• crédit photo anthropia # blog

     

     

     

     

    Sur la voiture qui vous suit, un objet est arrimé sur les barres de toit, une boîte assez haute de couleur orange. Vous n'avez jamais ouvert ce qu’on appelle « boîte noire », ignorance de ce qu'il se cache à l’intérieur, on dit que s'y trouvent des enregistrements, des sons et des données, qu'ils disent les derniers instants d'un avion comme un arrêt du temps, et "juste avant le crash, ce qui s'est passé s'est déroulé ainsi", un tango sinistre, la conversation du cockpit à l'instant de la fin, enfin à celui qui précède.

    Comment retrouve-t-on la boîte rouge après un accident, est-elle en morceaux, éclatée dans la chute, sans doute pas, on dit que le boîtier ne fait pas débris, que, seul, il résiste au grand choc, qu'on l'a rangé après les ailes au fond de l'appareil pour ça, analyse statistique des pièces les moins détruites, celles qui tombent de l'arrière, on sait qu'à cette place les chances sont plus fortes qu'il n'aboutisse jamais à la casse. Même si on le cherche, lui et ses secrets, parfois de longs jours, on finit toujours par le retrouver ce dernier confident, et quand il apparaît, il livre ses mystères. Car elle dure, sa mémoire, programmée pour six années de résistance au temps, protégée du feu, du froid et puis de l'eau.

    Pour autant, l'enregistreur si bien enveloppé n'est utile qu'a posteriori, il ne prévient pas l'événement, ni ne guérit ses conséquences, il est un témoin dans l'affaire, envoyé valdingué comme les autres, mais indispensable, promis au dernier mot.

    Ce qui ne vous explique pas pourquoi ce cube fixé par des tendeurs sur le toit de l’auto.

     

     

     



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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

    J’ai laissé mon livre en plan depuis dix jours déjà pour cause de mission et d’USA et m’arrive le malaise, ce que je ne fais pas me remonte par tous les pores de la peau, mon baromètre à la dérive, deviens irritable, ne supporte plus le moindre titre ou tweet de traviole, finalement il n’y a que dans ce texte que je suis bien, mon chez-moi, et puis le rêve aussi, cette netteté de mon rêve de cette nuit, non qu’il soit simple, sous couvert d’une conversation limpide, un dialogue mais plutôt pythique –est-ce que ça se dit ça pythique-, cette année je crois que c’est la première fois dans ma vie que je rêve de gens qui me parlent les grandes figures de ma vie et d’autres inconnues que j’ai l’air de connaître là-bas dans mon ciel de lit et leurs messages vibrent en moi de joie, de reconnaissance et de direction, restent les mystères que je n’ai pas su percer, mais au matin comme de bons conseils à moi donnés, retour à l’écriture, tissage serré, le montage le voyage, le soi et quelque chose d’autre qui flotte, pas de triche avec moi, mes écoutilles ultra-sensibles, non je ne me prends pas pour, j’ai juste une longue pratique.

     

    Désolée ce jour pour celle qui m’a quittée sur Twitter, parfois on est juste à cran et l’autre passe au mauvais moment, je ne la connais pas, ne sais même pas qui dans le paysage actantiel, mais bon ça n’était pas une raison pour être discourtoise.

     


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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

