• Sous le pont

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

     

     

     

    Le pied quand tu avances, tu poses d’abord le bout ou le talon, viser la plante en son centre, cet art de sentir l’angle juste, qui ne creusera pas tes reins, quand poser ta chaussure, la tentative ratée parfois si le sol est cassé, -et dans ces territoires, il l’est souvent-, le risque de ne pas y arriver, mais que la jambe amortira parce qu’il faut bien reposer le pied à cet endroit qui te mènera au mètre suivant, ainsi vous avancez, tout synchroniser, l’Amant vous a pris le coude, dans un même rythme le pas de l’autre, les bras, même les murmures qu’il faut entendre sans s’écarter de soi, dans cet échange le débit d’énergie est à régler, la difficulté, deux tempos d’autant que valse à trois, car le temps de la marche, entre deux enjambées, doit ouvrir le regard, aux quatre points cardinaux tour à tour, mais vous êtes encore à saison de myope, c’est ainsi les premiers temps, comme ceux de l’enfance, le sol sollicite d’abord, et votre tête doit se soucier de mettre un pied devant l’autre, elle vient vérifier comment ça se conjugue ce rendez-vous entre flair et répétition, comme une recette qu’on invente, jamais sûre mais à l’intuition, se méfier sur le trottoir des chicots de gomme, quant à l’énervement du fumeur apostat ex aequo avec le fumeur d’extérieur, qui jette ses moignons de cigarettes, il en va ainsi des religions des villes, qu’on renonce ou pas à fumer l’habitude doit changer, la loi dicte la conduite, scories de chewing-gum ou de cigarettes, qui sait qu’aujourd’hui le Balayeur, celui-là ou un autre, paie pour les diktats, lui seul se charge à moto ou plus souvent à pied - dans ces contrées c’est à pied qu’ils exercent - de ces demi-renoncements ou ces exils à ras d’immeubles, le balayage des villes explose, la sueur du manœuvre aussi, mais le citoyen paie à son tour, alors marcher la ville accepte d’emblée qu’il y aura la saleté, détritus en tous genres, sacs plastiques, tickets de métro usagés, fonds de poches d’urbains répandus en nuisance ou par distraction au sortir d’un mouchoir.

    A cet instant, vous ne sentez rien, parce que l’urbain sait se fermer aux odeurs, dans les Monts jaunes, il vous faut plusieurs heures pour réapprendre le parfum des herbes, de la terre en rosée, ce fumet que prend l’air aux premières chaleurs d’un astre qui réveille, vous sortez de la maison, passant le rideau de mille perles de bois, pas de porte à l’orée de la balade, ici aussi vos pieds hésitent, vieux bitume, gravier venu d’on ne sait où, et la rue tout en pente qui fait illusion jusqu’au premier serpent, ensuite chemin carrossable, mais de carrosse point, et tout cela en montant, la montée de campagne est une promesse d’horizon, alentour des champs de maïs, l’été déjà, camaïeu de paille, juste quelques fougères en abris sous les châtaigniers, de celles que les femmes viennent cueillir pour poser sur les planchers infestés, une sémiologie de plantes où vous êtes analphabète, mais pas elles qui vous dictent parfois la leçon à plein ciel, monter, vous sentez votre colonne s’incurver, vous êtes papier crayon à vouloir tout noter, votre respiration s’est déployée dans l’attente joyeuse d’un ciel qui comble, ça grimpe, une volonté soudain qu’il faut muscler, j’y arriverai, encore cet autre lacet, et puis au bout un suivant, l’œil capte un lézard qui s’échappe, trois brins de blé comme trois jeunes marmots semblent attendre, les talus qui cèlent le contrebas, et la pensée fugace que le Patineur a rejoint les lacs glacés éternels et qu’il vous appartient de faire le positif dans cette ascension qu’est la vie. La promesse de sommet n’en est pas une, parvenue à ce chemin qui contemple de part et d’autre les flancs d’une colline, vous savez que l’écriture n’a plus à présent le prétexte de ces réalités ravageuses, les dépendants de vous se sont émancipés, ils ne nécessitent plus les gestes premiers, et dans les zébrures qui font chemin entre les hautes tiges à bulbes, vous lisez les lignes d’un récit qui se trouve peu à peu.

