• Décomplexée

     

    On parle de nos jours de "droite décomplexée". Mais qu'est-ce à dire ?

     

    Une droite qui n'aurait plus de complexes ? Vis-à-vis de l'affichage de l'argent ? Cela semble en effet le premier sens de cette absence de complexe. Le yacht a fonctionné de ce point de vue comme une clef à l'entrée de la portée : désormais ce sera cela la droite décomplexée. Les petits avantages fiscaux tout de suite mis en place montrent bien que c'était là la première priorité de Sarkozy. Il avait dit en 2002 devant un petit groupe de journalistes qu'il allait rendre de tels services à ses riches amis qu'ils ne pourraient ensuite plus rien lui refuser. Je pense que nous y sommes.

     

    Une droite qui n'aurait plus de complexes ? Vis-à-vis de la censure ? Les derniers avatars de cette pratique donnée en exemple avec le licenciement de Genestar, directeur de Paris-Match, qui avait montré Cécilia Sarkozy en couple avec son amant à New York, sont désormais relayés par tout patron de presse qui sait "composer un brin", sans que Sarkozy n'ait plus besoin si j'ose dire de mettre la main à la pâte. Pensons à l'article censuré du JDD, du papier retiré par Bolloré, des montages partisans de la rédaction de France 2, des lancements de sujets complaisants de Pujadas, Chacun dans les médias intégrant l'auto-censure à un point où il ne voit même plus qu'il est devenu servile, on peut se demander si P. de Carolis, pdg du Groupe France Télévisions,  n'a pas donné un gage de sa loyauté à Sarkozy pour qu'il ne lui reproche pas d'avoir été du clan des Chirac, en licenciant Schneidermann, cadeau de bienvenue en quelque sorte.

     

    Une droite qui n'aurait plus de complexes ? Vis-à-vis des pauvres, des faibles, des perdants ? Il semble bien que le pli soit donné. On licencie Juppé du gouvernement pour avoir échoué aux législatives. La règle est simple. On n'aide pas un loser. On ne relève pas le pauvre à terre. On pourrait même dire qu'on l'enfonce. Les pauvres, on ne les aide pas non plus, quand ils sont sans papier.

     

     

    Parlons de cette petite grand-mère sans papiers de 62 ans que la police vient chercher nue sous la douche pour l'emmener manu militari au charter de retour dans son pays. Elle se traîne par terre, les passagers refusent d'embarquer, elle passe devant le tribunal, elle est sauvée pour quelques mois, en attendant la prochaine fois. Les commentaires racistes et sexistes que j'ai affrontés récemment sur ce blog et ailleurs me montrent assez qu'on peut désormais hurler sans complexe que les chômeurs n'ont qu'à bosser, que les rmistes sont des flemmards, que les pauvres peuvent rentrer chez eux, bref il n'y en a plus que pour la France qui gagne. Et comment dire, je ne dis pas cela par aigreur de ne point en être, non je le dis parce que je pense qu'on ne peut pas s'asseoir sur 40% de la France comme si elle n'existait pas.

     

     

    L'autre jour au marché, je marche par mégarde sur un jouet qu'un vendeur à la sauvette avait étalé par terre. Je le prie de m'excuser, vraiment désolée. Une femme arrive et me dit, c'est de sa faute il se croit tout permis. J'en étais saisie. Je lui ai dit, mais non ce n'est pas de sa faute, c'est de la mienne, j'ai écrasé son jouet, enfin regardez, c'est cela la réalité. Je me sentais énervée. Cette femme faisait en une demi-seconde le raccourci absolu : il vend des jouets à la sauvette, il est donc sans-papier, s'il est sans-papier on peut lui cracher dessus, tout ce qui lui arrive est forcément de sa faute. Une droite ô combien décomplexée. 

     

     

    Mais je souhaiterais évoquer un autre sens du mot "décomplexé". Celui de ne pas être sensible ou perméable à la complexité. Et selon moi, c'est surtout ce sens que je retiendrais. Un homme ex-électeur du FN disait récemment dans Libé, qu'il avait compris que le racisme ne débouchait sur rien. Je crois que faire comme si le monde était simple, qu'il y avait les gentils et les rmistes, les droitistes et les neus-neus de gauche, les riches et les cons qui échouent, les identitaires français et les mauvais immigrés africains qu'il faut jeter, ne peut pas aboutir à des solutions durables pour le pays. Cette vision est une vision de fonds de pension, avec une rentabilité de court terme. C'est celle qu'a recherchée Sarkozy avec son marketing d'opinion. Elle ne permet pas une réponse politique cohérente et construite. Je pense que le délitement à venir de pans entiers de notre système d'organisation, la fonction publique, le renforcement des privilèges des plus nantis, l'appauvrissement de la France moyenne et pauvre, ne peut déboucher que sur des écarts de plus en plus sensibles et des aigreurs que le peuple finira par traduire dans la rue.

     

    Veut-on un mai 2008, un mai de revanche dans la rue ?

     

    Juste pour rappeler à notre président, que la société sait imposer quand elle n'est pas écoutée.

     


  • Commentaires

    1
    Maître Boogie
    Lundi 25 Juin 2007 à 12:03
    juste ravi, et juste coucou
    Coucou, Anthropia. Ravi de lire ce billet.
    2
    Maître Boogie
    Lundi 25 Juin 2007 à 12:03
    juste ravi, et juste coucou
    Coucou, Anthropia. Ravi de lire ce billet.
    3
    Anthropia Profil de Anthropia
    Jeudi 28 Juin 2007 à 20:28
    Salut Maître Boogie
    How are you doing ?
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