• Sans titre

    Cindy Shermann

    Musée du Jeu de Paume

     

     

    Impossible de ne pas penser à Cindy Shermann,

    en visitant la Galerie Dupin,

    où s'exposent les photos du modèle Stéphane Foenkinos,

    par Stéphanie Murat,

    sous la direction artistique de Raphaëlle Valbrune.

    L'homme est plastique ;

    avec quelques changements mineurs,

    on reconnaît cinquante-cinq écrivaines,

    d'Emily Dickinson à Carson McCullers,

    de Marie Darrieusecq à Doris Lessing.

    Tout a commencé, apprend-on,

    par un pull à col roulé blanc,

    une paire de lunettes plus tard,

    Marguerite Duras était ressuscitée.

    C'est comme ça que le concept est né :

    un homme se prend pour ces femmes,

    crédible en photo de couverture

    de La vie sexuelle de Catherine M.,

    comme en rose bright Barbara Cartland.

    Une de mes favorites est Virginie Despentes.

    Quelque chose d'un fantasme de petit garçon se rêvant Thirésias :

    comment ça fait d'être une femme ?

    ça nous fait quelque chose à nous.

     

    Et par-dessus tout parce que chaque photo est accompagnée

    d'une phrase de l'écrivaine, une de celle qui la définit,

    une phrase souvent féministe, une phrase qui rend hommage.

    "Comme c'était dimanche, la petite Fadette ne cousait ni ne filait

    en gardant ses ouailles" glisse l'air de ne pas y toucher,

    Georges Sand dans "son portrait au camélia" revisité.

    Ou Dorothy Parker, qui nous confie cynique :

    "j'ai été pauvre, j'ai été riche. Mais croyez-moi, riche, c'est mieux".

    Ou Edith Wharton, "Tout ce qu'ils vous demandent, c'est de prétendre".

    A visiter à la Galerie Dupin, au 5 de la rue Dupin à Paris.

     

     


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  • Bleuets et coquelicots, juste bleuets et coquelicots

    Crédit Photo Anthropia

     

     

    Juste aujourd'hui,

    l'envie d'une parfaite superposition,

    d'une photo, de son sens immédiat,

    et des mots.

    Bleuets et coquelicots,

    une photo de bleuets et coquelicots sans plus.

    Mais aussitôt, arrivent les fleurs de Monet

    puis celles de Van Gogh,

    les grilles font surgir le rapport étrange

    entre fleurs sauvages urbaines

    et l'instinct de propriété, l'espace barré,

    puis on apprend que la photo est prise au 6B,

    à Saint-Denis, alors on se dit

    que c'est une zone d'autonomie temporaire,

    qu'il faut en parler, faire venir du monde au Far,

    6B, quai de Seine.

    Pourquoi les mots et les images ne peuvent-ils pas

    tout bonnement ne dire que ça,

    une image de début d'été, plus gaie que ce pouilleux mardi.

     

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    Et accessoirement, le 1400ème post de ce blog.

    Plus du million de visiteurs chaque année,

    Plus de 77 000 ce mois.

    Un journal de bord, un cahier d'assiduité,

    un tête à tête partagé.

     


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  • Fossiles dans les pierres calcaires du Grand Palais

    Crédit Photo Anthropia

     

     


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  • Fossiles dans les murs du Grand Palais

    Crédit Photo Anthropia

     

     

     


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  • Des fossiles dans les pierres calcaires du Grand Palais

    Crédit photo Anthropia

     

    En attendant dans la file d'attente devant le Monumenta d'Anish Kapoor, j'ai repensé à un parcours d'art contemporain, organisé à La Box de Bourges par un trio de curatrices de choc, Keren Detton, Marie Cozette et Julie Pellegrin, et à cet artiste, Thorsten Streichardt qu’elles avaient invité, et qui nous emmenait le long des murs de la ville, à la recherche des fossiles, des minuscules coquillages logés dans les pierres calcaires des édifices publics ou des maisons.

    Ce n'était pas le seul but de cette performance, dans Shell Shelf, l’intervention de Streichardt consistait à réaliser une collecte de  «coquillages » à travers la ville. En écho à la présence d’innombrables fossiles dans la pierre calcaire des bâtiments, "l’artiste fabriquait ses propres coquillages, taillés au burin aux angles des édifices ou moulés dans les aspérités des façades. Cette récolte résultait de plusieurs semaines de négociations avec les responsables publics et les habitants de Bourges. Chacun choisissait de donner un morceau de son patrimoine.

    Les objets obtenus étaient les indices d’une histoire « en creux » où les empreintes physiques (naturelles ou accidentelles) marquant les constructions se mêlaient aux récits subjectifs d’un ensemble d’individus. L’exposition, en trois parties, présentait les fruits de cette expérience urbaine : une collection de petites sculptures accompagnées des explications des « donateurs » et d’une documentation photo et vidéo.

    A prélever ces petits morceaux aux angles des bâtiments, il s’agissait de confronter plusieurs histoires : millénaire comme le calcaire, centenaires comme les monuments publics et contemporaines comme celles de ces habitants qui avaient accepté de négocier avec l’artiste la donation d’un fragment de leur maison.

    Cela pouvait être vu comme une archéologie du présent qui témoigne du rapport à la propriété. Ou comme une manière d’accélérer le vieillissement d’une ville déjà marquée par le temps. Shell Shelf était aussi une réflexion sur la sculpture et sur le fait que toute forme est forcément construite, culturellement, historiquement, politiquement."

    A y repenser, alors que je patientais dans la queue, je me suis penchée sur les murs du Grand Palais, en pierres calcaires de Saint-Leu, de Saint-Maximin ou d’Euville, j’ai remonté le fleuve jusqu'aux carrières d'où elles provenaient, m'approchant de la pierre chaude, j'ai repéré cette petite étoile de mer, et peut-être cet embryon de dinosaure, sans doute cette salamandre. Là, sous l'oeil des badauds qui ne comprenaient pas, j'ai capturé dans mon viseur ces fossiles, ces traces dans le calcaire d’une histoire millénaire, les petits coquillages, les couteaux, les mini-fossiles d’un Minimenta aux portes du Monumenta.


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