la journée, avait besoin des ces liens sociaux, qu’elle les cultive à domicile parce qu’elle ne les trouve pas sur un lieu de travail, en faisant ses courses ou en sortant. 35, ce serait cela une définition du corps social sur lequel nous nous appuyons au jour le jour pour vivre et demeurer vivant.

    Et je l’avoue, en quittant la copine, je me suis mise à compter. Un, deux, trois …. Et vous, ça vous en fait combien ?

     

     

     

     

     

     


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  • Sans titre

    Cindy Shermann

    Jeu de Paume

     

     

     

     

     

    Les figures féminines de l'affaire Woerth-Bettencourt sont emblématiques de la place des femmes dans ce pays.

    Il y en a pour tous les goûts. La veuve bourgeoise. Elle est courtisée dès lors qu’elle est riche, on parle d’elle, elle fascine ; on guette la couleur de ses pulls, la trace de ses liftings, la classe des fauteuils de sa maison de campagne, on fait le calcul de ses impôts tout autant que celui de ses relations vénales. A son âge, elle parle négligemment de son flirt avec Sarkozy, oublie les oboles qu'elle laisse aux mendiants de la politique, quant une autre plus humble économiserait chichement sur le chauffage ou espérerait la visite d'un fils. Pauvre, elle n’intéresserait personne, ne parlons même pas de retraite.

    Bien sûr, le couple diabolique, à l'origine de l'histoire, c’est l’impossible rapport mère-fille. La fille risque le tout pour le tout, déclenche l’avalanche, l’avait-elle envisagée ?, un tel cyclone de dégoût populaire et de scandales ? La fille qui ne peut se résoudre à oublier sa mère, qui y revient, insiste, la tue en voulant la sauver. Peut-être.

    L’icône de la modernité n’est pas absente, la femme d’affaire, indépendante, menant sa barque, que ce soit la banquière ou la femme du ministre du budget, elle a adopté les codes masculins : même affairisme, même souci de la carrière, même esprit d’entreprise,  gestion de patrimoine ou gestion d’écuries, même réseau relationnel qu’on entretient et dont on vit.

    En creux, mais pas dernière à tenter de tirer son épingle du jeu, la secrétaire particulière ou la comptable, qui incarne l’image traditionnelle des gens de maison : laborieux, aux petits soins pour la patronne, allant chercher des sommes vertigineuses à la banque, sans jamais en distraire un sou. Elle n’est pas toute blanche non plus, semble-t-il. Mais devant une telle litanie de gens de peu, elle ne fait que rejoindre la cohorte.

    Finalement l'affaire Woerth-Bettencourt ne nous dit que ce que nous savions déjà. Qu'il manque singulièrement dans cette galerie des portraits de femmes, une femme qui aurait passé son chemin, aurait laissé tous ces gens à leur médiocrité, une femme libre, poteau-milieu. Celle-là, nous n’en entendrons pas parler, parce qu’elle n’est pas dans le paysage et n’a jamais souhaité y figurer. Existe-t-elle seulement ?

     

     

     

     


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