• crédit photo anthropia # blog

     

     Moktar

     


    Il m’a dit, cite-moi. Je m’appelle Moktar. Je veux pouvoir  dire à mon fils que tu m’as cité. Dis ce que tu veux, même des vacheries. Je veux être un personnage de poésie sonore. Ton personnage, Moktar.

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    Moktar. Moque, moque. Il se moque tard, comme il se fait tard, une moquerie à faire, prendre son temps, même tard ça vaut.

    Je fais un à-valoir, Moktar, tu as droit à ton quart à l’heure qu’il te plaira. Tard c’est sûr est un peu tard, tu pourrais toucher la moquerie plus tôt, mais dans ce cas tu aurais dû t’appeler Mokto et je t’aurais moqué plus tôt.

    Mokto fait penser à Cocteau, le poète qui chausse le gant pour traverser le miroir, et le poète a tous les droits, même de te rebaptiser Mokto.

     

    Moque, moque. Il se moque tôt. Tôt le matin, il commence par des vannes, il se moque du temps en ouvrant les volets, se moque du chantier de ses cheveux ou de l’état de ses cernes dans la glace.

     

    Longtemps il s’est moqué tôt de lui-même.

     

    Moque, moque, il n’y que l’aurore pour les braves, et ce moquer, qui a goût de moka du matin, ça réveille.

     

    Moque, moque. Une conjugaison, je me moque, tu te moques… Se moquer tôt est d’hygiène, les abdos de l’égo se moquer de soi.

     

    Faut tout ça pour une bonne moque, je me moque, forme pronominale, pour une auto-moque, pour que ça soit réflexif, il se moque, il faut ajouter de lui-même, il se moque de lui-même. Mais là j’avoue que je triche, je lui fais faire le travail, l’auto-moque tamponneuse de soi, ce n’est pas la contrainte, il va me falloir aller à l’économie, c’est la langue qui veut ça.

     

    Pour me débarrasser des me, des de, je vais moquer Moktar, et par-dessus le marché, je m’octroie le droit de moquer tard, moi, parce que Moktar est mon personnage, il m’y a autorisé, je l’attrape au mot, moque Moktar,

     

    Je fais ce qu’il me plaît, bégaie si je veux, mok mok, et tard, c’est quand je veux, tard un peu, ou tard tard, et comme c’est moi qui moque, je vois toutes les tares, pas de limite à ma moquerie, je veux et moque tard. Et même si je veux, je me gausse.

     

    Je me gausse de Moktar.

    Et là, son fils apparaît, le gosse, o ouvert versus o fermé, ça ne sonne pas, il faut dire gausse, je me gausse de Moktar, ses cheveux à ras du crâne, ses cernes, la barbe de trois jours, tout en courbe. Mais je dois vous le dire, j’ai du mal à me gausser, parce qu’il ressemble à mon gosse, même gueule que lui, et mon gosse c’est sacré, alors exit le gausse.

     

    Trouvons un synonyme. Ah je sais, je vais railler Moktar. Tiens quand il a dit à propos de supprimer une phrase de ce texte, il a dit je « rayerais » bien ça, on dit comme ça, "rayerais" ? Pas habitué dans son métier à manier les formes du conditionnel, un de ces qui ne sait même plus l’écrire, qui le prend pour un futur en a.i, n’aurait pas fallu le voir écrit son « rayerais », plein de fautes dans son point d’interrogation, rayerais ?, oui, ça sonnait bizarre à l’oral, et presque comme "raillerais", du coup, il a enfermé la chose dans une boîte ambigüe, il a eu l’air de récupérer le truc, tu "raillerais" et moi je « rayerais ».

     

    Match nul, balle au centre. J’ai donc lâché l’affaire, il allait me falloir toutes les ressources du vocabulaire.

    Alors, j’ai essayé de le ridiculiser, mais je ne sais pas si ça vous fait ça, quand on ridiculise, c’est fermé, on obtient tout de suite un résultat, il sera ridicule au terme de l’action de ridiculiser, ça porte sur un trait de caractère, ou un comique de situation, et puis quoi, on le fait une fois, et c’est fini.

    Alors que moquer peut s’envisager dans la durée, moque, moque, on peut faire le grand tour, tenter plusieurs configurations, moquer la face Nord et la face Sud du personnage, un jeu sans fin, moi, Deus ex Machina, qui te sort d’un tracas pour mieux te replonger dans le chausse-trappe suivant.

