• Message codé de la mère au fils et ses petits à-côtés

    C. Molusson

    3 Installation Un bon plan

    2005

    Crédit Photo Anthropia (prise à la Box de Bourges)

     

     

    Il est des matins où le corps pourrait exulter, mais qui ne s’y risquera pas. Au frimas qu’on croit déceler sur les arbres du petit bois en face de la chambre, à l’annonce si triste apprise le matin même, à la vision de ces hyènes ricanant, qui revendiquent d’interdire aux autres ce qu’ils veulent garder pour eux, le corps se lève, quelle plus grande urgence que celle de marcher, pour aller au marché justement, et de secouer ces petits bouts de réels, qui vous ont envahie depuis que le vent souffle.

    Limonade, alles war so grenzenlos. Limonade, tout était si infini. Et sur le chemin, je tombe sur les eaux vertes, je veux dire, je croise Mina, assise par terre, jambes repliées sur le côté, tenant près d’elle son fils Robert. Le fils a lui aussi les yeux de marécage, ils font tout deux comme un lien avec leur regard, comme un message codé en morse, trait-point-trait, point-point, trait-point-trait, figurant dans la séquence ouverte la lignée généalogique, l'appartenance à la famille des Cheminants, et plus prosaïquement les eaux troubles du canal de Saint-Denis, là d’où ils viennent, là où ils dorment, coincés entre les bardeaux de bois, recouverts d’affiches de Johnny piquées au Grand Stade, dont ils ont fait leur demeure.


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