• La vie comme elle lie

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    Qu’est-ce qu’un lien social ? Ce qui se passe très physiquement quand je tends la main à quelqu’un et que ce quelqu’un me tend la sienne, par la réunion de nos bras, nous créons physiquement le lien, un lien d’un à deux mètres ; nous générons ainsi un flux physique, où s’échangent des sensations, qui s’accompagne d’un contact des yeux, une reconnaissance au sens du repérage. Que se passe-t-il à l’intérieur de chacun de nous quand nous faisons cette expérience ? Cela nous appartient, vient enrichir nos circuits synaptiques et nous donne le sentiment d’être au monde.

    On pourrait aussi le définir parle corps-à-corps d’un rapport amoureux, qu’il y ait ou pas amour d’ailleurs, les tapes amicales ou le sentiment si particulier d’un enfant contre soi, dans ses bras : je viens de rencontrer un bébé de 2 jours et j’ai eu cette sensation d’être tout à coup prise en compte par ce regard encore vierge, je me sentais imprimée, et j’ai eu à mon tour un regard d’inclusion, viens dans mon environnement, petit d’homme.

    Pourquoi je pense que le lien social n’a rien à faire avec les amitiés de net ? Parce que c’est la sensation physique qui compte, c’est la simultanéité de la relation, l’échange dans le même lieu, au même instant, dans le même mouvement. Unité de temps, de lieu et d’action, c’est la définition du théâtre classique. Le lien social a besoin de présent, de présentation, de représentation aussi. Il se joue dans ce triple ensemble, moi, toi/moi et toi. L’unité de lieu prime parce qu’elle permet le langage non-verbal, non intellectualisé, la captation des micro-signes que nous donnons de nous-mêmes et que nous enregistrons de l’autre.

    L’autre jour ma voisine a compté les amies de la voisine du dessous ou plutôt elle lui a demandé combien elle en avait ;  elle en a 35, m’a-t-elle confié. Quel drôle de compte d’apothicaire, ai-je pensé, quelle idée de compter ses amies. 35 peaux, 35 paires d’yeux, 35 sourires, 35 baisers du bonjour et de l’au revoir. Puis je me suis dit que la voisine du dessous, sclérosée en plaques, scotchée chez elle toute la journée, avait besoin des ces liens sociaux, qu’elle les cultive à domicile parce qu’elle ne les trouve pas sur un lieu de travail, en faisant ses courses ou en sortant. 35, ce serait cela une définition du corps social sur lequel nous nous appuyons au jour le jour pour vivre et demeurer vivant.

    Et je l’avoue, en quittant la copine, je me suis mise à compter. Un, deux, trois …. Et vous, ça vous en fait combien ?

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    David
    Dimanche 25 Juillet 2010 à 00:37
    Pour la question...
    Pas mieux. J'ai eu un ami au téléphone cette après-midi, j'ai passé un peu de temps avec deux autres il y a deux jours, et avec encore un autre la veille. Mais je relie peut-être maladroitement la question du nombre d'amis au lien social évoqué juste avant, et l'importance de l'unité de lieu, et de temps. J'ai eu nombre d'amis dont j'avais des nouvelles de loin en loin, comment les recenser, quelle date de péremption, est-ce que les rapports amicaux comme les rapports amoureux seraient avec ou sans... un truc ? Mais c'est l'intellectualisation énoncée des "amitiés du net" par rapport à un lien social qui serait plus complexe, complet, voire simplement existant, sans l'intermédiaire du net, si je reformule bien, qui m'a fait réagir en premier. Pourquoi ce verbe "intellectualiser" dans un sens où il n'est plus une liberté, comme un "je pense donc je ne suis plus... " là, en train d'écrire ce message ? Intellectualiser ce n'est plus penser par soi-même, "être au monde" passe plutôt par les sens, ça inclue les sensations comme la soif ou la faim ? et la paix qui permet ce lien social, elle n'a pas été et continue d'être "intellectualisée" ? Ce n'est pas vraiment synonyme la liberté et "être au monde" mais le premier mot manquer à mon goût pour me faire une idée du second. Il est forcement à l'intérieur, et il est lié à la pensée, à "l'intellectualisation", alors la faim, la soif, les poignées de main et la communication non-verbale, et un enfant blottis sur la poitrine, lui enlève t’il toute valeur ? Je n'ai pas fait exprès de contourner le genre féminin du mot "liberté" mais les "amitiés du net" pourraient bien être des libertés que le lien social étouffe, parfois même à la chaleur d'un nouveau-né. Je vous salue et garde cela en mémoire un temps, pour le lieu, c'est un peu plus abstrait mais c'est l'Email qui s'en occupe, si j'ai bien compris...
    2
    Anthropia Profil de Anthropia
    Dimanche 25 Juillet 2010 à 10:15
    Nombre, Net et Etouffement
    David, je ne vous connais pas, mais si j'ai rapproché le lien social du nombre, c'est parce que nous choisissons nos liens sociaux, davantage aujourd'hui qu'hier. Que la nature physique de ce que je décris comme lien social est différent d'un lien internet, où manquent des tas de signaux. Je ne récuse pas les amitiés interner, je dis juste que c'est pas pareil. Et que le lien social qui étouffe, c'est le lien social du clan et du groupe qu'on n'a pas choisi ou dans lequel on est mal pris en compte.
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