    Je devais avoir neuf ans, vous y aviez été ou quelque chose comme ça, cette langue ce ruban poli qui entre dans mon souvenir, depuis ces jours n’ai plus jamais aimé que les plages de sable fin et blanc, la quintessence de mer pour moi est le mot de ce bord. Trois souvenirs, le sable qui glisse des sandales de plastique comme en son univers naturel et qui revient et qui repart que plus on marche plus on l’aspire et plus on le ressent et plus il repart mais qu’on sait qu’on y est toute dans le beach, qui file jusqu’à et ne le savais, mais le mot est galvaudé il ravale aux Boys à la voix facile qui sirupe même si on a appris depuis qu’il germait en lui la vague comme métaphysique l’époque était à la blondeur pas ma langueur, alors on aimerait disposer d’un mot d’intimité, un mot du quant-à-nous pour le dire ce sentiment qu’on est placé là à l’exacte géographie des pays, même plus loin ce village qui touche de près, et dans la longe d’un lien qui ne s’effiloche pas, j’allais en colo, comme ça qu’on disait, c’était les colos P., ajoutaient même un château, le souvenir que de toiles, des grandes où on dormait à dix, à quinze, mais spacieuses comme un luxe le temps où pas de temps de vacances ensemble pour eux la galère on envoie les enfants et pour moi la responsabilité, t’as un frère et il se casse toujours quelque chose, alors à l’heure de la sieste au lieu d’être dans les bras on est au chevet d’un hôpital peut-être Les sables, j’aime pas cette odeur d’éther comme s’il y rejouait notre cimetière intérieur, à qui veut-il faire peur, et moi d’y aller dans l’auto du mono, je le prends comme une sortie, mais en fait ça me sort des chansons de la plonge et du plaisir des mots, les hirondelles, les colibris, les petits en volière, et puis de l’atelier de tressage, du rotin, mes formes un peu cabossées, mais la maîtrise d’une nouvelle technique comme d’ici l’apprentissage, trois images ça, la langue l’auto et puis la vannerie. Juste un peu plus au nord.

     

     



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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Ça grésille à l’intérieur, ligne éclectique,

    Et sous la porte en soufflet vers le bas

    va petit courant d’air ne payant pas de froid,

    que laisse passer le rideau épais mal refermé.

     

    A cinq mètres, lumière à gauche, diffusion,

    spot caché dans la cuisine,

    aperçu du plateau à miroir année trente,

    via le petit bureau resté dans l’obscurité.

     

    Luminaire du soir accroché à la baie,

    stable dans le feuillu indolent,

     

    Entrée dans tableau côté droit,

    un corps d’homme allongé en bordure de rivière,

    une aquarelle atypique, deux mètres par un vingt.

     

    Petite poucette crayon de couleur,

    en rouge et brun assise sur son tronc d’arbre,

    une Alpe Paramount qui s’enrobe d'étoiles,

    neuf visibles, les bords sont estompés,

    et quatre tétraèdres de béton blanc, une photo.

     

    Plus près, sur la table, un Quo Vadis sur le flanc,

    une affiche dit Genet, Gatti, Ionesco, Cixous, Colas,

    Sarraute, Handke, Cadiot,

    etc.

    toile de tente d’Eschyle qui rebique du cul, un barbu sur la tranche,

    un poche éclaté de Blanchot, vert, une tasse à boire vide,

    une chaîne à boule à thé, murmure parfum citron,

    vidéoprojecteur reste sur le côté.

     

    Repart zoom avant, trois lettres, a, r,t, en zinc

    et ça fait ART sur le meuble bas.

    Zoom arrière, trois lettres, correspondance, des factures.

     

    Une page de sites et codes, identifiants, mots de passe,

    d’abord imprimée,

    puis compléments manuscrits, juste au bord de l’écran.

    En lien, un drive externe rose pour les photos,

    un autre noir pour les textes.

    Un tube blanc qui arrête de fumer, qui lui ?, non bientôt.

    Une boîte à pastilles de vitamine C.

    Un stylo anthropomorphe rouge, galbé, tête ronde,

    le bras du capuchon s'adapte au tronc.

    Le pied d’un micro de table, qu’on visse sous le bidule,

     

    Au sol, une rallonge, quatre prises déjà occupées.

     

    A droite des livres d’art ou sur l’art,

    on lit sur les tranches, St-Guilhem-le-Désert, Zao Wou-Ki,

    des planches de Cattelan, dont on ne voit que la première,

    Untitled, doigts unis.

    Chez Folio de Kandinski, Du spirituel dans l’art,

    au Seuil de Catherine Grenier, lu péniblement en se penchant,

    La revanche des émotions,

    un essai d’art contemporain,

     

    Mes pieds dans les sandales l’un posé sur le parquet,

    l’autre en suspension appui de la jambe droite,

    A gauche les CD empilés comme des tiroirs,

    trop loin pour y voir.

