• James Hopkins


    Sliding the scale

     

    2006

    (droits réservés)


    2 commentaires
  • Joseph Beuys

    Infiltration homogène pour piano à queue

    1996

     

    (droits réservés)

     


    votre commentaire
  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>
    Nicolas de Stael

    </o:p>
    <o:p>Le Concert

    </o:p>
    <o:p>(droits réservés)</o:p>

    votre commentaire
  •  


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

     

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    J'avais six ans, quand pour la première fois on m'envoya chez mon professeur de piano. Une fois par semaine, j'allais chez Mademoiselle Masson. Elle avait moustache drue au-dessus des lèvres, un air toujours bon enfant, les yeux marron malicieux. Je l'imaginais dès la montée des escaliers, les marches de bois cirées, à large gire,  au tapis épais. L'odeur de cire a valeur pour moi de madeleine, une promesse de joie, une prémisse de musique.

    <o:p> </o:p>

    Mademoiselle Masson était ma mère en piano, Ma Son m'a appris à identifier et à faire miennes les notes du piano, celles qui se mariaient, celles qui dissonaient, qu'on laissait filer jusqu'au bord du supportable, jusqu'à ce qu'un rétablissement remette l'accord en ordre. Avec elle, il y avait du majeur, du mineur, du majeur. C'était à peu près tout, mais que c'était bon.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Parfois, je l'aurais volontiers entraînée dans un mineur qui ne se serait pas redressé, mais elle avait le sens du joyeux, le mélancolique, elle ne l'envisageait que quelques minutes, ne supportant que mal ces bords d'abîmes, dont on ne sait si on en reviendra entier. Elle ne se serait pas retournée sur moi, tant elle aurait craint que je ne tourne Eurydice, statue de sel, pour toujours dans les limbes bleus.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Avec elle, nous jouions à quatre mains. Dans ma famille, je n'avais pas appris ce qu'ensemble voulait dire, mais avec la musique, sur ce piano quart de queue que nous caressions de bonne humeur, dans l'entente tranquille d'un professeur et de son élève, sûrs de leur plaisir et de leur capacité d'y arriver, nous prenions la clef des champs, allions à la coda, reprenions jusqu'à la fin, certitude de l'ouvrage bien faite. Pas d'ambition folle du génie, non juste de la tranquille harmonie.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Bourgeois jeudis d'infante bien propre, bienveillance de la vie, quelques après-midi. La fébrilité active des mères sans amour a ce don de vous offrir le répit de quelques bonheurs, par inadvertance, sans bien y voir. Elle vous condamne à la bonne éducation, sans voir la lueur d'espoir, vite je cachais ma joie, ni l'émotion de la petite à se retrouver dans ce cocon de mélodie. Elle aurait pu le savoir en m'écoutant des heures durant répéter le morceau, entraîner mes doigts à faire le petit pont, délier mes épaules pour gagner en souplesse. Mais elle n'en avait que faire, la mère, elle voulait juste qu'il soit dit que dans un milieu comme le nôtre, les filles sont élevées à la broderie et au piano, comme on nourrit les poules au grain.





    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique