• SF sous la nuit

    crédit photo anthropia # blog

     

     

    La queue au Pôle Nord de froid. Faire la queue. Jamais entendu le sous-entendu de cette phrase et pourtant, la litanie des pieds qui attendent, qui font corps de désir, qu’on met là ensemble à qui on cède un petit territoire dans le couloir pour qu’ils fassent jouir certains du pouvoir de faire lambiner les autres. L’étrange vagin quand on entre, la ligne continue, et puis derrière les paravents les guetteurs ne guettent pas, parfois l’un sort vient exaucer un membre, je te prends toi et je te sers, tu ne peux que me donner ton papier et je retourne à l’arrière pour consulter, travailler ou me contenter seul.

    La danse des gamètes autour de la queue, voilà ce que m’a inspiré ce bureau des pleurs et des games aux règles inconnues, un étrange ballet qu’on subit pris dans la structure horizontale ce rectangle de nous desservi asservi contemplé comme bête curieuse, nous sommes la colonne et eux les mouches du coche, piquant, saignant, traitant sur rendez-vous les quêteurs qui viennent là pour la quête, car finale fusion débouche toujours sur deux guichets, qu’est-ce qu’on y gagne, et qu’on en entend, dans la file, des mécontents, des désinscrits, des ménagères de plus de cinquante ans qui ont interrompu leur travail pour être sûr d’avoir trois francs, six sous et peu d’euros, et cet Africain arrivé dramatique sur canne essoufflement, qu’on fait entrer et qui ne s’assied même pas, dans la crainte qu’on le passe, le bypasse, le trépasse, et cet intermittent gueule efflanquée de celui qui ne mange pas tous les jours, et ce premier de la classe arrivé, moi deuxième, lui à qui on répond URSSAF, etc et qu’on sent créateur dans ses pompes bien organisé, il faut se lever tôt, moins d’une demi-heure impossible, qu’on soit derrière porte fermée même à la pointe, ou plus tard porte ouverte mais avec certitude de battre le pavé plus long encore, et puis alles in Ordnung, on a fait tout ce qu’il fallait, alors ça va, on est dans les clous, mais j’aime pas.

     

     


     

     


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  • A Chicago

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    C’est la carte postale qu’on écrit en fin de voyage, qu’on envoie depuis Paris, pour une adresse qu’on ne sait pas par cœur, il y en a toujours une comme ça, la carte postale spéciale, elle doit trouver sa destination, va falloir l’envoyer quelque part mais où.

     

     

    A 3h30 du mat’, je prends le shuttle et sors sur le parvis de l’hôtel, dit-on ça un parvis, plutôt valable pour une cathédrale, pour nous mettre à l’aise le chauffeur nous demande où nous allons, peut-être que c’est pour se mettre lui-même dans le bain, et donc mes voisins un couple la soixantaine se mouille, nous partons dix jours à la Jamaïque, trois valises et deux bagages à mains, ça fait lourd pour dix jours, je me dis, mais bon, chacun voyage comme il le sent, et donc me retrouve à ne pas savoir si je vais répondre que je rentre à Paris ou que je vais à Chicago. J’essaie de passer entre les gouttes, mais le blues man me regarde coup d’œil ostensible dans le rétro, je n’y couperai pas, et je réponds, je vais à Chicago.

    Mais j’aurais tout aussi bien pu partir pour la Jamaïque, si j’avais eu une bonne raison d’y aller, même si moi la Jamaïque à part Bob Marley je n’en avais jamais eu la moindre idée jusqu’à aujourd’hui, il va falloir chercher des informations, se documenter, construire une stratégie, partir à deux cette fois. Wake up, stand up, don’t give up to fight.

     




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  • Painted ladies

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    Voilà qu’à la veille du départ la larme à l’œil en ce Thanksgiving, on se sent l’envie de lui faire plaisir, ce pont qui a hanté le voyage en douce et en vrai

    quand il déboule au virage

     

     

     

    qu’on le contemple du dessous, légèrement tremblant

     

     

     

    Le pont de nos vingt ans est là, un peu plus touristique bien sûr, on aimerait moins de gens autour, mais c’est ainsi on ne le remplace pas, alors faut faire avec.

     

    Si lui n’est pas prêt d’être déboulonné, il n’y en a qu’un comme lui,

     

    le Bay Bridge lui vient de cèder la place au new Bay Bridge,

     

     

    la fin d’un voyage le début d’un autre pour l'entrée dans la ville il le fallait, et puis on s'engage dans le long highway pour découvrir ces paysages au pas de la porte. Et c'est bien.