    Au-dessus sous verre le dessin à la plume,

    en fait à la palette graphique, Shanghai,

    juste les structures à peine esquissées,

    de Stani, un plasticien belge.

     

    Au fond un tableau bleu, noir et argent

    avec objet blanc, une boîte noire.

    Sur le muret, un pixel-bougie

    format quinze centimètres en noir et blanc,

    jamais servi,

    c’est une œuvre.

     

    Sur un drive-relais le mot Verbatim,

    que révèle un paquet de pages imprimées posées sur la table,

    police sobre, pas d'empâtement,

    un catalogue de Noël sorti de la boîte aux lettres aujourd’hui,

    et puis, et puis, et puis, quoi d’autre.

     

     



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  • ouverture de toit
    crédit photo anthropia # blog

     

    J’ai décidé de faire mon timetable,

    A afficher au-dessus du bureau,

    Mais comme j’écris sur la grande table,

    Va me falloir ça en un autre format.

     

    Timetable, donc.

    Lever tôt, 6h ?, pas très tôt,

    Mais je n’y peux, j’aime mon lit le matin,

    Quand je mets à sonner mon impatient, le rêve me retient.

    Donc 6h, pour entendre froid dans la tête,

    Le la de soi.

    Ecrire deux heures, entre le thé et le café,

    S’empêcher d’écouter Les Matins, d’aller lire sur tablette,

    de triturer les textes, en long en large et en travers

    Ça le plus difficile, va me falloir tel Ulysse m’attacher au mât.

    Car à petite sirène les chants sont du maître,

    ce malin qui vous guette depuis les persiennes.

    8h30 à 9h, la marche.

    Or donc, nous voilà rendu vers 9h, une petite incartade radio

    Puis aller à lecture. Là on a droit, on a déjà deux belles heures de couché sur le papier.

    9h-11h, plutôt l’intégrale Claude Simon, par ces jours, puis on met au feu les plats du déjeuner.

    sans se couper de préférence, ces potimarrons sont éprouvants pour les doigts layolés.

    Mais surprise parfois d’un texte qui se déclare à l’échappée d’un mot qui obsède des pas, le plus souvent une réponse qu’en escalier on a saisie et qu’il faut ajouter son mot, qu’on ne peut renoncer à y aller sur le papier, peut entraîner une heure ou plus.

    12h, on se rattrape un peu sur Twitter, les liens, les sites qu’on aime,

    On déjeune.

    Et puis retour 14 heures. Là, en principe on est crevé, donc on fait la sieste d’une heure.

    On repart dare-dare à 15h jusqu’à 19h, avec le break twitter au thé, plutôt des recherches dans ce temps ou relecture, corrections sans trop enlever du flux d’inspiration. Avec toutefois un pic vers 18h, là on a une sorte d’inspirée virgule.

    A 19h, on lit, en ce moment lecture d’Ecrire la Vie, avec retours aux livres tant aimés d’Annie Ernaux, j’en suis aux photos. Beau. Infidélités avec Les Exilées d’Eschyle et d’autres livres, etc.

    A 20h, c’est selon, amis ou pas, twitter ou pas, enfin le soir, ça peut aussi être écriture, quand ça prend, qu’un poème arrive ou pas, ou spectacle à distance, du théâtre, un peu de cinéma, s’inspirer des auteurs respectueusement.

    Mais je pense que le livre va s’écrire complètement dans l’enterré des heures, hors wifi, et pas joujou, et pas amour, comme mes rapports enfournés sur trois jours, que je fume, et pas que cigarettes, que quand toute la matière, là, préparée à coups de research, de bribes, de macramé, je prends tout et dans les heures de la grande envolée, je sculpte la forme finale.

    PS : Mais tout ça est bien théorique, le boulot, les travaux maison, la douceur des bulles à la salle de bain, les visites, alors tenir au moins le matin tôt, c'est déjà bien.

     



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