• Heinrich Luber

    Performance Herr Krebs singer Robert Koller, bariton

    Galeire Stampa

    Art Basel

    Crédit Photo Anthropia

     

    Le titre Invictus, dernier film de Clint Eastwood,

    fait référence à un poème de

    William Ernest Henley (1849-1903)

    que je vous livre.

     

    Invictus

    Out of the night that covers me,

    Black as the Pit from pole to pole

    I thank whatever gods may be

    For my unconquerable soul.

     

    In the fell clutch of circumstance

    I have not winced nor cried aloud,

    Under the bludgeonings of chance

    My head is bloody, not unbowed.

     

    Beyond this place of wrath and tears

    Looms but the Horror of the shade,

    And yet the menace of the years

    Finds, and shall find, me unafraid.

     

    It matters not how strait the gate,

    how charged with punishments the scroll,

    I am the master of my fate:

    I am the captain of my soul.

     

    Il est sûr qu'on ne pourrait plus écrire ça,

    après la déferlante freudienne,

    la fin des idéologies,

    la crise du progrès et du capitalisme,

    bref le grand doute

    qui s'est abattu

    sur toutes nos certitudes.

    Et pourtant, my head is bloody, but unbowed.

     

     

     

     

     


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  • Un Korowai, Ndaie ? je crois

    Zazie chez les Korowai

    Une émission de France 2 de Frédéric Lopez

    Crédit Photo Anthropia (vu à la télé)




    On se fait toujours attraper par cette émission,

    on pénètre en terre inconnue, 

    avec le sentiment que le bobo n'est pas loin

    mais on est touché par la rencontre de ces derniers des Mohicans,

    de ce peuple des jardins, qui vit dans la forêt et dort dans les maisons hautes.

    On l'entend revendiquer la liberté d'aller, de boire l'eau sans la payer,

    de replanter un arbre chaque fois qu'il en détruit un.

    Un discours écologique, comme de toute éternité,

    là, chez les papous anthropophages,

    des personnes qui pensent, qui éprouvent.

    On comprend qu'ils ont abandonné le canibalisme,

    parce que l'Etat indonésien le leur a interdit,

    mais que cela les soulage, parce qu'avant ils étaient toujours sur le qui-vive,

    se gardaient sans cesse des attaques des voisins,

    on comprend que la peur leur faisait voir des esprits à détruire partout.

     

     

    Parfois un peu larmoyante, parfois pleine de bonnes intentions,

    l'émission penche pourtant du bon côté,

    sans doute le côté respectueux,

    et le fait qu'ils ne trichent pas, le changement de culture est violent :

    la pluie, la boue, les insectes vivants,

    la grimpette pour aller se coucher, rien d'une partie de plaisir.

     

    Zazie est étonnante, elle joue le jeu, creuse l'arbre à farine avec les femmes,

    vers la fin, elle fatigue, genre retour du boomerang,

    elle reste au lit, deux jours,

    au moment de quitter la forêt,

    elle craque en jouant sa musique, un peu égotique tout ça,

    mais les Korowai se mettent à pleurer,

    apparemment, l'émotion était au rendez-vous,

    mais j'avais quitté le salon juste avant,

    l'idée qu'elle voulait une image pour son prochain clip m'avait effleurée ;

    elle dit pourtant qu'elle ne fera pas de chansons sur cette expérience.

     

    J'ai suivi le chat vidéo hier soir sur France 2 :

    alors voilà quelques morceaux d'infra-texte de l'émission.

    ils sont plusieurs à voyager, dont un éclaireur,

    un type dont la mission est de trouver les derniers peuples

    d'un mode de vie ancien ;

    il y retourne aussi après, il y a une suite à l'émission.

     

    Dans l'émission d'hier, il y avait 2 traducteurs, un de l'indonésien au français,

    un de l'indonésien au korowai, mais quand on suit l'émission,

    on a l'impression que tout s'enchaine légèrement, faux. 

    Un médecin suit l'équipe ;

    en fait, l'équipe de l'émission est importante et se fond dans le paysage,

    c'est la rencontre de deux groupes, pas seulement de Zazie avec les Korowai.