     

     

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  • Golf

    crédit photo anthropia # org


     

    Curieux, après cette relecture,

    qui me fait voir l'étendue de la tâche,

    tout ce qu'il faut resserrer,

    supprimer sans doute le chapter # 2

    enfin ça reste à voir,

    mettre tout de suite le # 3 ou pas,

    je suis quand-même joyeuse.

     

    Réfléchir maintenant

    à comment le biographique,

    qui n'a plus d'urgence à se dire,

    en tout cas pas la même,

    ou plutôt qui est le prétexte d'ici,

    comment garder le cap dans ce qu'il convient

    de décrire comme une ligne mélodique,

    les paysages, la route, le chemin

    distillant des fragments de récits sur l'enfance

    et puis l'histoire, l'homme.

     

    Curieux, je suis joyeuse,

    ce récit qui n'était que verticalité,

    de hâchures zigzaguant vers le haut,

    vers le passé, mains tendues,

    un code-barre de l'enfance,

    est devenu une ligne horizontale, enfin plusieurs,

    qui va aller son récit.

    Passer du diachronique au synchronique,

    ça n'a pas l'air comme ça, mais

    transformation de moi, profonde,

    la construction du roman enfin possible,

    comment les courts chapitres se couchent

    pour s'insinuer dans l'horizon des jours.

     

    Curieux, je suis confiante,

    je ne renonce pas au premier chapitre,

    et peut-être même pas au second,

    faut qu'ça grince,

    au chapitre 3 que j'écris,

    ça doit reprendre en charge

    le récit de l'enfance,

    rajouter,

     

    et j'espère.

     

    Et pour le style, oui, les virugles,

    les fautes d'orthographes, les arrêts parfois brutaux,

    les répétitions, la syntaxe,

    mais toujours se centrer sur le rythme,

    entendre la voix, rallonger certains passages,

    et ne plus fermer les yeux, c'est là-bas que je vais.

    Je veux ce livre sonore jusqu'à la fin.

     

     

     

     


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  • Thomas Hirschhorn

    How to dance Spinoza ?

    FIAC 2008

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    Le quadrilatère creuse un boyau haut de vingt mètres d’un côté et sans doute de six de l’autre, asymétrie directe d'avance ressentie, la rue, s’affiche courte en sa prémisse d’étendue, annoncez l’intention, là où vous allez, car sinon le sillon n’est qu’un petit sillon, sans grande importance, on en voit le bout vers l’épicerie, où s'est installée une tirelire verte qui permet de donner son obole à la nouvelle mosquée, à l’autre extrémité une avenue vient la barrer, elle est contenue dans cette espace au carré, comme on fait son lit, ou plutôt un rectangle, bien délimité, c’est par grand-rue que le soleil arrive, dans son axe, vous voyez peut-être à cinquante mètres un jardin, preuve par l’arbre, scandé d’une clôture, et dans l’au-delà du regard levé une cité de brique, architecture d’usine à humains, le tout début d’un siècle, l’ouvrier logé près du travail, mais revenons à la rue, elle fait ancrage, passé le portail de métal blanc, aux discrètes traces de rouille, qui seront tôt ou tard creusées, recouvertes d’orange, consolidées d’un enduit et après ponçage, cachées par une peinture qui nivellera le tout, vous êtes dans Espace clos sauf lignes de fuite déjà expliquées, l’idée même d’âme, close et ouverte à la fois, Spinoza.

