• Photo G. Hochegger (droits réservés)


    J'ai toujours pensé que chacun échoue à vouloir transmettre telle ou telle valeur à ses enfants, rien ne se passe jamais vraiment comme on l'avait imaginé, il y a du défaut, cela résiste, comme dans la technique, il faut du défaut.





    En revanche, il appartient à tous de faire le travail de succession, de trier dans les tiroirs de l'héritage ce qu'on garde et ce qui n'est pas de nous, ce qui doit rester au père, comme étant de son histoire, de son fait. C'est conquérir peu à peu les mots de la langue filiale, celle qui a parlé en David Serge, pour mon très grand intérêt. Car si les langues paternelles passent au loin souvent, la langue filiale vous vient aux lèvres avec bonheur !




    Parce qu'on accepte de succéder, de prendre sa place dans la lignée, nos enfants peuvent à leur tour faire le chemin. En cela votre incommensurable orgueil, la cape inversée de la fierté des rejetés, cède du terrain. Oui, l'amour qu'on porte à ses enfants fait franchir des obstacles et votre texte en est un vibrant témoignage.




    La petite liberté qu'on peut transmettre est celle d'une succession accomplie, qui ne fait pas peser jusqu'à la 4ème génération les torts faits aux fils. Ne vous en déplaise, votre récit baigne dans un travail de réparation, qui emprunte au judaïsme, celui des leçons de vie de la Tora, car finalement ce texte n'est que cela, l'histoire des trébuchements humains et des pauvres solutions trouvées pour y faire face.




    Dont acte, David Serge. J'ai beau savoir que comme tout narrateur, DS -je veux dire David S.- est un artefact, l'effet de réel est saisissant dans ce récit. L'effet de vérité, l'essai de franchise de soi à soi, fait mouche. Rivoire est passé par là, n'est-ce pas !

    Bienvenue au chalet à quelques nouveaux portraits de la galerie : David S., le Monstre, Le Père, et "Mon petit papa". On se sent tout de suite plus nombreux dans la famiglia. Une invite à ce que nous convions nous aussi, "ab und zu", quelques-uns de nos propres fantômes, en douce, en invités mystères.


    Un peu mieux apprivoisés, parce que vous nous montrez le chemin, DS !


     




     



     


    votre commentaire
  •  




     

    Ce n'est pas une marina, façon pieds dans l'eau, c'est dans un grand livre ouvert, au sous-sol de la BNF, une petite femme en noir apparaît, s'installe à une table sur scène, c'est un auditorium, vous vous êtes préparée à une leçon de littérature, non sans avoir pris pour vous mettre en bouche un thé des écrivains, le Japonais pour cette fois.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> 


    </o:p>
    <o:p></o:p><o:p></o:p>
    Vous vous êtes allongée sur la moquette dans la chambre de Chloé, pour une heure de plaisir gustatif. La Chloé trébuche sur les mots, mais les mots sont vivants, matière et chair tout à la fois. 
    <o:p> 


    </o:p>
    <o:p></o:p><o:p></o:p>
    Chloé donne sa leçon de littérature, façon Alice aux Pays des Merveilles, Petite Perruche péremptoire, institutrice délicieuse qui nous emmène vers une langue baroque. Elle pique les mots, comme maman coud, mais pas une mère à la langue jaune. Elle explique, le grand jeu du scrabble avec les Canadiens retraités et les Belges, mères de famille, les bouchers divorcés et les marins en relâche (cela dépend des méridiens). Elle explique qu'elle se met des mots dans la poche kangourou comme un écureuil grapille ses noisettes... pour les longues nuits d'écriture, en réserve de littérature.
    <o:p> 

    </o:p>
    <o:p></o:p>
    Elle dit que la langue perdue du Cri du Sablier est la langue maltraitée d'une enfant créative, traversant sa douleur par l'art des mots confus. Que la langue a sa couleur, qu'elle dépend du sujet, d'un mois de juin à l'autre.
    <o:p> 

    </o:p>
    <o:p></o:p>
    Elle conspue la République bananière des Lettres, ses traditions, ses étages, ses ignares, ses imposteurs. Elle parle des Fils de Doubrovsky et que ceux qui ne l'ont pas lu prononceront FilSSS et pas les autres qui savent que c'est de Fil dont il s'agit.
    <o:p> </o:p>
    Elle parle des nénuphars, des jeux vidéos, elle fait rire, elle émeut. Elle provoque, elle sorcellise, elle gothise. Elle borisvianise aussi. Elle est comme cela la p'tite Chloé. 
    <o:p> 

    </o:p>

    Ah j'oubliais. Elle s'appelle Chloé Delaume, elle est un personnage de fiction.

    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique