• La nuit, le Codeur, la Femme

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

     

    1

    Le Codeur. Je suis là, je vous suis.

    La Femme. Qui me suit ?

    Le Codeur. Vous m'avez déjà lu, je suis sur vos chemins.

    La Femme. Mais qui êtes-vous ?

    Le Codeur. Vous m'avez reconnu ?

    La Femme. Oui, je crois, mais ça ne me dit rien sur ce qui vous amène ici.

     

    2

    La Femme. C'est amusant, vos commentaires,

    je ne les comprends pas tous.

    Le Codeur : Eh, eh.

    La Femme. J'essaie de me faire une opinion sur vous,

    mais difficile.

    Le Codeur : Ne vous inquiétez pas, je suis là.

     

    Ces jours à croire qu'un jour.

     

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    La Femme. Je crois que j'ai vu tout de suite

    que vous me suiviez, dès le premier jour en fait.

    Le Codeur. Eh oui, j'ai l'oeil.

    La Femme. Mais quel oeil ? Vous ne me connaissez pas.

    Le Codeur : c'est à dire…

    La Femme. Dire quoi ? Vous me connaissez ?

    Le Codeur. …..

     

    4

    La Femme. Je ne comprends pas tout de ce que vous dites.

    C'est parfois mystérieux.

    Le Codeur : Qu'est-ce qui est mystérieux ?

    La Femme. Votre présence,

    il semble que vous communiquiez

    avec des gens du monde entier.

    Le Codeur. C'est pas faux.

    La Femme. Et moi je ne vois que des bribes,

    par ci par là, je ne sais rien de vous.

    Le Codeur : Vous êtes tout aussi obscure,

    vos fils d'Ariane que vous affichez

    et dont on ne sait où ils mènent.

    La Femme. Mes fils d'Ariane.

    Mais je suis transparente, je ne parle que la vérité, la voix claire.

    Le Codeur. La vérité, hein, la vérité ?

    La Femme. Mais oui, je tente de me dire

    au plus près de ce que je ressens.

    Le Codeur. Mais vous changez souvent de ressenti, semble-t-il ?

    La Femme. Oui, je joue avec ma mémoire, ma passoire,

    je ne fais pas l'effort de retrouver les faits, les précisions.

     

    Les sèmes, juste les sèmes, elle se fait l'impression d'un petit Poucet

    quand elle tente de retrouver le chemin.

     

    5

    Le Codeur. Tu parles de quoi, là ?

    La Femme. Vous tu me tutoies maintenant ?

    Le Codeur. Juste un soir, envie de m'amuser.

     

    Et puis un jour, cet homme la touche

    avec ses mots sur la page. Elle ne sait plus pour quoi.

     

     

    6

    Le Codeur. Moi ça me va bien la technique,

    d'ailleurs j'avais déjà vu des photos sur les formes du travail.

    La femme. Alors vous étiez déjà venu ?

    Le Codeur. N'avoue jamais, jamais, jamais….

    La Femme. Mais vous m'avez laissé des messages ?

    Le Codeur : ….

     

    L'homme vient en Américain et en technicien, il semble prendre d'assaut,

    parfois se met à rire ou en colère, ces petits sèmes qui font fleurir l'enfance.

    Et elle revient. Et puis les mots du texte, ses billets qu'elle lit.

     

    7

    La Femme. Mais vous aussi, vous avez de belles photos,

    j'ai aimé vos entrailles du métal et puis la forme des villes.

    Le Codeur. Mes strates, mes alluvions, ma cathédrale-poisson,

    une esthétique à coucher, de longtemps me ploie.

    La Femme. La mienne est venue peu à peu.

    Je ne sais dire quand j'ai appris à aimer le laid.

    Le Codeur. Non, le laid n'est pas laid.

    C'est le beau d'aujourd'hui.

    La Femme. Je crois que c'est le regard qui fait l'aujourd'hui,

    ce qui nous est donné, qu'on veut bien regarder.

    Le Codeur. Oui, même les lignes de code sont belles,

    les signes, les bouts de textes entremêlés.

    La Femme. Oui, étrange la lecture des lignes, cet entrelacs,

    on reconnait du discours et puis tout ce jargon autour,

    mais je n'y comprends rien. (Elle rit :-)).

    Le Codeur. Vous devriez. (triste mine :().

     

    8

    Le Codeur. Yeah ! ça swingue.

    La Femme. Vous aimez la musique.

    Le Codeur. Sans musique, comment écrire les lignes de code ?

    La Femme. Oui, toujours vos lignes, une sorte de partition,

    avec ses signes kabbalistiques.

    Le Codeur. N'y voyez rien d'obscur,

    ça ne l'est que parce que vous et les autres

    refusez de vous y intéresser.

    La Femme. C'est si sec, aride comme le désert.

    Le Codeur. Et pourtant, ça nourrit votre peau,

    les façades de vos rues, les lumières de vos vies.

    La Femme. Sans doute, sans doute.

    Mais j'aime le tamis, quand remonte à la surface

    la belle longueur des phrases.

     

    A force de lire ses mots, elle est entrée dans sa musique

    et a mis ses pieds dans les traces et elle ne s'en lasse pas.

     

    La ville est une timeline, on la partage et pourtant elle est à chacun en propre.

    Et les mots de l'homme du livre se sont habitués à se restreindre

    en tous petits messages, parfois à elle adressés,

    et parfois pas, des mots légers, presque par hasard.

     

    9

    Le Codeur. Si vous ne publiez pas, je vais partir.

    La Femme. Mais je ne suis pas prête.

    Le Codeur. Oui, mais c'est comme ça, je suis

    La Femme. Inconstant ?

    Le Codeur. Peut-être.

     

    10

    La Femme. Ne me mettez pas la pression,

    je suis blackboulée dans ce grand chambardement.

    Le Codeur. Faut vous y faire.

    La Femme. M'y faire ? Alors c'est ça le prix à payer ?

    Le Codeur………………….

    La Femme. Le monde est silencieux sans vous.

    Le Codeur. Et ?

    La Femme. Mais avec vous il est si multiple,

    il sème à tous vents et je ne sais

    Le Codeur. C'est simple, apprenez html, et tout le tralala.

    La Femme. J'ai appris html, et puis j'ai oublié,

    je pourrais réapprendre...

    Le Codeur. Voilà, on y vient, vous allez enfin comprendre.

    La Femme. Je peux apprendre vite,

    mais je n'ai pas l'ami là à côté.

    Le Codeur. Pas mon problème.

    La Femme. Oui, je sais, le mien.

     


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