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  • Water de Bill Viola (Droits réservés)


     

    Généalogie d'une œuvreThe Reflecting Pool de Bill Viola<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>
    J'ai rencontré The Reflecting Pool, dans une installation à Saint-Sulpice, pas très loin du Combat de Jacob avec l'ange de Delacroix, une vidéo ou plutôt une famille de vidéos, qui ont accompagné l'évolution de BV.
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    Bill Viola dans les années soixante dix travaillait sur la neige télévisée, cet écran de fin de soirée de mon enfance, quand la télévision me souhaitait bonne nuit bien après nounours. Quand je me réveillais les soirs de fête devant la télévision vers une heure du matin, ce n'était pas l'heure de la chasse à la bécasse ni celle du porno. A cette époque un grésillement de petites étoiles sur fond noir, un néant d'images me préparait à l'idée de vide, de mort, d'un monde qui s'arrêtait la nuit, me mettant face à ma solitude. Quelque chose que nous ne connaissons plus.
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    L'artiste a introduit très vite les images dans la neige, ou la neige dans les images. Ses vidéos avaient un côté d'image sautée, de défaut dans le film, la neige voilait le sens de l'image, organisant savamment la frustration. Au début, The Reflecting Pool était ainsi pollué, mais devrais-je le dire, de bandeaux de neige se déroulant à l'horizontale sur l'image, l'éteignant, la masquant pour partie, maîtrise et négation de l'artiste.
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    Puis soudain, Bill Viola a lâché la neige, il a renoncé, il a admis que son image avait acquis un tel degré de stylisation, qu'elle pouvait laisser son dernier voile, se dénuder pour donner tout son sens.
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    Entrez dans l'image. Imaginez un bassin d'eau noir creusé dans la pierre, de forme rectangulaire, au cœur d'une clairière dont les arbres se mirent sur la surface liquide. Le temps s'écoule, et dans le miroir, nous voyons passer les saisons, s'agiter le vent, tomber les feuilles mortes, métaphore de la vie. Mais les arbres eux-mêmes ne bougent pas, restent aussi immobiles qu'un jour d'été. Des ombres réfléchies tournent dans le bassin, des groupes, des couples, en promenade, mais point de réelles personnes autour du bassin, concevez des ombres sans leur auteur, des agitations sans leur agitateur.
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    Puis un moine tibétain, un éphèbe en costume de lin, un sage, longe le bassin, il est réel, il marche, il arrive au fond de l'image, il se courbe au-dessus de l'eau face à nous. Se redresse, lentement quitte ses vêtements, il est nu à présent. Il se met en position, s'élance et au-dessus de l'eau, très haut sur les ramures, il se regroupe en forme de fœtus, il s'immobilise là-haut sans bouger, on attend. Le plongeon n'aura pas lieu, la forme est prise dans la courbure du saut, le cocon fœtus s'éternise, il défie les lois de la pesanteur, il conteste son humanité par l'audace même de cette suspension. Puis lentement très lentement le corps se stylise en yin de chair, devient flou puis tout à coup a disparu dans la ramure, une éternité effacée. Qui resurgit plus tard des eaux, réincarnation audacieuse.

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    Bouleversement des sens, interrogation du sens de la vie, de l'éternité, de l'impossible échappée du fœtus. Dans l'élan a lieu le retour au néant, le désir et son effacement. Puis son resurgissement.<o:p> </o:p><o:p> </o:p>

     


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