• Muette

     











    Je ne parviens plus à ouvrir la bouche pour dire un mot, on me guette.











    Si je parle, on se gaussera, on se moquera.











    Je voudrais me taire pour faire silence, mais le silence coûte cher.











    Je voudrais parler pour me défendre, mais mon adversaire a tari la source.




     




    Mes mots sont caducs, rongés par l'acide, des clones en imitent la couleur et l'odeur.




     




    Tu te souviens des mots, quand ils étaient bons, quand ils disaient le sens, le plaisir et la peur ?







    Je suis la fille de la muette, la toquée, la médusée. Un homme me maintient à terre, les bras en croix.






    Le braqueur de parole a convoqué ses amis. Ils sont là, faisant cercle autour de moi.






    L'effroyable Attila avec ses armées de guerriers a rasé la toundra de mes espérances.





    Une cohorte aux visages hâlés par les UV fait déferler la terreur. Mes amis répètent que toute tentative de rebellion, d'indignation ou de préférence est inutile.










    Leur stratégie est en tenaille, la menace et la colère pour me faire trembler, la critique et le rire pour me tétaniser, la conspiration pour m'isoler et la célébration pour étouffer le son de ma voix. 








    Pour obtenir qu'à tout coup, je courbe l'échine.







    La propagande comme une peste noire m'impose son tempo. Des hommes en manteau de cuir rouge, étincelants de dorure, sont apparus, sortis d'on ne sait où.






     






     






     


  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Avril 2007 à 12:15
    ce texte
    me plaît, m'a touché. Louise
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