• crédit photo anthropia # blog

     

     

    Stratification de la végétation à ma fenêtre quand j’ouvre les volets, aujourd’hui.

    Au premier plan presque sous la fenêtre un jeune prunus, une dentelle clairsemée de couleur aubergine, n’est pas encore très vaillant, puis plus loin des arbrisseaux vert tendre et au-dessus une cohorte de ce qui me semble être des tilleuls d’un ton plus sombre irisé de pousses jaune clair qui retombent en cascades. Un paysage à quelques mètres posé là sur le mail, l’appelle le petit bois, et m’a frappée dans les tons bleutés du matin sa découpe sur fond de ciel immaculé.

    L’homme désigne par un mot définitif le faîte des arbres, pourtant nulle part de conclusion précise de ce qui fait sommet, mais une tendance, toujours une dernière tige, une branche un peu plus haute, davantage en questions qu’en réponses cette terminaison, des volumes cherchant l’air, le contrastant avec densité, mais sans imposer de ligne claire.

    J’en aime le foisonnement, produit d’une approximative rhéologie, là où le bâtiment qui lui fait face apporte ses certitudes, la contrainte bétonnée, paré d'ocre sertie de briques. Pourtant il vit aussi si j’en juge par cette mention sur le bordereau du syndic, ragréage du sol du toit-terrasse, suite à infiltrations.

    Et je pense au rêve de la nuit, retour à une maison ancienne à Paris, où se discutait avec le propriétaire la réfection du pignon qui supportait le faîtage, et là rien n’était laissé au hasard, il en allait de la charpente, du toit, de l’imperméabilité de l’ensemble. Au réveil, me restait la vision d’un toit à deux pents non réunies par l’angle droit des dessins d’enfant, laissant un à-plat au goût d’incomplétude, et interrompue une conversation de voisines, des bribes d’histoire concernant ce propriétaire aux quatre-vingt-douze immeubles dans la ville, une épouse et son chien, et le gérant, ancien administrateur des colonies.

    Des paroles sans récit un peu comme ce toit. Et puis au moment d’y mettre une image, cette pie qui s’impose, inévitable, qui s’envolera bientôt là-haut sans doute, après s’être reposée sur la terre ferme.

     

     

     

     




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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

    La mise en son, image, associant l’art et la technique, l’histoire qui se raconte est l’aporie d’un siècle, des Trente glorieuses l’amertume qui échoue sur la grève, la décapitation de la réparation, on ne répare plus, on pousse le pékin à jeter, elle est là l’obsolescence programmée, quand le capital n’offre à la culture qu’un truck boursoufflé tous les mêmes, remplacer disent-ils, -à la FNAC ça coûte un sixième du prix d’un appareil neuf d’acheter une batterie neuve pour son Canon- jusque dans la politique tarifaire, on force l'acte d'achat. Et pour unique ciel d’horizon un pont bleu, de ceux qu’on fabrique à la chaîne, le monde envahi de ponts bleus…

    Ou rouge, quand cet ingénieur des Ponts croyant bien faire fit peindre en rouge celui de Weissbrück, parlait pas allemand, les gens se gaussaient, mais lui encore tentait d’aménager le quotidien, pas d’y télécommander avec grue à l’affaire la dépose puis la pose d’un édifice sorti tout droit d’usine.

    Militons pour la réparation, pour le défaut corrigé, pour un mythe qui ne se recommencerait pas chaque jour en Sisyphe, mais des accidents transformés en rituels qui serviraient aux collectifs qui se choisissent –on ne choisit pas sa famille, ni sa communauté religieuse, mais on choisit ses artistes, ses amis, ses confidents. Enfin, parfois certains s’immiscent dans les tablettes croyant capter la part intime de l’autre, mais la trace n’est jamais que signe extérieur de pauvreté, pas le réel. Les trois cailloux d’Abraham posés en rituel sur sa voie d’infortune ne parlent qu’à lui et à ses proches. En ça, ils construisent un espace qui fait chemin de vie.

     

     

     



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  • Jean-Luc Verna, artiste plasticien

    crédit photo anthropia # blog

     

     

    A Hildesheim en Allemagne,

    se trouve une sculpture d'un manant,

    montrant à l'arrière de son cou une étrange bosse,

    représentant l'état de serf dans lequel

    le pouvoir l'a mis.

     

    Mon projet dans Trois-quart dos

    consiste à prendre en photo 

    les artistes pour tenter de saisir

    quelque chose d'eux, sans les yeux,

    ce rien de liberté que je leur prête

    et qu'une nuque révèle. 

    Allez voir à droite les autres photos

    dans Trois-quart dos (milieu de colonne).

    Pour voir les oeuvres de Jean-Luc Verna

    ici, ici et .

     

     

     

     

     

     

     


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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Emporte dans le chariot, gouttes de sueur ce matin de désœuvrement, descente dans le dos, rose inversée, à l’homme, sa moto, nus sur roches plates, apprentissage d’un geste de coussin sous les genoux, un nez, font le mur, dormir près d’une mare, verres à pied, une bougie, réveil aux grenouilles, un accent, confidences, gris aux tempes, correspondant de presse, le fax qui tombe en pleine nuit, Watergate, Associated Press, le golf au coucher du soleil, piscine, préparation du voyage, évocation d’un gâteau au shit, donne une adresse à Portland, là-bas, une fille, bow-window, piano à queue, trois petites marches depuis la rue, murs en brique, pas de nouvelles, retour, débarque dans le deux-pièces, rue G., vue de la colline, la nuit juste les phares des bateaux mouches, trente-trois ponts, repeint salle de bain en rose et bleu, daltonien, n’avait pas vu, nerfs et rires, acte, s’installe à côté, voisin, amitié, part pour l’Asie, offre son sofa Habitat et un lapin, disparaît. Reste la pierre, dans le chariot.

     

     

     

     



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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

    Il est là, il n’est pas là. Faute d’un y, il échappe. Courir après. L’expression est d’enfance, il ne suffit pas d’aller vite, il faut l’atteindre, cet après qu’on ne rattrape pas, toujours post-position. Avant n’aurait aucun sens, il y aurait bien l’avant-garde mais n’est plus temps, non juste devenir l’hirondelle de Ponge.

    Un graffiti mieux que rien, dans la splendeur d’un pont éteint, n’avoir que la faute pour horizon, ou pour base, s’installer en elle, la creuser à la pioche, la vivre, ce qui compte c’est ce qu’on en fait, non la mettre à distance, mais installer son creux en moi, sans les fioritures de nerfs qui lèvent le cœur, sans la honte tétanisant les mains, cette sueur qui gagne qu’on voudrait endormir, saisir du froid du matin pour qu’elle s’oublie dans la paume d’une ligne de vie.

    Hauts-les-rêves, dresser la tête, pride d’un destin moyen, mon voilier sur l’eau vivante, j’y mets la dérive, j’envoie mon spi, y aller vent debout ou tirer des bords, mais toujours le cap. Le souffle.



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