    Mettez-vous dans le sens d’un courant, soit d’un côté soit de l’autre peu importe, vous pourriez aller par le chemin des crêtes faire le tour de la ville côté jardin, côté secret que les voitures ignorent, mais vous vous retournez, aujourd’hui sera chemin de confluence, vous allez y marcher ensemble, c’est un pari, à la lueur du jour, vous n’êtes plus qu’humains de chair et d’os, vous savez qu’à marcher quelque chose d’une transformation s’accomplit, en contempler les effets sur soi et sur l’autre, comment ça affecte, là, la lenteur, le mouvement, la vitesse, le repos, ce temps de la marche qui s’organise par le jeu intérieur et la valse à deux, comment l’espace constitue dans l’acte de marcher l’idée de l’âme comme un corps, voyez et appréciez, à droite, des cubes de béton, du violet et du gris, une large frange les borde qui met l’immeuble en respect, les zones de respect dans les villes, protection, pas d’arrosage du piéton, et pour le signifier des pneus noirs dans lesquels on fait pousser des fleurs, pensées des villes, elles vous pensent, à gauche l’atelier de confection gourmande, le Nourrisseur, le traiteur sur mesure, le traiteur scénographe, initiateur du métissage, c’est écrit sur les panneaux, une tour de contrôle à trois baies, juchée sur un pilotis blanc, une bouche dégueule les camions pour le ventre, juste à côté sans doute est-ce le laboratoire des expérimentations mélangées, une maison, toit deux pentes, dans le triangle du toit, une lucarne, celle d’un contremaître, le tout fait maisonnette, la façade blanche aussi, d’où l’impression d’ensemble avec le Nourrisseur, avec ses trois fenêtres étroites qui donnent sur le trottoir, et sur le toit par surcroît deux hautes cheminées, deux tranches de cheminées très minces, comme une économie ou une contrainte d’urbanisme, ne pas menacer le voisinage, elles se succèdent avec intervalle et sur leur crête quatre pistons à fumée, ça fera quatre fois deux huit pour cracher les odeurs, pour marquer le territoire des saveurs sur l’âme, il y aura bien aussi quelques âmes d’ailleurs à fréquenter le lieu, elles vous ont touchée, on peut dire affectée, donc elle n'hésiteront pas à se manifester, au présent sont le trottoir parqués d’épais camions court sur pattes, des Shar Peï, gueules carrées presque plates, les rectangles de pare-brise rappelant la structure de la tour de vigie, comme si toujours présente quand ça se déplace, suivre le conducteur, géo-localisation au GPS, ça se passe, dans sa tournée de livraison, les saveurs, mais le chauffeur reste sous l’œil, de l’autre côté l’immeuble fait masse, mais avec alvéoles, ces vides effilés censés donner la lumière mais qui la confisquent sitôt qu’elle arrive et pourquoi pas puisque là commence le royaume de la nuit, habile transition voulue par l'architecte.

    Le rythme est donné, tu entends les caixas, elles mettent en tension, elles attirent, c’est le but là-bas la musique la chaleur et la danse, mais ici c’est tango entre l’immuable du béton, sa lenteur, la largeur de la bordure, il faut la traverser, et même ces plantations un peu plus loin dans leurs starting-blocks, qui font illusion d'une verdure, d'un début de paysage, et en face, la ruche, la vitesse, les saveurs, le métissage, la hiérarchie et les tournées, je rentre, je sors, matin et soir, le panneau rouge et bleu qui clignote par tous temps, et retour à la nuit, pour la citadelle qui protège du jour, on y entre par l'arrière, ou est-ce l'avant pour eux ?, la nuit accueillante, le lit, le lieu du repos, l’insatiable bras qui absorbe au moment du coucher, l’instant d’y retourner, voilà planté le décor, partir de soi, de l’autre, de ce double mouvement, rire et dormir, du producteur au consommateur, rébellion des travailleurs, soupirs de froissements de drap, travail et gémir, le va-et-vient des corps, le va-et-vient de vivre.

     

     

     


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  • L'Assemblée nationale

    crédit photo anthropia # org

     

     

    Mon combat avec l’ange, de la pornographie, de la nudité et des étoiles, de la traversée du corps jusqu’aux confins de l’esprit, je revendique tout cela dans ce texte : et s'il faut claudiquer pour ça, claudiquons.

    La relecture à froid permettra de reprendre, je devrai/s revoir quelques ruptures de rythme, mais pas ses mots à lui. Je tiens Chouraqui pour un des plus forts traducteurs de la bible ; nous avons pratiqué pendant de longues années la lecture de ce texte, nous étions un groupe de psys, etc., nous lisions une fois par semaine quelques lignes à peine, notre but était d’entendre la musique, de déconstruire l’appareil historico-critique, le poids mort des dogmes religieux, de rentrer dans le texte, dans sa polyphonie, en confrontant les différentes traductions avec le mot-à-mot apporté par les hébraïsants du groupe. Et ce qui nous frappait chaque fois était la chape de plomb qui recouvrait le sens, nous reparcourions nos souvenirs d’enfants catholiques, protestants, juifs, une des  forces du groupe, et nous étonnions de cet écart, comment on a perdu les deux arbres de l’Eden pour n’en garder qu’un seul, quel enjeu avait ce recouvrement par les trois monothéismes, un exemple, le plus frappant sans doute, parmi d'autres. Et presque toujours celui qui nous réconciliait, qui laissait ouvertes les portes, dans les zones sombres du texte, c'était Chouraqui, il rendait perceptible l’inaudible, indécidable le flou, préférant l’étrangeté à l’arrangé final. Ce qui ne veut pas dire que toute traduction doive être ainsi, ni que je dédaigne les autres traductions, je parle simplement de mon/notre expérience avec les lignes les plus intraduisibles de ce texte-là.

