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Penser/dégager *
Guy de Cointet
De toutes les couleurs
Galerie Air de Paris
Crédit Photo Anthropia
Eric Chevillard se cogne ce jour aux livres de sa bibliothèque.
Hier, c'était Frédéric Ferney qui s'était fait réveiller par une pile de livres
qui s'effondrait à 3 heures du mat,
je ne vous ai pas parlé de mon dernier déménagement,
une véritable horreur,
je revoyais chaque livre et me demandais en quoi il m'avait marqué,
s'il avait compté, s'il serait nécessaire à mon environnement,
et quand c'était non, je le mettais sur la pile des départs.
Puis je me suis mise à faire des petits paquets de livres,
une dizaine à chaque fois,
que je mettais dans un carton devant la vitrine de mon loft
et sur lequel était écrit "Servez-vous".
J'ai ainsi pu dégager près de mille livres,
dont je jugeais que je n'aurais jamais à les réouvrir.
Cela m'a valu le remerciement de passants
et la visite d'un voisin inconnu
qui est venu sonner à la porte du jardin,
se demandant qui était la personne qui jetait ses livres,
car à en juger la teneur, -il s'était beaucoup servi au fur et à mesure-,
il ne doutait pas que je soie d'une conversation intéressante.
Nous bûmes ainsi le thé et il me parla du Japon,
où il avait passé de nombreuses années.
Quant au coup de coeur éprouvé, me séparer de tant de livres,
-rassurez-vous j'en ai encore beaucoup trop-,
pour que cela n'arrive plus jamais,
j'ai une idée pour les éditeurs.
Qu'ils éditent le livre et son CDRom,
on le lit dans son format papier
et on ne conserve que les livres-objets qu'on trouve important,
les autres ne sont conservés
que sous format numérique pour les cinq paragraphes très utiles
ou à titre de sauvegarde, on ne sait jamais.
* Et si vous ne l'avez pas lu, achetez Penser/Classer de Perec,
sur les affres du classement de bibliothèque, "morts de rire".
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Commentaires
2ANthropiaJeudi 12 Février 2009 à 18:21Ben
en fait, je n'avais jamais jeté un livre depuis mon enfance, donc ce sont des livres lus et trouvés peu intéressants, des livres pour ma thèse dont je n'aurai plus besoin, des romans nuls, des essais d'actualité oubliés quand datés, etc.3yannick GJeudi 12 Février 2009 à 18:42Quoi...
tu as jeté tous tes Jospin et Fabius, tes Club des cinq et ta collection de SAS... Ok, je comprends un peu mieux. Tenez, j'ai trouvé finalement le Gass dont vous me parliez tantôt, et pas sur un trottoir. ;) yG5JuléjimVendredi 13 Février 2009 à 21:28Admiration
"...je me suis mise à faire des petits paquets de livres, une dizaine à chaque fois, que je mettais dans un carton devant la vitrine de mon loft et sur lequel était écrit "Servez-vous"." Anthropia, je suis admiratif ! C'est un geste magnifique, même s'il s'agit de se séparer de livres qui ne comptent pas ou plus. Nous aurions dû faire ça depuis longtemps, chez nous. Surtout que nous avons certains livres... en double ! Et aussi de belles bouses ! Au lieu de ça, on en ajoute encore et encore, toujours et toujours. De gros égoïstes, je vous dis ! Si, quand même, nous avons fait un truc plutôt bien dernièrement : offrir un meuble bibliothèque en chêne massif, chevillée à l'ancienne, à notre fille, comme cadeau d'installation dans sa maison. Je trouve le symbole assez beau. Les livres suivront...je suppose.6yannick GSamedi 14 Février 2009 à 15:08Bah in fine, Juléjim...
vos livres finirons aussi sur le trottoir... tout au moins par la volonté de vos ayant-droits. N'est-ce pas ce qui s'appelle tourner la page ? ;) yGTerrible
Difficile de mettre ses doigts dans la bibliothèque de l'autre, impression incestueuse, pénétration dans l'intentionnalité de l'autre, sa collection de livres parle de lui. Et pour les ayant-droits, est-ce un cadeau ?8yannick GSamedi 14 Février 2009 à 16:19Je n'ai rien contre
le fait de disperser post mortem ma collection. J'ai juste une angoisse, que ceux qui le feront en tire un bénéfice financier. Je préfère le don à une ou des bibliothèques, des associations de quartier, qu'une vente à une brocante. Je le prendrai comme une trahison de mon esprit... Hélas, c'est ce qui arrive lorsque nous ne sommes plus là pour le/nous défendre. yG9yannick GSamedi 14 Février 2009 à 16:32Pénétrer l'intimité de l'autre
en cette St Valentin, n'est-ce pas ce à quoi tous nous invitent ? Plus sérieusement, afficher sa bibliothèque chez soi, c'est laisser la possibilité à l'invité de prendre la mesure de qui nous sommes ou plus exactement de ce à quoi nous voulons ressembler. C'est montrer la part de nous que nous assumons, revendiquons, souhaitons partager, diffuser. C'est aussi indirectement dévoiler la place qu'on accorde à l'autre, le temps du livre n'étant pas celui du partage, mais de l'autonomie. Bref, c'est un privilège qu'on me fait lorsqu'on me montre sa vie littéraire, je le déguste toujours avec gourmandise et respect... quoi que je cherche aussi la petite bête, histoire de me foutre de votre gueule gentiment (Qu'est-ce qu'il fout là ce bouquin d'astrologie ? Et celui-ci sur Bernadette ?). Faut assumer non mais. ;) yG10JuléjimSamedi 14 Février 2009 à 18:09J'assume...
...tout. Les bouses comme le reste. D'ailleurs, les bouses sont autant de fausses pistes, de faux nez, histoire de perturber d'éventuels visiteurs/enquêteurs dans leurs prises d'indices... ;-) Anthropia a raison, difficile, délicat, de faire don d'un livre. Ou alors oui, il fat que ce soit un cadeau, ou un message que l'on fait passer. Un geste d'amour à la Valentine, ou au Valentin, par exemple. Mais ça c'est une fois par an !Y aura pas
de livres de Bernadette, ou d'astrologie, chez moi, des romans de tous les siècles, des essais littéraires,, des bouquins de psy, de socio, d'anthropo, d'étymo, d'histoire, de poésie, pièces de théâtre et un peu de science,12JuléjimSamedi 14 Février 2009 à 18:47T'inquiète...
... Anthropia, chez Yannick, toute la rangée du bas des planches de chantier qui lui servent d'étagères, est occupée par des piles de magazines : Voici, Closer, Paris-Match... enfin toute sa doc pour sa thèse en fait. ;-)))
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Woua, cela fait un paquet de bouquin, surtout lorsqu'on sait qu'il s'agit là uniquement du rebut... Mais comment avez-vous pu acheter autant de livres qui ne vous ont pas plu ? Comment expliquez-vous ces rencontres ratées ? Avez-vous tant changé depuis leurs découvertes ? J'ai bien quelques ouvrages dont je pourrai me débarrasser sans remord, mais rien de comparable. J'avoue que cela me laisse pantois. Vous aviez un chauffage à pâte à papier ? yG