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Philippe Parreno
No more reality
Batman return
1993
Collection particulière (Allemagne)
Pour que la théorie du bouc-émissaire fonctionne,
il faut qu'un leader d'opinion légitime, en qui on croit,
nous en désigne un comme coupable,
et que tout le monde à sa suite croie qu'en l'éliminant,
ça résoudra nos problèmes.
Par exemple, penser que le fraudeur à la Sécu est coupable
de la perte de notre triple AAA, implique qu'on croie en notre Président
et en ses sbires qui nous le serinent depuis hier.
Oui, il nous faudrait tous ensemble nous convaincre
qu'il existe bien un tel responsable de tous nos maux,
celui à qui on devrait que, depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir,
notre déficit se soit soudainement tellement accru,
le Fraudeur, de préférence salarié ou chômeur et non patron.
Mais ça ne suffit pas.
Il faudrait aussi penser que Sarko peut s'y attaquer
et vraiment recouvrer l'immense dette que le Fraudeur a détourné
des assiettes de nos chères têtes blondes, en oubliant bien sûr les
primes, bonus et autres jetons de présence de nos traders.
Or, pour ça, il faudrait recruter des inspecteurs que Sarko ne recrute pas,
mette en place un plan d'action, qu'il n'actionne que par la parole.
Depuis 2003, chaque fois que Sarko en a parlé,
il n'a rien fait, ça n'a rien rapporté,
d'ailleurs s'il avait réussi à résoudre la question de la fraude,
pourquoi en reparlerait-il aujourd'hui ?
Tout ça n'était qu'une rhétorique qui ne servait
qu'à le faire élire comme Président. Et ça a marché.
Mais si ça a marché, c'est uniquement parce
qu'il avait réveillé les instincts de violence en ses électeurs,
qu'il avait trouvé les moyens de chatouiller l'amertume,
l'aigreur, la pensée facile, qu'il suffirait de,
trouver le méchant de l'histoire, le tuer une bonne fois,
pour qu'on soit enfin riche, beau, en bonne santé et heureux.
Bref, Sarko voudrait qu'on célèbre le rituel du sacrifice du bouc,
que tous ensemble symboliquement
on élimine, on expulse le Bouc-Emissaire,
tous ensemble.... derrière lui.
Mais la ficelle est trop grosse.
On n'y croit plus.
Et qu'est-ce qu'un rituel quand on ne croit plus ?
Pour en savoir davantage,
lire "Mensonge romantique, vérité romanesque" de René Girard
sur la théorie du désir mimétique.
Puis enchaîner avec "Des choses cachées depuis la fondation du monde"
et "La violence et le sacré"
du même René Girard (en poche) sur la théorie du bouc-émissaire,
ou écouter la très bonne émission "Les nouveaux chemins de la connaissance"
sur France Culture, toute la semaine sur le sujet (ici).
A ne pas louper, celle avec Jean-Pierre Dupuy.
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Antoine Boute
Lisant « Tout public » en public
Crédit Photo Anthropia
REVOLUTION IS NOT A PIQUE-NIQUE (IN PARIS) !
Galerie APDV, 8 rue Changarnier, 75012 ParisPour en savoir plus ici
« Tout public l’hiver
Alors en ce moment ce que j’écris c’est
un roman dont le concept est d’être
tout public.
C’est un roman attention
sans trop de décès
ni trop de violence
ni trop de scènes sexuelles
atroces etc.
Dans ce roman que j’écris en ce moment
tout est dans la mesure
les scènes bien senties
le dosage du psychologique.
Du coup dans les premières pages on voit un mec
se promener dans la forêt avec son chien
la scène se passe à la fin de l’hiver
le mec se promène dans le froid avec son chien
et une femme court vers lui.
La femme s’approche
elle est très agitée et elle dit au mec :
« Monsieur s’il vous plaît venez m’aider mon enfant est coincé dans la maison j’arrive pas
à le décoincer ! »
Hop ni une ni deux le mec accompagne la femme
ils arrivent à sa maison qui est en fait
juste au bord de la forêt
juste à la bordure
à la lisière de la forêt.
Le jardin n’est pas entretenu du tout
il y a de la végétation parasite partout
des mauvaises herbes etc
et surtout plein de désordre
des vêtements
des objets en tout genre éparpillés sur ce qui était
avant
une pelouse.
Tout ce désordre a l’air d’y être depuis déjà un bout
de temps vu que
le tout commence déjà à pourrir
quand on lit ces pages on sent vraiment l’odeur du pourri de ces vêtements
nous monter à la gorge
on se demande vraiment dans quelle histoire
on est occupés à se faire embarquer là en ce
moment.
Tout public
Antoine Boute
Les Petits matins (éditeur)
Ce texte sur mon blog parce que j’en aime l’humour, la posture narrative (extra-diégétique comme dirait Genette), l’auteur raconte un livre qu’il écrit, on est dans le récit, puis se fait le critique de son travail comme s’il montait via la caméra sur grue prendre son texte en plongée. Antoine Boute est venu lire Tout public dans les jardins des logements sociaux de la Porte de Vincennes, invité par la Galerie APDV d’Yvon Nouzille.
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God Nose
John Boldessari
Galery Gemini
ArtBasel 2006
Crédit Photo Anthropia
La Grèce, créatrice de la démocratie,
va-t-elle devenir le lieu de son enterrement ?
Après la confiscation de notre Non au référendum par l'Europe,
oeuvre de Sarkozy,
Nous venons de vivre en direct
le chantage des nations contre un gouvernement,
pour le soumettre.
Une sorte de coup d'état européen contre la Grèce.
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Liu Bellin
Gallery OMR
Artbasel 2008
Crédit Photo Anthropia
L'héautontimorouménos*
A.J.G.F.
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon cœur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon cœur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !Charles Baudelaire (1821-1867)
Les fleurs du mal
*Bourreau de soi-même
Et parce que le rythme de ce poème
me fait invariablement penser à cette chanson de Camille,
Ta Douleur, et en cas de difficulté avec le lien (http://www.youtube.com/watch?v=V7ryxk41HtI)
En résonnance avec l'exposition More cheeks than slaps de Mircéa Cantor (ci-dessous).
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Fishing fly, 2011
Mircéa Cantor
Crédac, co-production Galerie Yvon Lambert
Crédit Photo Anthropia
Sur le mur, on aperçoit la collection de cartes
représentant des hameçons,
des mouches pour attraper les poissons,
une collection de petit garçon, retrouvée par Mircéa Cantor,
dont il a tous les numéros, sauf la première.
Alors il la réalise à échelle 1/1, avec des barrils de pétrole,
et le fameux hameçon doré, destiné à le suspendre
sur le fil à pêche tendu au mur de ses souvenirs.
En fond sonore,
on entend la voix de son petit garçon,
qui déclare sur une vidéo,
du haut de ses 5 ans, environ,
qu'il a décidé de ne pas sauver le monde.
I've decided not to save the world. Chiche.
Et si nous décidions de ne pas sauver le monde,
l'euro, la planète, la Grèce,
juste pour voir ce que ça ferait.
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