• Bouts de rien : comment j'ai tenté l'agrèg à un point

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Je venais de terminer ma maîtrise sur Doris Lessing, Le Carnet d’Or, auteure qui me tenait à corps, sa quête de soi, le passé militant, féministe, la vie amoureuse, cette fresque sociologique de l’Afrique, de Londres, dont l’écriture certes n’avait rien de celle d’un Kafka, mais j’en étais là de mes tribulations freudiennes, j’avais supputé certaine année qui manquait dans le livre, le temps de l’écriture quand il cèle une année, -obsédée que j’étais par les secrets de famille-, cette année africaine, l’a-t-elle même seulement skippée cette période, maintenant n'en sais plus rien, me souviens du travail de titan et sans les logiciels d'analyse textuelle des labos de Lorraine, sur ma TTX80 le tableau comparatif, de mettre bouts à bouts les extraits des trois carnets avant son temps retrouvé, et quand j’avais tenté d’en savoir plus en lui écrivant une lettre, elle m’avait renvoyée sur sa traductrice, Marianne Véron, qui m’avait donné le conseil qu’elle répétait à tous les étudiants qui écrivaient sur elle, écrivez vos propres livres plutôt que, puis j’avais décroché très vite après, me centrant davantage sur l'écriture contemporaine, et enfin me suis inscrite à l’agrèg de Lettres modernes.

    Pas réaliste, j’avais décroché le CAPET (je crois qu’on disait comme ça) sans rien faire, travaillais en lycée technique, suivais les cours pour le D.E.A., je faisais la route entre Bry-sur-Marne et Saint-Denis trois soirs par semaine et le mercredi après-midi aussi, je pense être allée à un ou deux cours de préparation de Jacques Neefs, un sur Balzac, -souvenir d’un exposé que j’avais fait sur « Mensonge romantique et vérité romanesque » de René Girard, où dans le couloir il avait glissé, mais ce n’est qu’une théorie, je devais avoir l’air énervé sans doute ou dépité, sais pas pourquoi il m’avait dit ça-, et me voilà dans la grande salle d’Arcueil, doute là aussi, et tombe sur le commentaire de l’intertitre, « Chaos vaincu » du Quatre-Vingt-Treize de Victor Hugo, pas de chance celui-là je ne l’avais pas lu.  

    Coincée pendant une heure à buller sur la page, sachant que le gong avait retenti de mes chances d’agrégat à ce monde de l’Education nationale, je cherchai quels mots je pouvais écrire pour acter ce fait, « moi, jamais agrégée ». Et le miracle, c’est que ça m’a valu un point, oui j’ai raté l’agrèg d’un point, pour cette pauvre phrase plantée dans la page, en plein milieu et en biais, et qui avait sans doute fait rire l’examinateur, il faut toujours savoir faire rire son examinateur, « Vaincue par K.O. ».






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