• Morts pour qui ?

    Marina Abramovic

    Virgin warrior hearts

     

    Dans l'Ancien Mexique, une tradition prévoyait, quand un guerrier mourait, que ses parents jeûnent pendant quatre-vingt jours sans se laver le visage. La saleté s’incrustait dans les traces de larmes et créait un masque concret de pleurs. A la fin du deuil, ces masques de larmes étaient essuyés, enveloppés de papier et enterrés dans un lieu spécifique comme on avait enterré le défunt, lors de la cérémonie dite de « vestige des larmes ».

    Et j’ai pensé que la cérémonie des Invalides et ses larmes du ciel, qui tombaient à grosses gouttes, ne suffiraient pas à effacer le deuil des familles. Puis, en entendant le discours de l’évêque et celui de notre Président, j’ai pensé que, non, décidément, non, ils n’étaient pas morts pour la France, ils étaient morts pour Sarkozy.

    Parce que personne à part lui n’a pris la décision, personne au Parlement n’a envisagé le casus belli et n’a pensé qu’il était indispensable que nous y soyons, personne n’a voté pour cette guerre-là. Parce que nous savions depuis le début, depuis que les Soviétiques s’y sont cogné les dents, que dans ces montagnes-là, on ne gagne pas les guerres et que ça ne s'arrange pas si on y reste.


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