    Quand ils vont faire leurs besoins dans la nature,

    ils apportent leur PQ et ils le brûlent après,

    façon de respecter l'environnement.

     

    Autres moments hors caméra marrants :

    Zazie a montré ses seins à une des femmes qui le demandait,

    façon de se mettre à égalité ; les Korowai sont partis chercher des feuilles

    pour refaire leurs étuis péniens, façon d'honorer leurs visiteurs.

    Quel sens de l'hospitalité.

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Zazie chez les Korowai

    Excellente émission de Frédéric Lopez

    A revoir sur France 2

    Crédit photo Anthropia


    Moments émouvants : quand elle se met à peindre

    et que les Korowai apprennent la gouache. Superbe.

     

     

     



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  • Frédéric Lopez

    Emission sur les Korowai avec Zazie

    Crédit photo Anthropia

     

     

     

     

     


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  • Crédit photo Anthropia

     

     

    Happy Sweden de Ruben Ostlund

    A Cannes dans la sélection Un certain Regard

    Visible en ce moment dans 3 salles à Paris.

     

    Nous sommes tous des Suédois. Si vous n’en êtes pas convaincus, allez voir Happy Sweeden, ce second film d'un jeune réalisateur suédois, Ruben Ostlund.

    Comme toujours dans un film fort, l'anecdotique rejoint l'universel, nous sommes en Suède, mais nous sommes chez nous, dans un groupe d’amis, à une soirée, à l’école, dans le car. Et la vie se passe, rien de bien spectaculaire et pourtant, est-ce que je vois ce que je vois ?, est-ce que je sens ce que je sens ?, un trouble arrive dans l'apparente banalité du quotidien.

     

     

    De petits événements se produisent, un rideau cassé aux toilettes du car et l'étrange réaction d'un chauffeur, les essais-erreurs de deux ados en recherche d'émotions fortes, des jeux sexuels qui vont juste un peu trop loin, mais quoi, trop loin ?, un feu d’artifice qui tourne mal, mais la fête doit continuer. Entre les événements, une succession de petites séquences qui s’accrochent entre elles par le fil de la pensée ou de la non-pensée, des trous du temps, des océans d’attente, du réel sur lequel on bute.

     

    Et quand certains cherchent à mettre des mots sur ce qu’ils ont perçu, c’est dans la rencontre avec un Autre capable d’écoute ; mais ce qui prime, c'est l’ambivalence, l’hésitation à comprendre, on cherche à structurer une pensée, on n’est pas sûr.

     

    De quoi parle le film, des phénomènes de groupe, de la pression sociale, de la difficulté à être sujet au milieu des impératifs sociaux, ne fais pas de vague, ne dis pas la vérité si le groupe la nie, accepte la confusion si ton clan l’exige, ne te mets pas le groupe à dos, tu n’y survivras pas. Tous ces Autres en groupe, en troupeau, dont on veut qu’ils nous aiment, à n’importe quel prix, même celui de notre dignité ou du sacrifice de notre intelligence, de notre pensée. Toutes ces conversations dont l’éthique s’est barrée, on parle en dépit du réel, parce que le socius s’impose à nos sensations.

     

    L’art de filmer de ce réalisateur est remarquable, des plans fixes, pas de mouvements de caméras, des fondus au noir qui permettent la réflexion, et un cadrage de l'image et du son qui souligne des bouts de corps, des morceaux de dialogue, le plus souvent des mots coincés dans la gorge ou des fils interrompus de conversations, on ne voit pas toute la scène, réalité tronquée comme dans la vraie vie. Ostlund filme les relations et le hors champ, les fonctionnements de groupe et l’impasse individuelle,  tout ce qui justement se capte mal dans le seul cadre. La caméra se fait tour à tour témoin, conscience individuelle, complice, étrangère, cherchant le sens dans la confusion humaine. Elle nous met face à nous-mêmes.

     

    Nous sommes tous des Suédois, parce que ce film parle de nous, dans l’ordre du subtile, à mi-mot, chuchotis, ce que notre corps nous souffle, sans les mots pour penser, et quand on a les mots, ce constat qu’on est peu à pouvoir partager l’angoissante solitude devant les abus.

     

     

     


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