• The Art Freaks

    Olaf Breuning

    Palais de Tokyo

     

    Olaf Breuning a envahi le Palais de Tokyo de ses portraits de freaks, disposés en kakemono. Il revisite ainsi l'histoire de l'art de manière presque naïve. Le voici peignant un corps à la Jackson Pollock, s'inspirant de la palette du peintre américain. Mais on peut aussi reconnaître des portraits en Francis Bacon, Picasso ou Joseph Beuys.

    A visiter jusqu'en décembre, façon d'oublier les Freaks qui nous gouvernent.


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  • Silver par amor

    2011

    Jean-Luc Verna

    Vous n'êtes pas un peu beaucoup maquillé ? Non

    Galerie Air de Paris

    Rue Louise Weiss, Paris

    Exposition en cours

     

     

     

    Jean-Luc Verna nous livre une exposition, « Vous n’êtes pas un peu beaucoup maquillé ? Non », façon punk-rock, mystico-pornographique. Lieu de toutes les confusions du genre sexuel, son travail vacille entre flamboyance et insécurité. On aime Jean-Luc Verna pour son talent de dessinateur, pour son sens de la mise en scène et pour le support-surface de son corps envahi de tatouages.

    Bien loin des « théories du genre » dont nos députés umpistes de droite nous rebattent les oreilles, -comme si c’était une théorie, le genre, avant d’être une interrogation personnelle, un doute, une question que tout ado se pose un jour ou l’autre ?-, l’art de Verna tient à ce qu’il nous trouble, sexuellement et au cœur même de notre identité soi-disant sûre d’elle-même. Avec lui, on se prend à penser à ces bifurcations de nos vies qui nous ont fait nous retrouver plutôt homme ou femme, homo ou hétéro, masculin ou féminin, à ces instants où on aurait pu mettre autant de créativité que de rôle normé, de perversion que de biologie, de décision que de soumission. Sans doute, avec un peu plus de courage, on aurait pu aussi emprunter une troisième voie, la nôtre, celle d’un drôle de genre, hybride, qu’on aurait un peu subi, un peu choisi, beaucoup construit.

    A visiter absolument, cette exposition de la Galerie Air de Paris.


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  • Francis Alÿs

    Paradox of praxis

    Mexico City, 1997

     

     

    Dans mon enfance, je pouvais passer des heures au grenier sur les vieux volumes en carton rouge et or de la collection Hetzel. Mon favori était La petite Fadette de George Sand. Le mot fadette m’étonnait, il m’évoquait la campagne, la pauvreté, j’associais aussi au farfadet, petit lutin à l’esprit follet, mais c’est au pied de la lettre que je prenais le mot, puisque je pensais qu’il s’agissait d’une petite fille fade, une fadette, quoi. Par identification sans doute, je n’avais pas encore l’égo très développé.

    Plus tard, j’avais découvert que Fadette signifiait, celle qui a des pouvoirs de fée (du latin fatum, le destin), ce qui correspondait bien au personnage de cette petite-fille de sorcière, qui cueillait des simples dans les marais, pour les rapporter à sa grand-mère, qui en faisait des potions magiques.

    J’en étais là de mon paysage intérieur, quand la presse envahit mes yeux, mes oreilles et mes narines, avec le mot, mais cette fois dans le sens tout à fait trivial, de FADET, pour FActure DETaillée, apparemment sorti tout droit du jargon policier.

    Il s’agit pour la police de pister les sources des journalistes. Rien à voir avec une écoute, c’est une lecture dont il s’agit, on analyse la traçabilité des appels, on repère les noms des correspondants soucieux de démocratie ; bref, comme l’a dit notre ministre de l’Intérieur, il s’agit tout juste d’un "repérage" par la facture. D’une manière ou d’une autre chez les UMPistes, tout finit toujours en gros sous, on s’en sert pour toucher, pour coucher, pour taxer et pour épier. Le bling-bling, alpha et oméga du sarkozysme.

    Comme ces mots barbares, DAB (distributeur automatique de billets), TGV ou RTT, la FADET est donc un acronyme, né de l’esprit sans culture d’un ingénieur ou d’un comptable, et ici d’un policier, pour se simplifier la vie.

    Sauf que là, il a pollué mon cerveau gauche, celui des contes de fée de mon imaginaire enfantin. Et ça, je ne suis pas prête à lui pardonner.


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  •      Aurélie Godard

         Icare

         Exposition Installation Soleil

         6B, Saint-Denis

        Crédit Photo Anthropia

     

     

    Rentrée. J'ai rendez-vous dans un célèbre hôpital psychiatrique parisien. Je me presse, un client m'attend, nous allons travailler sur les processus métier. Je passe les ruelles, ambiance champêtre, arbres centenaires. Rue Verlaine, Rue Michaud, Rue Piera Aulagnier ou Pierre Janet, Allée Kafka, ça se mélange, fous de langue ou psychiatres, un même monde.

    Près d'un pavillon, dans la coursive en colonnade, je croise deux hommes, assis sur un banc, concentrés, l'un fait de grands gestes.

    - Tu comprends, Dieu n'est rien sans ses anges.

    - Ah, mais ça dépend, il y a aussi les anges déchus...

    - Oui, Lucifer, mais c'est...

    Je suis loin déjà, leurs mots laissent une longue traîne dans ma tête, Dieu, les anges et la norme ISO. Et je me dis que...que... la norme ISO, c'est Lucifer. Une sainte perfection de la qualité tombée sur terre.

    A l'hôpital, on avait eu la Sainte-Vierge et les bonnes soeurs, petites épouses de Dieu, remplacée au XIXème par l'Hygiène et la gourme des infirmières-chef, et maintenant on a la Qualité. Un surmoi féminin chasse l’autre. C'est toujours la Mère qui tourmente.

     

     


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