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Chatte au bord de la crise de nerfs
Mina, la petite dernière
Cliché Anthropia
Ce dimanche, je vais faire preuve d'anthropomorphisme,
les gros mots, déjà, de si bon matin,
il se trouve que ma chatte Next vient de vivre,
ce qu'il est convenu d'appeler en mode humain,
les plus beaux jours de son existence,
à savoir la maternité avec trois ravissants chatons.
Moi, qui suivais de près la chose,
dois vous avouer que je fus très étonnée.
Elle qui passait jadis et sans aucun scrupule,
des heures devant son narcissique miroir à se lécher
et à lustrer la splendeur de sa robe,
devint tout de suite, comme par miracle,
une mère parfaite.
Elle s'était mise à l'allaitement comme si elle avait suivi un cours accéléré,
sachant d'emblée alterner toutes les deux heures, la têtée pour deux,
puis la têtée pour un.
Me connaissant bien, elle acceptait que je voie ses petits,
non sans vérifier derrière moi, que j'avais bien refermé la porte de son nid.
Elle sécurisait les lieux, nichant son museau à deux fois
dans le premier interstice venu,
pour s'assurer qu'il ne permettait pas l'échappée des petits.
Déjà je m'avouais OK, vaincue par K.O,
l'instinct maternel animal était donc bien
en tous points supérieur à celui des femmes.
Quand je découvris la subtile psychologie de ma chatte,
toute à son affaire d'allaitement certes,
de tendresse de langue et de cajolements oui,
mais qui montra assez rapidement un autre sentiment,
au bout d'une vingtaine d'heures à peine,
qu'on appelle en humain, l'ambivalence.
Moi qui croyais que c'était un des propres de l'Homme.
Marre d'allaiter, de se faire mordiller par trois voraces,
plantant allègrement leurs serres dans les flancs de leur mère ?
Next se mit à montrer à son tour ses canines énervées,
à faire ce chuintement qui raconte autre chose
que l'idyllique rêve de maternité.
C'est bien simple, à la voir ronchonner, repousser de la tête
les débordements des petits barbares, qui avaient envahi sa vie,
qui ne lui laissaient plus une seule minute de tranquillité,
je me sentis a posteriori légitime,
d'avoir connu ces moments où,
allaitant mon fils et réduite ainsi à l'état mammifère,
je conspuais le nirvana publicitaire qui célébrait des mères extatiques
en robes roses et en dents blanches,
quand elles n'auraient dû que vaquer en savattes,
l'oeil morne et le cheveu terne,
d'un allaitement à l'exercice des couches-culottes.
Oui, cette petite femelle de Next me confirmait
que le ras-le-bol, l'énervement, l'extrême fatigue, le ronchonnement,
sont tout aussi présents dans l'instinct animal,
qu'on présente toujours comme l'absolu maternel,
que dans la pseudo-culture humaine et ses méandres,
tels que décrits, merci Elisabeth Badinter, dans L'amour en plus,
cette thèse qui montre que les mères du XVIIIème siècle envoyaient
volontiers se faire nourrir ailleurs la progéniture, prunelle de leurs yeux.
Rien de tel qu'une chatte pour vous apprendre à déculpabiliser.
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Commentaires
presque d'accord sur tout, sauf la dernière phrase :"Rien de tel qu'une chatte pour vous apprendre à déculpabiliser." Quoi, comment ça, c'est mon expérience et ma mauvaise conscience qui parlent... pfff, n'importe quoi. :p yG