• Chroniques Ivryennes IV - Peppone et la Mosquée

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    Peppone est bien embêté. Figurez-vous qu'un Collectif d'associations musulmanes s'est créé dans la ville rouge. Pour demander le droit de pratiquer son culte ailleurs que dans le garage de Mohamed. Non mais, maintenant que Don Camillo a été mis au pas depuis cent un ans, ce sont les passionnés d'Allah qui se manifestent.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> 

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    Alors, l'été dernier en 2005, on a été magnanime à la Mairie. On a prêté pour un vendredi, un soir de prières, la salle de la rue Saint-Just. On a laissé les clefs comme on s'en lave les mains. Ouf, une solution. Et quand on passait devant la salle Saint-Just, on entendait un mufti appeler à la prière. Pas fort, sans haut parleur, plutôt moins dérangeant que les cloches de l'Eglise du haut de l'avenue Gonat.
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    Un mois plus tard, toutes les autres associations sont venues se plaindre. Elles ont perdu la salle Saint-Just, parce que les croyants du Croissant ont gardé la clef du vendredi le lendemain, puis le dimanche, le lundi, le mardi, et tous les autres jours de la semaine, puis de la semaine suivante, puis de la prochaine. Fallait qu'elle reste hallal la mosquée de pacotille, pas de transgresseurs mangeurs de cochons ne devaient la salir, leur salle bénie. Donc, fini le yoga, la peinture sur soie, la philatélie et la pyrogravure. Les associations râlent car elles ont perdu leur salle. Et derrière elles, les citoyens grondent.
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    Le petit conseil se réunit, en douce, séance de crise, il faut trouver une solution. Y ka leur filer le gymnase Jean-Jacques Rousseau, tout un symbole, un gymnase comme à Cachan. Le kit du maire embêté, la salle de sports. Sans vouloir comparer, les lieux de sport sont très pratiques depuis toujours : au choix le Vel d'Hiv pour un enfermement de masse ou le Palais des Sports, vous savez où on avait enfermé les Algériens en soixante-deux, là où neuf Algériens étaient morts dans un placard, sans compter ceux qu'on avait fait nager dans la Seine. Pas de chance, savaient pas nager.
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    Donc Euréka, on se rapprocha du Collectif, des pourparlers furent engagés, un peu musclés les pourparlers, mais sous l'arbre à palabre, on s'engagea, on signa, bref tout fut pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et la mosquée s'installa au Gymnase Jean-Jacques Rousseau sine die.
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    Enfin, rendez-vous fût pris pour trouver une mosquée durable, une vraie, un jour prochain, ailleurs, un vrai lieu de culte. Pas la moindre idée de comment la financer, car comme on le sait l'Eglise, le Temple, la Synagogue et l'Etat sont séparés. Enfin y en a qui sont plus séparés que d'autres. Car, si l'Eglise fait l'objet de réfections régulières, en ce qui concerne les mosquées, y a pas beaucoup de travail, y en a pas des mosquées. L'Etat n'a donc rien à entretenir.
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    En attendant, l'épicier de la rue Saint-Just, il aimait bien lui aller prier à côté, mit fièrement sur son comptoir une petite boîte de carton, bardée de sourates en blanc sur vert, la couleur de l'islam, avec une fente sur le dessus. Donnez, donnez pour la mosquée. J'ai donné. Je ne suis pas Musulmane, mais j'ai toujours pensé qu'ils avaient bien le droit, eux, d'avoir un endroit décent pour prier leur dieu.
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    Mais cela ne se passa pas comme prévu au Gymnase. En entrant dans les lieux, cela sentait encore le porc tourné à la broche, une spécialité des Portugais, l'association d'Ivry, qui venait d'y fêter sa grande fête annuelle. Un grand moment, des danses de là-bas, la musique de là-bas et surtout les plats de là-bas. Donner aux Musulmans une salle qui vient d'abriter le Satan-Cochon, c'est de la provocation, non ? Non, Peppone ne savait pas, il y était bien passé à la fête, mais bon, qui se soucie que ce soit de la morue ou du cochon, ce qu'on mange, on avale, on discute, on rit, qui se soucie de ces petits détails.
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    Les Musulmans eux s'en soucient, qui vont en découdre avec les Portugais. Vous avez fait exprès, vous violez nos lois sacrées. Alors c'est la guerre, la guerre communautaire, on se cogne, on s'insulte. On fait des communiqués de presse. Le Maire vient calmer le jeu. Officiellement, tout est pacifié. C'était une erreur, involontaire. Désolés. Veuillez accepter nos excuses. Sont dérangeants ces Musulmans.
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    Maintenant, le feuilleton continue. Car comment financer un lieu de culte quand il est interdit de donner un denier à la religion ? Et bien, faites donc comme Chirac quand les Juifs d'Afrique du Nord sont rentrés, il leur a dit, pour votre synagogue, rien, mais pour la bibliothèque, la salle de cours, la salle de conférence, la médiathèque, l'école, oui, là, on peut vous aider. Voilà comment on contourne la loi. Pas de chance, les autres, les Musulmans, eux, n'en ont pas été informés.
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    Enfin, pas jusqu'à aujourd'hui. Mais ce n'est que partie remise. Y a le magasin désaffecté, rue Danielle Casanova, là où on pourrait faire un lieu communautaire. Et peut-être que Peppone fera un petit effort, pour donner enfin, ce que lui ou ses prédécesseurs auraient dû faire depuis si longtemps.



     


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