• Cellar door

    Loris Greaud

    Palais de Tokyo

    Crédit photo Anthropia

     

    La culture de l'égo est une réelle calamité.

    Quand on lit ce qu'on lit et qu'on veut ce qu'on veut,

    il n'y a qu'une solution : enterrer les pages fanfaronnes.

     

     


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  •  

    Mirka Lugosi

    Crédit Photo Anthropia

     

     

    La nuit fût glauque, de ces nuits qui vous laissent

    des souvenirs de basse-enfance,

    au temps où nul ne sait, pas l'adulte,

    ce qui se passait dans l'entrevue entre la NightQueen

    et le divin enfant.

    Long, très long tunnel, sortir, mais y rester, ne sais pourquoi.

     

    En fonds sonore, concordance, la voix parle de l'autobus de rêve,

    celui de La Femme assise d'Appolinaire,

    "ils m'affirmèrent que ceux qui avaient été tués à la bataille avaient,

    la veille ou l'avant-veille, rêvé d'un autobus."

    J'y monte, j'y suis.

     

    Puis m'arrive l'autocar - autocar/autobus, toujours confondu les deux mots-

    ce véhicule-là vient de Claude Levêque,

    J'hésite à remettre mes pas dans l'installation

    "le moteur est en route,

    elle entend un choeur de vieilles voix de femmes,

    chantant Rendez-vous en automne,

    c'est une chorale des femmes de la maison de retraite,

    où se trouve la mère de Claude Lévêque." déjà évoque ici

     

    Vrombir, l'autobus qui circule dans les tranchées,

    oui, toujours dans les pièces souterraines,

    le signal surréaliste en soi, l'inconscient tout à coup occupé,

    invasion sonore, tout le monde se serre sur le trottoir,

    l'autobus, la boulimie parisienne de la mère bouffeuse,

    qui s'enfile des centaines de ptits zhumains tous les matins au p'tit dèj.

     

    Quel était le rêve, prémonisant quoi ?


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  • Atelier van Lieshout

    Baby, 2008

    Galerie Bob van Orsouw

    Fiac 2008

    Crédit Photo Anthropia

     

     

    Je ne sais si c’est la perspective des élections présidentielles, le grand rendez-vous tant attendu depuis 2007, cette sensation qu’enfin l’heure de la revanche a sonné, mais la semaine fut rude pour mon plan de charge et mon humeur. Je me suis sentie comme suspendue.

    Lundi

    Elle commence avec mon check up chez le cardiologue qui ne constate rien, après m’avoir fait revenir trois fois, la première pour cause de mauvais appareil pour l’électro, la seconde pour une écho suite au mauvais diagnostic de la première machine, la troisième pour cause de valve percée, qui ne permet pas de prendre la tension (3 valves percées, à mon avis, c’est tout le lot qui est mauvais, heurs et malheurs de la mondialisation). En attendant, il m’a fait payer trois fois avec dépassement d’honoraires la mauvaise qualité de ses prestations.

    Bref maman, je n’ai rien au cœur :ni à la pointe, ni à la base, ni aux ventricules, ni à l’aorte J’ai même un excellent cœur, un sang qui circule bien, un bon rythme. Nos ancêtres alpinistes, ayant escaladé l’Everest  avec Sherpa Tensing  et Sir Hilary, m’ont transmis sans doute ce cœur vaillant, prêt à randonner dans la Rosenlaui Tal du Grosse Scheidek au Kleine Scheidek au pied du Wetterhorn.

    Mardi

    Je rencontre sur le trottoir, marchant comme un illuminé, un grand homme revêtu d’une gandoura marocaine et d’une sorte de chachia blanche. Il lève les mains au ciel, les rabaissant, faisant des sourires aux passants. Un croyant qu’une exultation a l’air d’avoir envahi. Les religions ont ce don de vous faire ressentir parfois le Grand Tout. Ce n’est pas à moi, l’athée résolue, que ça arriverait.

    Sentiment océanique, c’est le mot qui me vient. Je cherche sur internet : « Au-dessous du monde des perceptions sensorielles et de l'activité mentale, il y a l'immensité de l'être. Il y a une vaste étendue, une vaste immobilité, et une petite activité frémissante à la surface, qui n'est pas séparée, tout comme les vagues ne sont pas séparées de l'océan. » Eckhart Tolle, Le Pouvoir du moment présent, Ariane, 2000. Cet imam devait être atteint d’un sentiment océanique.

    Mercredi

    Chez un client, il gère une très grosse association qui comprend notamment des centres d’Accueil d’urgence. Il me confie qu’il est étonné que la Préfecture ait décidé « pour causes électorales » dixit la responsable, de prolonger l’ouverture des Accueils d’urgence de deux mois, qui, depuis la nuit des temps, ferment le 31 mars. Quelle cause électorale peut justifier une telle décision, sinon celle qu’on ne voie pas des centaines de milliers de SDF dans la rue, la nuit ? A qui profite le crime ? Cette façon d’instrumentaliser les moyens de l’Etat pour sa propre campagne me met en fureur. Je sors de chez mon client énervée, scandalisée, pour un peu mon cœur se mettrait en tachycardie. Je me calme en twittant comme une folle.

    Jeudi

    J’ai le Vernissage au Palais de Tokyo, à 21h30. Toute la journée, je me tâte, j’y vais, j’y vais pas, et puis pas d’ami disponible pour y aller. Alors.