    Que l’étrangeté dérange, nul n'en doute, je suppose que la dissociation génère chez l'autre le ressenti d'un double discours (donc faux), alors qu'il est l'objet même du mal-être. Y mettre de beaux mots, vouloir amortir le choc est sans doute maladroit, j'y vois plutôt une tentative d'être entendue là, et même si je dois crier plutôt que me taire, I prefer to, se dire dans la faille, dans la distorsion, plutôt que recourir aux faux-selfs. Je n’aime pas ce mot, mais il dit bien le recours au "self-servi" qui tient lieu de sujet quand on s’est réfugié dans la crypte. Je ne veux plus donner le change à l’enfant souffrant, je veux marcher vivante et dresser la tête, alors, écrire pour moi, c’est montrer l’entrebâillé de soi, non la schize de nature différente, mais le perpétuel jeu discontinu et continu qui fait pont et schisme à la fois, le passage en voix de tête, puis le retour au grave. Ne nous y trompons, si ça chatoie, n'y voir que le miroitement des deux positions ensemble, ça fasseye, comme une voile au vent ou une cravate à la caméra, c’est le tremblé qui fait illusion. Toute la difficulté consiste à rendre cela réel, show, don't tell, tenir cette position dans l’écriture, c’est se mettre à l’exacte frontière entre l’individu et le groupe, entre l'être humain et l'animal, entre soi et les paysages, dans cet entre-deux où l'on est parfois perdu à soi-même, parfois pas. Et si l’on croit qu’on a le choix, on se trompe.

    Je pars d’Ivrit, ce sera une manifestation, le grand rendez-vous, nous marcherons, nous les frères et sœurs de, et moi et nous dedans parmi eux, le chemin sera non convenu, le back-office de la ville, et puis la surprise. Il y en a une. Parce que ce livre est le livre des surprises ou de l'émerveillement, comme on voudra.

     



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  • Pierre Huyghe

    A journey that wasn't

    2008

    Courtesey Galerie Marian Goodmann

    Crédit photo anthropia # org

     

    Ecrire, corriger, effacer,

    reprendre le style,

    revoir la ponctuation elle m'entraîne souvent

    mais c'est le rythme qui dicte,

    et parfois cet étrange enjambement

    entre la phrase qui précède

    et celle qui suit, je sais,

    ça fait courroie d'entraînement,

    on hésite, on recule on repart

    un peu comme moi, c'est mon doute

    qui travaille là.

     

    Ecrire, corriger, effacer, reprendre,

    ce sera donc un numescrit

    à ciel ouvert, c'est même ça la différence,

    une mine à ciel ouvert,

    ça s'écrit pour moi, pour l'autre,

    pour certains, contre quelques-uns,

    en réseau avec et contre,

    et merci aux amis lointains

    qui font signe, et c'est bien.

     

    Ecrire, corriger, effacer, partir,

    ça le fait,

    ça prend un peu de temps,

    faut habituer la grenouille,

    en chauffant l'eau peu à peu,

    légèrement décepter

    puis montrer que non décidément non,

    c'est plus possible,

    fallait d'abord que je me le dise à moi-même,

    et ça c'est fait depuis quelques semaines.

    C'est une construction de vie,

    une transposition de paysage aussi.

     

    Que dire enfin de ce qui précède,

    que je commence à voir mon imaginaire,

    je le découvre, voyez-vous,

    il manque encore de chair, de sexe, de violence,

    vous allez me dire, y en a plein ton blog de tout ça,

    mais ce qui compte c'est de tresser le corps avec les images,

    de faire du fantasme un flux d'images rieuses,

    de mettre le couteau dans la jouissance,

    et que la jouissance éclate en étoiles,

    pas juste du point G savamment orchestré,

    de l'exubérance incarnée, de la solitude traversée,

    par lui, nom d'une torah,

    et merdre à mes chiens.

     

    Et si je mets pas les liens

    avec tous ces beaux textes que je lis,

    c'est que j'ai pas le temps.

    Je cours après la vie.


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