• Au bout du chemin

    Carsten Höller

    Memory game

    crédit photo anthropia # blog

    Galerie Louise Weiss

    Paris

     

     

     

    Ce jour de printemps, la barrière revêt l’exacte couleur du ciel, elle vient d’être peinte pour la première fois d’un bleu pâle presque nuageux, assorti aux volets de la maison. Elle clôture un chemin juste goudronné dont le noir anthracite relève la teinte. Elle pourrait paraître élégante si les tubes qui en servent de cadre n’avaient de ces arrondis aux quatre angles qu’on aimait dans les années soixante et un diamètre tel qu’une main d’adulte n’en peut faire le tour, quant à une main d’enfant on a tout fait pour l’en dissuader.  

     

    Aux fortes chaleurs de ce climat continental, les peintures s’écaillent au soleil, celle-ci a encore de la résistance, si récente, mais qui sait ce que les dards d’un été font aux pigments, aux huiles et aux solvants posés avec précaution la saison d’avant. Le portail a son heure de gloire; et c'est celle-ci, m’as-tu-vu, deux mètres cinquante de haut, serrure soudée à même les montants, coffre vertical d’un côté, gâche en face, le tout fixé par d’épais joints de soudure, à pousser elle tient bon, la barrière, elle a la solidité voulue, après tout à quoi sert une barrière sinon à fermer, la fierté d’une maison, sa fiabilité.

     

    Sur la photo, elle est entrouverte, créant un angle obtus juste ombré de l’éclat d’un soleil d’automne, en signent la saison quelques feuilles mortes au sol, tombées de deux tilleuls placés de chaque côté du chemin mais hors du cadre, on n’en voit que le reflet porté, qu’on apercevrait à scruter l’image à la recherche des symétries que forment dans les carrés des V métalliques peints de la même couleur. L’ouverture laisse apparaître  le pêne demi-tour et de profil les deux poignées torsadées, sont-elles bien assorties, travail sans doute d’un ferronnier qui n'a pas pu s'empêcher.

     

    A cette saison, la neige parvient sans peine à se maintenir sur l’arrondi des bords, ce qui n’était sans doute pas l’intention du propriétaire, qui avait conçu l’ouvrage, et qui regrettait déjà le parti pris robuste qui avait animé son intention. Car le glacis une fois formé s’attaque au métal sans que l’antirouille de couleur orange n’y puisse rien. Et le souvenir des scintillements au soleil froid de l’hiver ne sont que piètre consolation quand on contemplera plus tard les dégâts étendus et qu’il faudra se remettre à l’ouvrage.

     

     

     

     

     



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