• Chroniques Ivryennes XIV – Rafle ratée à la banque

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    Je suis à la banque, la banque où je retire de l'argent, la banque où j'en dépose, la banque où j'ai fait mon prêt, la banque près de chez moi, la banque qui me veut du bien, la banque qui me doit des comptes, bref la banque.

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    J'attends dans la queue. Deux, trois personnes. Devant moi, une petite femme africaine, la quarantaine, le boubou, avec une veste en tweed, mélange cinquante-cinquante, façon robusta.

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    Elle se retourne vers moi, me jette un regard d'épuisement, ses yeux fixent rapidement un ciel incertain, à qui elle n'adresse manifestement aucune prière, pour retomber sur mon visage, aussi vite qu'ils étaient montés, elle fait une moue, elle est fatiguée, elle n'aime pas attendre, elle ne dit rien, parce qu'elle sait que cela ne sert à rien.

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    Madame, elle se remet dans l'axe pour faire face à l'employé de la banque. Il est assis, nous sommes debout. Elle s'approche, se penche pour se faire entendre. Elle dit, je veux ouvrir un compte. Il lui demande les papiers. Elle sort de son cabas des documents, un passeport étranger, qu'elle pose sur le bureau.

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    Visage vaguement dédaigneux de l'employé, son buste recule sur le dossier, il touche du bout des doigts ce que l'autre a empoigné à pleines mains. Il regarde. Très vite, son visage s'immobilise, impassible. Il dit, attendez, je vais voir.

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    La femme se retourne pour me regarder. Nouveau soupir. C'est long.

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    Puis une employée s'approche, les joues rouges, les yeux sur le qui-vive, elle vient se mettre debout à côté de la chaise, se penche vers la femme et lui murmure d'un jet : partez vite, il vient d'appeler la police.

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    Je vois le dos de la femme tressaillir, le corps se met à trembler, elle ramasse très vite ses documents, fourgue le tout dans son sac, puis se retourne pour sortir. Elle a le visage grimaçant et en larmes. Elle fuit, la honte est sur elle, elle est la paria.

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    Je sors derrière elle. Je ne peux pas rester dans la queue à faire comme si de rien n'était, à dire bonjour au monsieur, à traiter mes petites affaires bien tranquillement entre Français de souche.

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    La femme est déjà loin. Moi, je marche dans la rue, sans bien savoir ce que je veux faire, je ne suis pas sûre de vouloir rester dans cette banque. Existe-t-il en France un réseau bancaire non-délateur, un patron qui a pris parti, qui a dit, pas ça chez nous. Cela existe-t-il ? Merci de me le faire savoir.

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    Vais-je rester dans cette France-là, quand on annoncera bientôt le Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale ? Quand les rafles se généraliseront, en douce, quand on interdira les vidéos sur Dailymotion, pour s'assurer de l'impunité ? A quand les disparitions sans suite ? Quand je vois la vie qu'il mène à ces personnes, je pense qu'il est capable de pire.

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    Cette nuit, j'ai cru comprendre que l'acide avait coulé sur le dos et dans les yeux des jeunes, pire que des gaz lacrymogènes. Cette nuit, j'ai vu des gens qui se disaient mes amis acclamer Néo-Lepen. Cette nuit, j'ai vu des Français mous se vautrer à plat-ventre devant un nain. Je ne sais plus dans quelle France je vis. Elle est où, la patrie des droits de l'homme ?

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Kadjatou
    Lundi 7 Mai 2007 à 15:51
    Merci
    Pour ce larmoyant récit. Effectivement, ces histoires sont malheureusement ordinaires : des clandestins qui tentent d'ouvrir des comptes en banque avec de faux documents pour on ne sait quel recel d'aides sociales, on en voit hélas tous les jours. Et celui ci devait vraiment être grossier pour qu'un simple employé de guichet le détecte du premier coup. Chère Anthropia, je suggère que vous retrouviez cette pauvre femme, et lui prêtiez votre numéro de compte en banque pour ses besoins, comme ça elle n'aura pas besoin de tenter des faux en écritures. Je suggère aussi, puisque vous ne voulez pas qu'elle soit expulsée, que vous lui donniez gîte et couvert, à elle et aux siens, et qu'elle puisse rester à la condition que vous soyez juridiquement responsable de ses agissements, de sa comptabilité. Eh oui, parce que lorsqu'on transpire de générosité comme vous, il faut l'assumer personnellement, au lieu de la déléguer à la collectivité. Les bobos n'ont aucun problème à être généreux avec le travail et la vie des autres. Comment ça, vous voulez pas lui passer votre RIB et votre carte de crédit ? Mais si vous êtiez d'accord pour que la banque lui donne celui de tous ses clients ?
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    2
    Arnaud
    Lundi 7 Mai 2007 à 16:05
    Une bien triste histoire...
    La gauche bien-pensante, défenseur de la veuve et de l'orphelin... Décidément, les stéréoptypes ont la dent dure. L'histoire que vous relatez, si elle est vraie, est bien triste et pitoyable. Mais si vous le souhaitez, on peut discuter quelques instants des réalités géo-politiques qui conditionnent votre cadre de vie quotidien, et qui devraient être la préoccupation de toute personne responsable qui gouverne un pays de quelques dixaines de millions de citoyens... au lieu de défendre contre vents et marrées les expatriés de la Terre entière qui viendront bientôt grossir les rangs de la soupe populaire. Car cette Dame, pour quelque raison que ce soit, a bien "fui" son pays, et c'est ça le VRAI drame ! Alors pourquoi vouloir défendre une politique de "l'accueil à tout prix" plutôt que de s'attacher à rendre le monde plus vivable ? Maîtriser l'immigration d'un pays ne signifique pas qu'on se moque du monde entier. Enfin, je vous invite à méditer la phrase suivante : "Donne à un homme un poisson, ça le nourrira une journée. Apprend-lui à pécher, ça le nourrira toute sa vie." Combien de poissons allez-vous encore distribuer ?...
    3
    Lundi 7 Mai 2007 à 16:49
    Arnaud l'ignorant
    Arnaud, je n'ai fait que reprendre les chiffres des résultats par catégories. Et j'ai tiré les conclusions naturelles par rapport au discours de Sarko. Quant à l'immigration, ne savez-vous pas que la plupart des pays européens ne s'en sortiraient pas s'ils n'avaient pas d'immigrés ? L'immigration nous permet d'avoir un secteur touristique, du bâtiment, de l'hôtellerie, du textile et de l'automobile. Sans eux, notre PIB chuterait gravement. Lisez donc les études et vous verrez.
    4
    Mal-pensant
    Lundi 7 Mai 2007 à 17:01
    Arnaud
    Je ne vois pas quoi ajouter à votre mot, vous avez fort bien résumé. Mais cette gauche a beau jeu d'agiter la touillette du consensus affectif. C'est sa seule arme. Les "je veux une France plus juste" et autres formules au tampon. La politique réduite à l'incantation ...
    5
    Arnaud
    Lundi 7 Mai 2007 à 17:52
    Anthropia
    Tout d'abord merci de me traiter d'ignare, je pends cela pour une profonde marque de sympathie. Bien sûr, j'imagine qu'il ne s'agît pas d'une attaque personnelle, puisque vous ne me connaissez ni d'Eve ni d'Adam. Je suppose donc que vous donnez des surnoms sympathiques à toutes les personnes qui contribuent gentillement à commenter votre délicieuse prose, comme "Arnaud l'ignorant", "François l'abruti", ou "Nico le facho". Sympathique. En outre, vous avez réussi à résumer mon propos à sa plus simple expression. Bravo. Je suis littéralement époustouflé par votre esprit de synthèse, qui doit être à peu près aussi affuté que la lame du Bic jetable qui traîne au fond du placard de ma salle de bain depuis trois ans. Concernant les chiffres, les discours et les conclusions auxquels vous faîtes référence, j'avoue que je ne vous suis pas très bien. Pourriez-vous être plus précis ? Pour ce qui est du mot "maîtrisé" (comme dans l'expression "immigration maîtrisée", par exemple), j'imagine qu'il vous aura échappé, et que cela expliquera aisément la raison pour laquelle votre réponse se résume à un amas de banalités et de lieux communs affligeants sur la nécessité de l'immigration pour le développement économique de notre belle nation. Faute excusée. Bien à vous.
    6
    Anthropia Profil de Anthropia
    Lundi 7 Mai 2007 à 18:20
    réponse à Arnaud
    Je vous invite à regarder le rapport de la Cimad pour comprendre comment on maîtrise l'immigration quand on s'appelle Sarkozy.
    7
    ni ni
    Lundi 7 Mai 2007 à 18:31
    snifff
    quelle tristesse, si je n'etais pas au RDC je me jetterai par la fenetre devant tant d'injustice... bon , a part ca arrete tes affabulations ! tape toi plutot la vie des Sims sur playstation ! Moi qui vis en Asie, j'ai des histoires du meme genre a raconter, mais des vraies la.juste ouvrir un compte meme chez HSBC et meme avec un titre de transport ces un chemin de croix, et je passe sous silence ce qui arrive aux clande Philipines ici a singapore, pareil pour la malaisie, la thailande, la birmanie ou ils disparaissent, le cambodge idem, le vietnam ou ils s'entassent dans des caves a soja, etc... les francais et gauchisants mielleux larmoyants n'ont qu'a venir aider les (vrais) pauvres ici et au retour au pays on en discutte hein ;0)
    8
    Claudius
    Mardi 8 Mai 2007 à 17:52
    commentaires
    Ben dis donc, ce sont des cas les poseurs de commentaires ici. Pas étonnant finalement que Sarkozy ait réussi. Il est bien possible que nous ne méritions pas autre chose.
    9
    Claudius
    Mardi 8 Mai 2007 à 17:54
    commentaires
    Ben dis donc, ce sont des cas les poseurs de commentaires ici. Pas étonnant finalement que Sarkozy ait réussi. Il est bien possible que nous ne méritions pas autre chose.
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