• ciel à Lardiers

    anthropia # blog

     

    Espérais pouvoir les prendre en photo aujourd'hui,

    mais ils n'étaient pas à la place habituelle.

    Too bad.

     

     

     


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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Lundi

    Parler des autres jours, de ce qu’il faut sans cesse s’assurer qu’on a quelque chose quand on n’a pas, ou peu, ou plutôt qu’il est bien quelqu’un près de soi qui n’est pas personne, ou plutôt que ce quelqu’un près de soi soit un peu là et près de soi et même à soi, oui, même dans l’avoir, parce que l’être se donne dans l’avoir quand il est avec soi, qu’à l’avoir on se rassure de l’être, et de soi, et d’être à lui, même si on sait, on est soi, mais on se prête, on fait confiance qu’à se prêter rien ne peut arriver, toujours temps de se reprendre, et même si on ne sait pas se reprendre, on se reprend comme on peut, alors on se prend au jeu, et dans le jeu ça prend, ça résiste, le jeu plus sérieux de soi au soi de l’autre, et parfois ça bouscule, et parfois ça bascule, et parfois y a du monde, et on ne sait pas, le jeu à plusieurs, on ne le sait pas, on n’essaie pas, pas doué.

    Pas comme ça avec la famille, avec les amis, la réalité.

    Lundi, me suis remise au roman. Grâce à quelqu'une (@cjeanney) qui m'a donné son ressenti parallèle, et ça a décoincé quelque chose.

     

    Mardi

    L’étrange échappée en Seine-et-Marne, nous y étions pour veille, et la veille s’est transformée en scandale, si pauvre prestation, si lamentable série, quand les gens n’ont pas d’exigence, qu’on trompe sur la marchandise, et qu’on se tait, ce silence qui passe sur tout.

     

    Mercredi

    Certains font beaucoup d’argent, à simplement faire travailler quelqu’un qu’ils rémunèrent au lance-pierre, j’ai accepté d’y prélever ma dime, ma poule au pot du dimanche. Pas fière.

     

    Jeudi

    Les réunions se suivent et se dédoublent et se ressemblent. A nouveau, ce consultant qui change de regard et de discours et qu’on regarde être si différent d’une fois sur l’autre, on se demande où est le cœur de celui qu’on nomme bientôt l’oignon, même si avec lui on ne pleure pas,  et le cœur de l'oignon qu’on cherche chez celui-là, c’est l’étant, et s’il y en a un, et quand on se souvient qu’il n’y en a pas, de cœur dans l’oignon, vertige.

    En rentrant, le canal et cette étrange fatigue qui saisit à lire ces flingueries, oui, le monde est étrange, mais peut-être n’y a-t-il que soi pour le ressentir.

    Alors le soir, on lit et c’est jouissance, même s’il faut un peu jouer à saute-mouton.

     

    Vendredi

    Ça continue. On sent qu’à nouveau des attaques en règle, que la guerre continue, mais moi, n’y suis pas, on comprend vaguement, on sursaute au négationnisme et aux sommations de réagir, qu’on est attaqué, l'est-on tant que ça, et comme si moi l’étais, et le suis, en fait.  Ça avait pourtant bien commencé, avant le tire-livre à la radio.

    Heureusement, l’écrit du roman et dans la foulée un poème, ce que j'écris, un jeu pas un jeu. Parfois, il y a cette grâce dans l’échange, qu’on se comprend, que c’est simple, que le corps peut exulter sans se suspendre en l’air.

    Déjeuner en ville, dans ce restau, le tiramisu est une tuerie, la tendresse de cette relation maternelle/filiale, pas de mot pour dire quand ça devient égal entre les deux, le bel élastique relationnel. Puis on rentre, tenter de répondre quelque chose pour arrêter les acidités d’une qu’on ne connaît pas, ses aigreurs gastriques, mais il faut bien répondre quelque chose. Le faut-il, d'autres semblent le penser.

     

    Samedi

    Don’t feed the troll, on le sait, tu le sais, je le sais, évidemment, ça n’a fait qu’empirer, qu’amplifier la réaction. Les malédictions à présent, on me croirait avant. La violence ne m’atteint pourtant pas, juste un peu en regard du paysage vide de la ville, le sentiment d’une persienne qui s’ouvre et s’ouvrira toute la journée.

    Un peu à l’image de cet autre samedi, parfois, on aimerait une allée dégagée, même à l’automne, même jonchée de feuilles mortes, mais un peu tranquille, est-ce trop désirer. Il n’y a pas de trop ni de peu dans le désir, intransitivité du ressenti et surtout pas au conditionnel. Dire je veux, et attendre, et déjà dans le veux, joie. Si peu de quoi le désir dans le monde.

    Ce qui fait peur, c’est l’air de fureur, qui tuerait le sourire, enfermé dans le regard et dans sa réminiscence.

    Sortie rapide, un quai, impossible d’y être. Retour.

    Insomnie.

     

    Dimanche

    Et là on découvre que tout passe au-dessus de la tête, et on se sent si bête d’avoir cru. Ben non.  

    Belle vue à ma baie. L’insoupçonnable beauté du monde.

    Petit tour chez Mina, ça y est, elle a une gazinière.

     

     


     


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    Vu Mina ce matin. Je ne vais plus trop au Franprix, préfère désormais Auchan, c’est moins cher. Mais pour rencontrer Mina, il faut se déplacer. Etait là ce matin, Mina, devant le magasin, frigorifiée, enrobant ses jambes dans une couverture rose pâle (mes statistiques se confirment), et trois pelures de laines sur le dos, avec Robert jouant pas loin au bord du trottoir.

    Il est venu me faire une bise.

    Résumé de la situation, elle vit désormais à Sarcelles, dans une maison, sans eau, sans électricité, sans chauffage, avec son mari et Robert. Elle me dit, on a le gaz, mais n’ai pas, comment dis, je dis « gazinière », c’est ça, elle a le gaz, pourrait donc se chauffer et se faire à manger des plats chauds, mais sans gazinière, impossible.

    J’ai demandé si son mari travaillait, elle m’a dit que non, qu’il s’est sectionné les veines, elle a montré son poignet, encore un tour de son couteau, et ses cinq doigts sont foutus, elle a fait la main pendant vers le bas en secouant, j’ai pensé « main flottante ». Elle m’a dit, mari un peu fou dans la tête, petit coup d’œil à Robert pour voir s’il avait entendu, mais non.

    La bonne nouvelle, c’est que Robert va à l’école, il ne savait me dire dans quelle ville, Mina a dit le nombre de stations de tramway, et j’ai suggéré des noms de villes, apparemment, c’est à E. qu’il va à l’école, suis contente. Sa mère dit qu’il a du mal, qu’il n’a pas un bon niveau de lecture, qu’elle a parlé avec le directeur de l’école. J’ai demandé à Robert de quoi il avait besoin, m’a demandé de lui apporter des cahiers, on est loin de la tablette pour tous, lui déjà un cahier, ce serait pas mal. Me souviens qu’enfant, les cahiers, l’école les donnait. Enfin je crois. Bien fini. Parfois en France, on se croirait au Burkina Faso, me souviens des colis de fournitures scolaires qu’on envoyait à la petite Olivia, il y a quelques années.

    Tandis qu’on discutait, un black est venu la saluer et a déposé un sac de fringues, un autre a laissé quelques pièces, une femme voilée est arrivée avec un sac plastique, Mina l’a remerciée pour les plats cuisinés chauds qu’elle lui avait apportés dans deux grandes barquettes, elle avait aussi ajouté deux yaourts. Comme par automatisme, Mina a sorti les deux yaourts du sac et les a déposés sur le trottoir, j’imagine pour qu’ils restent au frais. Une autre femme voilée est arrivée pour lui parler, elle portait longue djellaba et, tenant lieu de foulards, sur la tête, trois bandes d’étoffe de jersey, brodés de trois gris différents, dont un avec perles, c’était élégant. On a reparlé ensemble de cette histoire de gazinière. J’ai promis de chercher de mon côté, alors appel à tous ici, si vous avez une gazinière, suis preneuse, viens même la chercher avec ma Yaris, où vous voulez.

    Mina m’a raconté que sa sœur était venue avec le bébé depuis la Roumanie séjourner dans sa maison, mais qu’elle était repartie après deux semaines. Un bébé, pas bon, froid, elle a murmuré, toute gênée, comme si elle avait sa sœur devant elle et qu’elle regrettait de ne pas savoir l’accueillir.

    Petits progrès pour Robert, petites compréhensions aussi de ce qu’elle vit, -la conversation n’était pas trop compliquée ce matin-, la vie de Mina n’est pas une vie, elle s’accroche pourtant, cherchant à regagner une à une les nécessités vitales pour elle et sa famille. J’aime ça chez elle, jamais désespérée, jamais défaitiste, même là, transie sur le trottoir, elle était triste, mais avait toujours son beau sourire plein de vie.

     


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  • crédit photo anthropia # blog

     

    je vais y aller tout à l'heure,
    je vais rejoindre le trottoir de la superette,
    lieu mendiantambulatoire de Mina et Robert

    que vais-je y trouver
    sinon une fois de plus la trace de plus en plus visible
    d'une enfance qu'on détruit
    la litanie des événements dus à cette politique d'élimination

    parfois je me retrouve à enregistrer les signes du recul, de la régression, de l'absence d'humanité
    et ça devient de plus en plus difficile

    vais-je y aller, devrais-je y aller ?

     



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  • crédit photo anthropia # blog

     

    A ce stade de la fatigue,

    et de la colère qui ne passera jamais de la mort de Rémi Fraisse,

     

    il n'y a que les belles fougères,


    Walid l'a dit à la boulangerie,

    c'est dernière chance de printemps, après...

     

    Après, Walid, il y aura les cyclamens,

    et quelques pluies pour les arroser,

    et puis

     

     

     


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