• hommage à Jean Detton

    A l'inconnu qui se reconnaîtra

    et transmettra ses coordonnées

    pour que je puisse le citer

     

     

     

     

    Que reste-t-il après sa mort ?

     

    la seule trace qui vaille c’est la vie éternelle,

    la vie qui passe dans les êtres qu’on aime,

    la vie qui nous rassérène, c’est de l’autre en moi

    le passage entre êtres et même entre êtres qui ne se connaissent pas,

    mais dont quelqu’un a parlé à l’autre

     

    j’ai souvenir d’une soirée, pour les dix ans de jean, on dit défunt,

    et moi qui pour la veuve me faisait l’artémise,

    la chroniqueuse des traces,

    moitié du groupe avait connu jean

    autre moitié aimait quelqu’un qui l’avait connu

    at j’ai demandé, quelle trace de lui gardes-tu en tendant mon micro

    et ils ont répondu, tous ceux qui l’avaient connu mais aussi ceux qui non

     

    et quand j’ai relu les pages sorties de là

    j’ai découvert qu’il était toujours là, jean, chacun avait sa part, l’inventeur de génie, le secrétaire de l’association française de cybernétique , le trublion qui la ramenait toujours, le récupérateur des légumes sur le marché d’Aligre, toutes denrées, même fromage à l’issue de la dernière minute possible du glanage, tous ces gens qui se retrouvaient à éplucher autour de la table, pendant qu'il faisait presser dans la centrifugeuse son énorme cageot de raisin récupéré, tous ces gens savaient ce qu’il était, jean, la prostituée au grand coeur, la vieille qui ne s'en sortait pas bien, le producteur de France Culture, le philosophe edgar et l’ingénieur renaud, et même l’étudiante écolo, tout ça mélangé avec la compagne et les enfants,

    et de tous ces repas qu’on faisait avec lui et l’inventeur de la sixième dimension qui venait expliquer sa théorie, le pauvre gosse de riches qu’on avait enfermé à l’asile et qui venait d’en sortir, le fils d’un ministre assassiné, la fille du mec, son meilleur ami, qui inventait des dictionnaires de noms de pays, oui, tous ces gens savaient ce qu’il était, jean,

    encore à distance, il irradiait, il réchauffait le cœur de tous, on en parlait en souriant aux dix ans, même s’il n’était plus là,

    alors, c’est le vivant qui sauve les traces, pas la machine, pas la matière

     

    tu es parti, jean le mutant, des bons et des mauvais moments, salut l’ami.

     

     

     



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