• Géopolitique de la blonde, syndrôme de la modernité creuse

     

    Montrer ici la vidéo n'a pas pour but de dénoncer une pseudo fragilité sémantique et psychique de personnalités à la chevelure claire, mais bien de montrer en quoi cette fille croît être l'image de l'intelligence et de la rhétorique parce qu'elle énonce des phrases dans lesquelles les mots Irak, South Africa, c'est-à-dire les mots de la géopolitique, apparaissent. Dans cette Amérique frileuse et repliée sur elle-même, évoquer l'étranger, ces pays où Georges Bush lui-même n'est venu que récemment, c'est s'imposer socialement. Elle veut donc montrer sa capacité à dépasser sa simple apparence physique en donnant une bonne impression intellectuelle. Encore renforcée par le 'I personnally believe', qui impose l'idée qu'elle est un sujet, qu'elle a une opinion, qu'elle sait s'engager en parlant de ce en quoi elle croit.

     

    Pour renforcer son discours, il lui faut positiver, car elle est une bonne Américaine, prête pour la success story, pas une looser. Elle va ainsi démontrer son altruisme, la bonne intention résidant dans le fait qu'elle pense que les USA doivent aider ces pays, les USA étant les USA, superpuissance qui doit montrer l'exemple.

     

    Pas de chance la question de la spectatrice est faussement géopolitique. Elle rappelle simplement que de nombreux Américains ne savent pas situer leur pays sur une carte du monde et aborde l'angoissant problème d'une Amérique inconsciente d'elle-même, de sa localisation même.

     

    La blonde tente d'abord de répondre, en énonçant une énormité, les Américains n'ont pas de carte, c'est pourquoi ils ne sauraient pas se situer. Tout plutôt que critiquer les Américains. Puis très vite, elle réalise l'erreur: dire que les Américains n'ont pas les moyens d'acheter une carte, ou n'en ont pas eu l'idée, dans ces deux cas, c'est noircir l'image de l'Amérique, elle comprend qu'elle vient de dire une stupidité sans nom, elle part alors à la dérive, en se raccrochant aux branches de son médiatraining, comme un train sur le point de dérailler qui trouve une voie secondaire pour finir sa course. 

     

     

    La réponse est à l'image de notre modernité creuse: une personne inconsciente de ce que son cerveau émet comme message, dans la toute-puissance de l'enfant non encore individué, dit les mots intelligents sans en comprendre le sens, dit les bonnes intentions car on ne pourra pas le lui reprocher, mais fondamentalement ne peut comprendre la question de l'autre, sa position, ses présupposés ou ne peut parvenir à y répondre, car il faudrait alors mobiliser des moyens qu'elle n'a pas et s'apercevoir qu'il y a autre chose dans le monde que son égo-narcissisme.

     

    J'ai le souvenir de ma petite soeur qui enfant à 3 ans ne parvenait pas à comprendre nos conversations de grands. Un jour, elle s'est approchée de nous et a dit : que pensez-vous de la révolution calcique ? Devant notre mine effarée, ne sachant de quoi il s'agissait, elle s'est mise à rire, bien contente d'avoir tout à coup introduit trois secondes de doute dans nos certitudes de cerveaux. Cette blonde me fait le même effet, son imperturbable aplomb pourrait nous faire douter de ce que nous entendons, peut-être est-ce nous qui n'avons rien compris, après tout celui qui a l'air si sûr de lui n'a-t-il pas forcément raison ?(1)

     

     

    Mais qu'avons-nous donc fait pour qu'on nous déteste tant se demanderont de nombreux Américains après le 11 septembre.

     

     

    Je parie que celle-ci ne sait pas non plus pourquoi le monde entier s'est mis à rire en la regardant en boucle sur Youtube.

     

     

    -

    (1) Cela me fait d'ailleurs penser à Sarkozy qui énonce une certitude que jamais non jamais il ne saurait privatiser GDF... et quelques années plus tard la certitude inverse. Tout est dans le ton, dans l'aplomb et le champ sémantique de mots volés dans la sphère des discours intelligents.

     

     


  • Commentaires

    1
    yannick G
    Dimanche 2 Septembre 2007 à 17:37
    Mon ami Bill...
    en voyant cette robe bleue et l'embarras de cette jeune fille s'est proposé de lui dessiner dessus une jolie carte des U.S.A., à raison d'un état par jours, car, bien que très sympa, il n'est plus tout jeune non plus... yG
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    2
    Anthropia Profil de Anthropia
    Dimanche 2 Septembre 2007 à 17:42
    boule et bill
    Tout un programme
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