     

     

     

     


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  • ce sens de l'organisation des Américains

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    A une certaine époque on disait "faire l’Amérique", comme d’autres en leur temps disaient "faire l’Indochine" et je n’ai jamais aimé le terme, parce qu’il épingle sur une carte un territoire en chasse, qu’il y aurait une manière et une seule de la chevaucher ou de l’entreprendre et que ce que j’aime dans ce pays c’est son irréductible variété, toutes ces petites aspérités qui chacune ouvre des accès nouveaux comme d’un hologramme la démultiplication infinie, donc parcourir l’Amérique dans tous les sens, s’en abreuver, s’en emparer en folie parfois si l'heure appelle et même en perdre la tête dans cette quête, se la faire non.

     

    Et cette dernière photo, ce ne serait qu’antépénultième d’ailleurs, il faudrait la choisir pour qu’elle annonce les prochaines à venir, un parcours septentrional, je voudrais qu’elle magnifie comme d’une caresse les arbres, les rivières, les nuages, l’esprit d’ici, juste avant la race qui part tout à l’heure de l’Université à quelques centaines de mètres -c'est une course à pied-, qu’on fait pour soutenir la cause de ceux qui ont faim, les T-shirt sont prêts, tailles, muscles bandés, il en ira d’un five miles today on choisit sa longueur de parcours, on quitte quand on veut le jeu mais c’est pour finir plus tôt car nous attend le Thanksgiving le climax du séjour, un désir de longtemps enfin satisfait, en famille ce n’est plus curiosité c’est échange et partage.

     

     

     



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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

    Tout est parti de la confluence de la Sacramento River et du San Joaquin, un torrent adouci ; celui-ci descendant des montagnes vient s’engouffrer dans les flots de l’autre avec élan, tous deux se retrouvant dans le delta mélangés avec le reste, on est dans la baie nord-sud bien délimitée par Berkeley au nord, San José à l’est, San Francisco au sud et en face Sauselito.

    Et là tout soudain un projet du Sonoma Land Trust propose d’élargir le delta en rendant de la terre aux bras de celui-ci, il s’agit de redonner de la diversité, chassé-croisé de poissons et d’oiseaux, en croisant les eaux, rapprocher un peu la North Bay et la South Bay, de les faire se féconder mieux, de plus près, par des conversations dans les marais cachés, oh juste une langue de terre, mais plutôt que ces terrains salés impropres à l’agriculture, ouvrir la digue à deux endroits et autoriser la mer à venir lécher le gazon asséché, une belle inondation.

     


    On aurait pu craindre que la levee affaiblie ne prête le flanc au tsunami, non, on reconstruirait la digue derrière, loin de l’autoroute qui la longeait, et le tour serait joué.

    Façon aussi d’accueillir cette inévitable montée du niveau de la mer. Ici on n’en avait pas peur, on saurait faire avec, même si plus bas déjà en Californie du Sud des maisons s’effondraient.

    Mais comme en parallèle, rien à voir, plus ancien, le projet dit du Water Tunnel, projeté par les anges, une jonction entre le delta et la Central Valley, au début on n’y voit qu’un hasard, remplacer l’aqueduc qui descend du nord de la Californie vers la ville âpre à l’eau qu’est Los Angelès, un dessein initié par son maire le préférant à l’idée de canal, qui consiste à pomper l’eau en haut pour l’acheminer vers la sèche cité par un tunnel enfoncé très profond dans la terre. On apprend qu’à cette mesure déjà financée sur le papier par des fonds privés, l’Etat a tenté d’assortir dix-neuf suggestions de protection de l’environnement, l’impact n’étant pas nul. Mais pour cette partie-là, on verra à faire voter le peuple et que dira le peuple quand il verra que les sales conséquences, c’est à lui de les financer. Non, ce n’est pas facile ces affaires pour le public qui n’y entrave que couic, lui ce qu’il veut c’est que ça se fasse sans tromperie et sans effet majeur pour les promesses de biotope.

    Et on se dit que dans la belle utopie du premier projet viennent puiser les intentions malines du second, mais c'est une supposition..

     


    Car la navigatrice qui répond aux questions dans le long bouchon qui passe par Villejo, -on prononce [vileho] en trace de l’espagnol dans l’anglais- reste sereine, on verra bien à aviser, pour le bien commun on y parviendrait, n’avait-on pas réussi à enterrer le projet de casino.

     


     

     

     


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