• Peter Coffin

    Crédit Photo Anthropia

    CREDAC, Ivry

    Transformation Works.

    Fruit de la collaboration de Peter Coffin avec un mathématicien,

    elle présente la transformation d’objets en diverses formes  :

    une pomme de pin en Rubik’s cube, un crâne humain retourné sur lui-même…

    et ici une chaussure.

    Des techniques qui donnent aux objets ordinaires une autre réalité.

     

     

    RGPP ? Kesako

    c'est la réforme générale des politiques publiques,

    et RGPP, le sigle donné à la réforme, qui veille au

    non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux,

    partant à la retraite.


    En Seine-Saint-Denis, cela donne un paysage inénarrable.

    Oui, en Seine-Saint-Denis, qui connaissait déjà

    le service public le plus dégradé de France,

    la RGPP a transformé les services publics du département

    en énorme camp de relégation.


    Imaginez, vous voulez faire changer votre carte grise,

    impossible de le faire en sous-préfecture, sauf au Raincy,

    normal, c'est un maire umpiste qui y règne.

    Donc, pour les autres résidents du 9-3, sauf Le Raincy,

    rendez-vous à la Préfecture de Bobigny.

    Réservez votre matinée, 4 heures d'attente,

    c'est un minimum pour une nouvelle carte grise.

    Et si vous ne voulez pas attendre,

    on vous conseille gentiment d'envoyer votre dossier

    avec l'ancienne carte grise,

    3 semaines d'attente garanties, et sans carte grise durant 3 semaines,

    tout peut arriver.

    Un deuxième agent vous parle d'aller

    dans la préfecture d'un autre département,

    qui est autorisée à vous délivrer le précieux document.

    Vous croyez avoir trouvé la solution,

    un autre quidam de l'administration vous confie

    que les autres préfectures

    ne donnent pas de cartes grises

    aux quidams du 9-3, tous pouilleux.

    Le coeur en berne, vous laissez une réclamation

    dans le cahier des plaintes.

    Vous attendez encore la réponse.

     

    Puis c'est l'heure des impôts, vous allez donc à votre centre local,

    pour redomiciler votre compte fiscal.


    Là, vous vous croyez devant la file d'attente des bons d'alimentation

    pendant la guerre, cinquante personnes sur le trottoir,

    la grille à moitié fermée,

    et deux sous-inspecteurs,

    arborant fièrement le badge "Responsable du centre",

    tiens, y a deux responsables dans ce centre-là ?,

    -serait-ce la RGPP à l'envers

    ou l'armée des colonnels mexicains ?-,

    vous expliquent qu'ils ne peuvent pas vous recevoir,

    mais bon là, sur le trottoir,

    devant les autres personnes qui attendent,

    et n'en perdent pas une miette,

    vous exposez votre situation,

    on vous donne un ou deux tuyaux,

    pour que vous vous débrouilliez tout seul.

     

    Et vous comprenez tout à coup que la RGPP

    est en train de faire de chaque Français

    un "qui-doit-attendre",

    un "qui n'a-droit-à-rien", un "qui-doit-se-taire".

    Vous pensez à votre dossier SS envoyé il y a deux mois,

    de vos dix-huit relances sans succès,

    des heures d'attente au téléphone, sans succès.

     

    Et là, tout à coup,

    vous comprenez que la principale réforme de Sarkzoy

    ce n'est pas seulement d'exclure les étrangers,

    c'est de faire de chaque petit citoyen

    de ce peuple français, honni,

    un étranger dans son propre pays.

     

    Quand vous ne pouvez plus mettre en règle vos papiers,

    quand vous ne pouvez plus aller chez le médecin

    ou vous faire rembourser vos frais,

    faute de carte vitale à jour,

    quand vous ne pouvez plus vous faire conseiller

    sur les formalités à réaliser,

    quand vous vous heurtez à un "non" pur et simple,

    à un refus de service public, vous comprenez tout à coup

    que pour Sarkozy,

    nous sommes tous des étrangers à exclure.

     

     


     

     

     



     



    votre commentaire
  • My hlm's Cadillac

    Crédit Photo Anthropia

     

    Souvenir de Brooklyn fin des années soixante-dix.

    Un copain de Long Island m'emmène voir

    un de ses amis d'enfance à Brooklyn.

    Immeuble pauvre, majorité de blacks.

    Vers la fin de la soirée, le pote d'enfance nous dit,

    Want a lift in my car ?

    On sort de l'ascenseur, on rejoint la rue pour trouver

    quelques mètres plus loin un garage fermé à double tour.

    Après plusieurs tours de clefs dans les cadenas,

    quand la porte s'ouvre,

    apparaît une splendide cadillac blanche aux fauteuils de cuir rose.

    A pimp car, plaisante mon ami, une voiture de mac.

    On monte à l'intérieur, le type met la radio.

    Pas de chance, on ne fera pas le tour du quartier,

    plus de sous pour faire le plein d'essence.Too bad.




     

     


    votre commentaire
  • Marronnier

    Crédit photo Anthropia

     

    Tiens un marronnier,

    on a déjà vu ça souvent en France,

    dans les années trente,

    et puis fin XIXème, et plus loin encore,

    en 1269, Louis IX,

    le coup de la liste des emplois interdits.

     

    Vous connaissez ?

    Vous êtes juif, musulman, étranger quoi,

    et on vous dit tout à coup,

    t'as plus le droit d'exercer tel métier.

    C'est ce que prévoit Guéant, Bertrand

    et les autres, juste en ce moment,

    d'interdire des métiers aux étrangers,

    et justement sur les emplois en tension,

    là où précisément on a le plus besoin d'eux.

     

    C'est dans Le Nouvel Obs d'aujourd'hui,

    "Parmi les domaines concernés figurent le bâtiment,

    la santé ou l'informatique.

    Une nouvelle version de cette liste,

    tenant compte des restrictions

    voulues par le gouvernement,

    doit être publiée mardi 19 avril

    en fin de journée par le ministère du travail."

     

    Imagines, t'as plus le droit d'être aide-soignante,

    ou peintre en bâtiment, ou informaticien.

    Je connais ça, je reconnais,

    ma Familie a déjà vécu ça,

    Et c'est le Grand Electeur de Trèves

    qui lui a rendu le droit d'exercer

    tous les métiers et de faire des études

    et le droit de quitter la ville aussi.

    Ce qu'elle a fait dès qu'elle a pu, ma Familie.

    C'était en 1870, oui,

    un marronnier, vont pas les chercher loin leurs idées,

    sans imagination, ces gens, sans créativité,

    à situation donnée, réponse stéréotypée,

    un réflexe de Pavlov et hop'là, on interdit.

    Alors, pour la suite, au cas où ils manqueraient d'idées,

    c'est la suite logique, après l'interdiction des métiers,

    normalement, là, ils devraient interdire aux étrangers

    l'achat des fleurs et la possession d'un animal de compagnie.

    Oui, c'était dans la liste en 1942, la liste des restrictions.

    Métier, fleurs, chiens, air.

     

     

     


    votre commentaire
  • Jiro Nakayama

    Vide

    2010

    In Le sens de la visite

    un itinéraire proposé par Yvon Nouzille

    Paris XII

     

    Quizz

    Si un amant vous écrivait dans un mail,

    "Je viendrais ce soir à 22h. Je te promets, je serais là",

    qu'en penseriez-vous ?

    1. Qu'il vous faut chercher le déshabillé de ses rêves ?

    2. Qu'il vous ballade, qu'il abuse, que ce sont des promesses d'apothicaire ?

    2bis. Qu'il est un inculte et qu'il ferait mieux de réviser ses temps de l'indicatif ?

     

    Je vous dis ça, moi, parce que j'en ai marre

    de ne jamais savoir sur quel pied danser,

    avec ces interlocuteurs, ces maileurs,

    qui rajoutent un s à la fin des verbes,

    transformant leurs futurs en conditionnels.

     

    Je serai là demain, bon, ça va,

    il dit qu'il vient, il l'affirme, il s'engage.

    Je serais là demain. C'est qui, là ?

    Un poète, qui suppose, suppute, s'imagine ?

    Une éventualité d'arrivée, p'têtre ben qu'oui, p'têtre ben qu'non ?

     

    En fait, je vous avoue tout,

    ceci est un message à la nouvelle stagiaire,

    en contrat par alternance,

    elle est sympa, elle apprend à toutes vitesses,

    c'est un vrai plaisir,

    oui, mais voilà, de temps en temps,

    même plus que ça,

    elle laisse échapper un conditionnel

    à la place d'un futur.

     

    Et je le dis, là, tout net, je ne supporte plus.

    J'ai l'impression de voir ça de plus en plus souvent,

    dans la presse, dans les lettres, dans les mails.

    Et voilà, il faut que ça tombe sur elle, désolée.

     

    Comme si l'époque voulait ça, que l'avenir se dérobait,

    que le futur se virtualisait.

    Est-ce qu'on craint demain, à ce point,

    qu'on veuille lui donner ce petit côté effacé ?

    Ou bien est-ce que les jeux vidéos

    et Fukushima nous ont appris

    que ce qui est à venir

    fait l'objet de tant de bifurcations,

    qu'il vaut mieux postuler

    que rien n'est postulable ?

     

    Une amie disait qu'enfant, en Tunisie,

    quand elle donnait rendez-vous,

    elle disait, demain, à midi, sous l'horloge,

    et que ça voulait dire, à midi,

    mais aussi à une heure, à deux heures,

    à trois heures ou à quatre heures.

    Post meridiem bien sûr.

    Sous l'horloge était un concept,

    "à midi" voulait dire

    qu'on avait la course du soleil pour arriver,

    l'après-midi quoi, et on attendait,

    on avait l'habitude d'attendre.

     

    Quand elle est arrivée à Paris,

    elle s'est enfermée

    dans le temps anglo-saxon,

    et là plus question d'attendre.

    Essayez d'arriver à 16h pour un rendez-vous de 14h,

    vous trouverez porte close.

     

    Si elle rencontrait ma stagiaire,

    celle-ci lui dirait : Je serais là demain à 12h.

    L'amie saurait,

    qu'elle a un rendez-vous peut-être,

    mais que la stagiaire l'a peut-être dit

    à quelqu'un d'autre.

    Mais ce n'est pas traîtrise,

    chacun a les mêmes droits,

    on pose les options,

    et puis on se confirme une heure avant par SMS.

    Le plus longtemps possible virtuel,

    et puis, oups, on bascule dans le nouveau présent.

     

    Faut-il que je m'y fasse ?

    Il n'y aurait plus de futurs,

    que des présents se chassant l'un l'autre ?

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Réplique de la statue de la liberté

    Bartholdi

    Colmar (France)

    Crédit Photo Anthropia

     

    Aujourd'hui, je me sens égyptienne.

    J'offre aux révoltes d'Orient

    la statue de la liberté, une réplique.

     

    Puisse-t-elle entamer à son tour,

    amorcée par un léger déhanché,

    la lente et fascinante danse du ventre

    de révolutions presqu'en douceur,

    sur cet air d'Oum Kalthoum (ici).

     

     


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique