• Bouts de rien : voyage à la Préfecture de Bobigny

    Pour refaire sa carte grise à la préfecture de Bobigny, comptez deux heures trente. Rien à dire sur l’accueil, les jeunes femmes qui nous ont accueillis hier étaient toutes, je dis bien toutes, sympas, compétentes, agréables, soucieuses d’aider, informatives.

    Comptez cinq heures toutefois si vous devez aussi refaire votre permis de conduire et que ça comprend l’heure de midi, un lundi.


    Aperçu de l’itinéraire 1


    Vous garez votre voiture au parking, il vous en coûtera de 6 à 9 euros.

    Quand vous arrivez au bâtiment de la Préfecture, faites la queue pour passer votre sac au checkpoint. Comptez 10 minutes.

    Là tout de suite, faites la queue pour aller à l’accueil primaire, tenu par les hôtesses d’accueil, mauvaise langue, il y a aussi un hôte. Comptez 10 minutes.

    A quoi sert l’accueil ? L’hôtesse vous dit que vous en aurez pour la journée. Elle ne vous délivre aucun formulaire à remplir et vous avez avec vous les papiers nécessaires, liste fournie sur internet, mais elle vous aurait dit quels papiers apporter si vous n’aviez pas été connectée. Cinq minutes donc pour vous entendre dire que la journée sera longue, vous en avez bien pour la journée, que la queue pour la carte grise est à gauche.

    Puis file d’attente debout, vous êtes dans la queue des cartes grises. 30 minutes d’attente. Vous arrivez à l’accueil secondaire, la dame vous demande si vous avez tous vos papiers, vous lui montrez les formulaires téléchargés sur internet, elle vous dit, ça, ça va, vous avez les autres documents demandés ? Oui. Bon, elle vous délivre votre numéro 255 et vous donne la liste des documents à fournir, un document vert. Vous lui demandez s’il y a beaucoup d’attente, elle vous dit que non, beaucoup étant un terme un peu vague, ça ne vous avance guère. Vous lui demandez si vous pouvez faire votre permis de conduire en même temps, elle vous dit que non.

    Enfin, vous avez le droit de monter sur l’estrade où la salle d’attente assise vous attend. Vous vous asseyez, pas fâchée au bout de 55 minutes debout. Lisant le document vert, vous découvrez qu’il faut aussi le contrôle technique. Zut, vous partez très vite vers la sortie, regagnez le parking, détachez la pastille blanche qui orne votre parebrise, seule preuve que le contrôle technique est toujours valable. Vous refaites la queue au chekckpoint, cinq minutes, passez votre tour pour l’accueil et rejoignez la salle d’attente en mezzanine. Vous revérifiez vos documents. Tout est là.

    L’attente sur les chaises en bois s’agrémente de technologie, des photos de fleurs, de poissons, une rivière aussi, avec les numéros qui s’affichent. Vous êtes vaguement inquiète, car les numéros sont sans aucune suite entre eux, c'est la notion d'ordinal qui en prend un coup, s’affiche le 273, zut auriez-vous manqué votre tour, vous gagnez un des couloirs où les boxes d’accueil technique sont installés, demandez si le numéro 255 est déjà passé, on vous dit que non.

    Vous retournez vous asseoir. Une heure d’attente.

    Votre numéro s’affiche enfin. Vous rejoignez le box dans l’allée indiquée. Là, la cata. Sur votre dépôt de plainte pour vol prise par le commissariat de police, le policier a indiqué qu’une carte grise a été volée, que le véhicule dans lequel votre papier a été volé a pour numéro de plaque BS, etc…., mais nulle part il n’indique que la carte grise volée est celle qui correspond au véhicule BS, quelque chose, dans lequel elle a été volée. J’ai beau lui affirmer, puisque tout ça repose sur mon affirmation, la plainte et ma demande de papier, que c’est bien la carte grise du véhicule indiqué qu’on m’a volée, le document du commissariat étant mal fait, je ne peux bénéficier de l’indication « vol », il faut donc que je remplisse un nouveau formulaire où j’indique « perte ». Je lui demande ce que ça change, puisque quelqu’un ramassant une carte grise perdue pourra s’en servir tout autant, elle me dit qu’il faut qu’elle procède ainsi. Sur les circonstances de la perte, je me contente d’écrire « sac disparu », ce qui est vrai, le temps que je regarde ma vitre brisée dans l’auto, le sac a effectivement disparu, sans que je voie personne le voler, juste cette moto qui repartait là-bas. C’est ça ou bien je retourne au commissariat, trois heures d’attente, pour qu’on me fasse un erratum.

    Pour le contrôle technique, c’était pas la peine d’aller chercher mon macaron, puisqu’ils l’ont, eux, la date du contrôle dans leur base informatique. Alors pourquoi l’écrire comme demande de documents sur le papier vert, grr.

    Bref, là, je retourne attendre à la salle d’attente, dix minutes.

    La caisse m’appelle, je vais payer, la caissière m'indique que vu que le papier a été perdu, -ce serait pareil pour un vol-, il faudra attendre trois semaines avant qu’on me l’envoie par LRAR. Quand il s'agit d'en établir une à partir de rien, c'est plus rapide. Promesse donc d’une attente d’une heure à la poste. On me donne une facture, si jamais je veux me faire rembourser par mon assurance, ah, pas de chance, c’est écrit « perte » sur la facture, cela va-t-il passer avec mon constat de «vol », c’est une autre histoire.

    Puis je pars fumer une cigarette dehors, c’est que c’est un peu éprouvant, ce truc.

     

    Aperçu de l’itinéraire 2

    Et refais donc la queue au checkpoint, cinq minutes, je note en passant que le type qui fouille mon sac appartient à la société Bodygard, mais ce n'est pas Kevin. Je refais la queue à l’accueil, cinq minutes. Et me retrouve devant une hôtesse d’accueil qui m’indique que cette fois c’est à la file « permis de conduire » qu’il me faut patienter. Une cinquantaine de personnes attend déjà debout entre les cordons bleus.

    Le type à côté de moi s’appelle Walid, il est pizzaïolo le soir dans un restaurant, il m’explique que c’est le métier le plus recherché en France, tout fier, je me demande de quoi il est fier, de l’exercer ou que ce soit un métier recherché. Tout ça pour me demander s’il peut aller s’asseoir sur les marches de côté pour ne pas se fatiguer les jambes. Bien sûr. C’est là que j’aperçois à contre-jour le portrait d’Aimé Césaire et que je me dis que ce portrait est bienvenu pour nous rappeler notre pauvre condition d’esclave … du service public.

    Vu qu’il n’y a rien d’autre à faire, on discute avec Germain, Bruno et les autres. Un bel Egyptien montre tout fier ses deux cartes magnétiques égyptiennes (carte grise et permis de conduire) obtenues en une heure au Caire le mois dernier, je pense au papier gris de l’Imprimerie Nationale que je vais sans doute recevoir dans trois semaines. Bruno, qui rentre de deux ans à Londres; commence une longue diatribe contre l’organisation à la française : tu comprends, là-bas, ton pass Navigo, l'équivalent, tu peux l’acheter dans n’importe quel magasin, donc tu ne fais jamais la queue comme ici dans le métro, une heure d’attente en fin de mois. On rigole en cherchant tous les dispositifs lourds et contraignants du système français et la liste est longue.  Ça tombe bien, l’attente aussi.

    J’ai un peu faim, demande à mon tour si on peut me garder ma place, vais vers la machine à sandwich, pas de chance, les sandwichs montrés dans la vitrine ne sont pas bons, en tout cas, quand je mets mes pièces, ils ne sortent pas, mes pièces non plus. Je me rabats sur un café et des petits biscuits Ger quelque chose, plus sain. On fait un peu la queue devant les machines, parce que les autres comme moi ont faim. Il est 14 heures.

    Là, un de mes voisins de la file s’énerve, elles sont trois les techniciennes derrière leur comptoir pour répondre à chaque personne, un ordinateur partagé. Mon bel Egyptien m’apprend que lui ne vient que pour chercher son permis de conduire, il a déjà fait la même queue il y a un mois et demi, on lui avait dit d’appeler pour savoir quand le permis de conduire serait prêt, mais il n’est pas parvenu à joindre quelqu’un au bout du fil, donc il vient en personne sans savoir si. Deux heures de queue pour peut-être rien.

    Et enfin, à 14h45, une des trois techniciennes arrive dans la file et demande si quelqu’un vient chercher son permis de conduire. Le bel Egyptien se voit répondre que le sien n’est pas prêt, qu’il faudra qu’il revienne. Pas de chance.

    Encore une petite heure, je me dis que j’irais bien lire ces panneaux sur le métier de chaudronnier dans l’espace d’exposition situé à gauche, au-dessus des petites marches en pierre sur lesquelles les gens attendent, mon pizzaïolo y joue à des jeux vidéos sur son portable, que j’aurais bien aimé apprendre ce métier-là, chaudronnier je précise, j’aurais pu réaliser des petites sculptures en plaques de métal, je m’imagine en train de tordre une plaque de cuivre chauffée à blanc, tapant au marteau dessus, la décapant à l’acide, quand soudain enfin c’est mon tour d’aller au comptoir. Deux dames charmantes me répondent en même temps, vérifient mes documents et, là, me disent que le dossier n’est pas en ordre, qu’il faut deux copies du justificatif de domicile, -tu te dis que si les hôtesses d’accueil avaient la liste des documents nécessaires pour le permis de conduire, tu aurais pu le faire quand t’attendais debout, mais bon, à quoi sert de se plaindre, le leur dire ferait encore perdre cinq minutes-, je vais tout de suite faire l’appoint à l’accueil, j’avais pas de monnaie, là on m’indique qu'il faut changer à la caisse, j’y vais fissa, escalade les quelques marches, attends derrière un type qui est en train de payer, donne mon billet, touche la monnaie, et redescends vers la machine à photocopier, une petite file d’attente encore, y a du monde qui fait des photocopies, puis retourne au comptoir sans repasser par la colonne file d’attente, pour m'éviter d'attendre, me dit-on gentiment, cette fois, c’est en ordre, on va m’envoyer mon permis de conduire dans un mois et demi par LRAR, une heure d’attente à la poste garantie.

    Et je me demande pourquoi on n’a pas envoyé son permis par la poste au bel Egyptien.

     

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    Bonne surprise : j'ai reçu ma carte grise après trois jours. N'attends plus que mon permis de conduire.

     

     

     



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