• De la confusion, de la littérature et de la trash presse

    C. Molusson

    Entre les lignes

     

     

    J’ai peu parlé sur ce blog de l’affaire DSK, j’étais à Montpellier quand je suis tombée sur le Breaking news sur DSK, le perp walk, lui menotté devant le monde entier. Peu parlé pour plusieurs raisons, d’abord parce que tant qu’on n’est pas sûr (on n’en était pas), il valait mieux attendre, c’est toujours difficile de juger, même si Nafissatou Diallo est une femme de ménage, et qu’à ce titre, j’aurais plutôt tendance à la défendre, certains points m’apparaissaient et m’apparaissent encore aujourd’hui quelque peu « manipulatoires », sa conversation sur l’affaire avec son copain en taule, ses comptes où apparaissaient de grosses sommes, voir aussi la fameuse vidéo des deux gars de la sécurité de l’hôtel se donnant l’accolade comme d’un bon coup, même l’affaire des « amis » de DSK, allant rendre des comptes à un grand ponte de la police avant chacun des voyages touristiques des prostituées présentées comme collègues, j’ai préféré ne pas commenter.

    Et pourtant, j’étais au courant des pratiques sexuelles de DSK, par des copines et je n'en dirai pas davantage, ça pourrait devenir de la diffamation.

    Aujourd’hui la polémique éclate à propos du bouquin de Iacub, j’avoue que je ne comprends pas les théories de cette personne, qu’elle m’énerve souvent par ses prises de position, je ne sais même pas en quoi ses recherches peuvent être utiles, alors d’apprendre qu’elle a fricoté avec un type notoirement « bas du gland » ne m’a qu’à moitié étonnée pour tout dire. Mais après tout, tous les goûts sont dans la nature, et chacun d’entre nous n’est pas à l’abri de ses propres contradictions, why not. Mais là qu’elle sorte ce bouquin, qu’elle en fasse du business, qu’elle prétende y faire littérature, j’avoue que j’en suis restée ébahie.

    A lire le papier de ce soir d’Angot dans Le Monde, son dégoût pour l’analogie faite entre le livre d’une « people » scotchée à sa gloire personnelle, de ragot-réalité, de pseudo-thèse à la noix, et son propre travail, absolument remarquable de justesse et de capacité à mettre à distance les faits dans son texte, en montrant l’abus dans tous ses aspects, en exerçant son droit de regard sur la petite fille apeurée qu’elle était devant l’acte du père, parvenant même à analyser les quelques marges de liberté de pensée à l’époque, tout ça sans pathos, dans un grand exercice de littérature, -et qu’on ne s’y trompe pas, le moralisme et le soutien à la psychanalyse qu’elle concède sont du côté de la réalité, pas de son récit, je veux dire par là qu’elle montre la chose dans son livre et qu’elle parle de la chose dans la réalité, que son point de vue est donc celui d’une femme en lutte contre l’aplatissement des valeurs, la confusion généralisée, le tout étant soi-disant dans tout et réciproquement -, oui, à lire ce papier, je mesure et rends hommage au courage qu’il lui faut pour parler dans un monde médiatique phallocrate et voyeur, je me sens de son côté comme beaucoup de femmes ce soir, je ressens que ces journalistes ont perdu la tête, je ne comprends pas comment Bourmeau a pu se mettre là, je l’ai connu plus fin. Parce qu’enfin, de quoi s’agit-il, de louer "cette chienne" qui s’est éclatée avec un « cochon », ou pire" la chienne" qui viendrait justifier son acte en crachant son venin, ou pire encore d’organiser le cercle des voyeurs de tous poils, regard direct sur la chambre à coucher ou plutôt sur la boîte à partouze ?

    Faire le buzz, qui y a intérêt, l’éditeur, les news qui ont sorti les bonnes pages, les autres de lancer la polémique à la veille du week-end, ça fait vendre coco, ça fait vendre, je lis assez souvent Libé, mais là je ne l’achèterai pas et désormais considère que j’exercerai mon droit de regard à chaque fois que le réflexe me fera tendre ma main sur ce que je considère aujourd’hui comme un torchon.

     

     


     

     



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