    Vendredi

    J’avoue. Je n’ai rien fait. J’avais ce rapport à finir, pas fini. Des milliers de coups de fil à donner. Pas donnés. Mon plan de travail de la semaine prochaine à terminer, pas terminé. Ces élections vraiment, ça me tourneboule.

    Samedi

    J’ai acheté ma première paire de lunettes de vue, Varilux, s’assombrissent en gris en cas de soleil. J’ai dû franchir un cap. Sûrement. En sortant dans la rue, sentiment océanique, je ne sais plus voir, l’opticien m’a dit que jusqu’à 40 cm, c’est avec la partie basse du verre qu’on voit, 40 à 60 cm la partie du milieu, plus de 60 cm la partie du haut. Je dois apprendre à relever la tête ou à baisser la tête, selon les distances. Me sens un peu comme un robot. Attendre cet âge pour m’automatiser. Bizarre.

     


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  •      Aurélie Godard

         Icare

         Exposition Installation Soleil

         6B, Saint-Denis

        Crédit Photo Anthropia

     

     

    Rentrée. J'ai rendez-vous dans un célèbre hôpital psychiatrique parisien. Je me presse, un client m'attend, nous allons travailler sur les processus métier. Je passe les ruelles, ambiance champêtre, arbres centenaires. Rue Verlaine, Rue Michaud, Rue Piera Aulagnier ou Pierre Janet, Allée Kafka, ça se mélange, fous de langue ou psychiatres, un même monde.

    Près d'un pavillon, dans la coursive en colonnade, je croise deux hommes, assis sur un banc, concentrés, l'un fait de grands gestes.

    - Tu comprends, Dieu n'est rien sans ses anges.

    - Ah, mais ça dépend, il y a aussi les anges déchus...

    - Oui, Lucifer, mais c'est...

    Je suis loin déjà, leurs mots laissent une longue traîne dans ma tête, Dieu, les anges et la norme ISO. Et je me dis que...que... la norme ISO, c'est Lucifer. Une sainte perfection de la qualité tombée sur terre.

    A l'hôpital, on avait eu la Sainte-Vierge et les bonnes soeurs, petites épouses de Dieu, remplacée au XIXème par l'Hygiène et la gourme des infirmières-chef, et maintenant on a la Qualité. Un surmoi féminin chasse l’autre. C'est toujours la Mère qui tourmente.

     

     


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  • General Idea

    Crédit Photo Anthropia

    (avant qu'on m'interdise de prendre des photos et pour cause

    mais j'aime bien l'éclat de lumière, un Deus-ex-machina)

    My Winnipeg

    La Maison Rouge

    Pour voir de bonnes photos de General idea (voir en bas)

     

     

    Dimanche

    J'apprends que Francesca Isidori est éjectée de France Culture. Grand choc.

    "Affinités Electives", réminiscence de Goethe, est une émission inclassable,

    poétique, un long fleuve tranquille avec un artiste, une figure,

    passage par la case enfance et la photo des 20 ans,

    la photo qui fait dire par celui qui la choisit celui qu'il se sait être.

    J'ai écouté la dernière sans le savoir, celle sur Ray Lema , magique.

    J'aurais dû me douter, Ray Lema et son Matissou qui faisait le générique,

    et qui n'était pas pour rien dans le climat qui s'installait.

    Et je me dis que Francesca Isidori incarne ce que j'aime sur France Culture,

    quelque chose de la lenteur, une Radio lente, comme on dit Città Slow,

    la qualité, le temps d'écouter, pas de vulgarité,

    la durabilité de l'expérience, la convivialité,

    la douceur, la découverte en profondeur,

    le contraire de la trash TV.

    Lundi

    Commencé le matin sur France Cul avec un certain Martin,

    grand pêcheur devant l'Eternel,

    affligé d'un banquier avec l'habituel couplet sur le terrorisme islamiste.

    Juste après la tuerie norvégienne, vraiment de circonstance.

    Et si on parlait du terrorisme chrétien, celui des valeurs guerrières

    des sociétés étouffoirs,

    Vouloir éliminer une génération de travaillistes,

    celle qui arrive à l'âge adulte,

    écarter pour toujours les enfants et les enfants des enfants.

    C'est la terreur des terreurs, une élimination systématique,

    un acte nazi.

    Pour mémoire à ceux qui préparent la tranche matinale,

    peut-être pourriez-vous l'encourager à nous parler du rapport d'Interpol,

    sur les actes de terroristes d'extrême droite ou d'extrême gauche,

    c'est à dire les 95% des actes criminels de terreur dans le monde

    pour seulement 5% d'actes islamistes.

    Faudrait peut-être rechausser les lunettes.

    Mardi

    La terreur dans les yeux des témoins de Norvège.

    Mercredi

    La terreur en moi, à ce point, que je ne veux même pas lire

    le fameux écrit de 1500 pages,

    des fois que les mauvaises lectures pollueraient l'esprit. Brrr.

    Jeudi

    Les obsèques, des obsèques à perte de vue,

    la force et l'immense désarroi d'une foule devant l'impensable.

    Vendredi

    Entendu le géniteur dire qu'il aurait souhaité que son fils se suicide.

    S'il a eu le même détachement depuis sa naissance.

    Est-ce une constante,

    les grands pervers ont-ils toujours eu des parents pervers ?

    Samedi

    Je suis en vacances, ce jour, is life good ?

     

    Et pour en savoir plus sur General idea (clic)

    Et pour écouter la dernière d'Affinités Electives de Francesca Isidori avec Ray Lema (clic)


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