    Passons sur « tourner en ridicule », ça ne vaut pas mieux, c’est lourd, pompeux même, tous ces bouts de mot pour dire moque, trop ampoulé, pas de lumière.

    J’aurais aussi pu lui associer des personnages. Les Précieuses ? Ridicule, Ubu ? Merdre alors. Un Bouvard ou un Pécuchet, mais Moktar n’aime que Balzac, Peau de Chagrin, enfin à part Tom-Tom et Nana. L’avait de la répartie, résistait bien l’animal, et le « tourner en ridicule » n’avait eu aucun charme.

    Alors j’ai dérivé le sens, moquer, ne pas me soucier de Moktar, m’en moque, même pas peur, Moktar, qui ça ? Je l’ignore. Je n’m’en soucie guè-è-re, je n’m’en soucie guè-è-re, je n’en fais aucun cas.

    Mais si aucun cas, plus de Moktar,

    Je me soucie comme d’une guigne de Moktar. D’ailleurs a-t-il seulement existé ? Un mot qu’t’as inventé et tout le monde y a cru, même moi.

     

     

     




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  • photo de Yuzu passion

     

    Chair blanche et douce

    Cristallisation du miel

    Avec une pointe de yuzu.

     

    Le vivre, une civilisation

    Mon thé au citron

    n’en aura jamais le goût.

    Le fumet d’un agrume tendre,

    en matière au fond du saké

    ou dans la pâte légère du tempura.

     

    N’en acheter la marque qu’à Tokyo,

    sur la pointe de la langue, délecté

    ne pas en faire une habitude

    qu’à s’en lasser ne risquerait.

     

    Yuzu, caresse inconnue

    d’un goût allié de longtemps,

    dont nul ne se savait porteur. 

     

     

     

     

     


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  • crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Haut le cœur, là où l’estomac macère

    ma part serre,

    haut, le cœur ne statue pas,

    à nul autre redresser.

     

    Hauts les cœurs, une multiplication

    quand l’un suffirait

    mais la violence est là consubstantielle

    un solo de saxo

    qui dégringole les espoirs

     

    la signature d’un texte

    pour l’écriture d’un autre

    signer n’est pas jouer

     

    engager la vie sur le chemin du doute

    quelques cacahouètes en réserve

    s’aligner sur le filin

    une méthode du comportement

    du singe en été de gouttes

     

    s’inventer le creux

    en plexus lunaire.


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  • Bâchée

    crédit photo anthropia # blog

     

     

    A c’conte-là,

    L’avait qu’à dire qu’el comptait

    que le nom, ça y faisait

    dans l’île pouvait l’emmener

     

    l’enhommée l’aurait pu lui donner

    l’aurait écrit dessus

    les a, les b, plein de lettres

     

    à c’conte-là,

    l’avait pas grand-chose à faire

    D’la durance, elle endurait,

    tous ces ans qu’en finissaient

    Pas.

    Qu’el a rongé, la ratte, son frein,

    Appuyé sur la pédale,

    Même mis la méga ration

    des fois au plancher pour

     

    pas voir le rétroviseur,

    Des pylônes qui s’enfuyaient

    Tous alone là-bas,

    yeux ouverts rythmés nuit

     

    A c’conte-là, était au garde-à-vous

    Un p’tit soldat Brandebourg

    Y avait plus qu’ça, le parle le consignateur

    la langue des mots quand ils bifurquent

     

    A c’conte-là,

    Se s’rait laissée faire, enfin peut’êt pas

    pasque son compte l’a calculé

    le cent de trop fallait pas l’chercher

     

    que le déjà

    louche avec le

    trop tard, c'est ça

    quoi le peux

     

    A c'conte-là, l'avait pas le choix

    la vraie vie, pas d'autre

    que la limite limite là tout de suite

    ennommée, l’a acceptée

     

    le sais bien, toi

    qu’à c’conte-là l'a effacée

    que dans le champ vert

    Dryas iulia 

    y a jamais eu,

    qu'à c'conte-là,

    faisait miroiter

    alors ardoise,

    quoi le peux.

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Annie Warhol

    Agnès Thurnauer

    Elles

    Centre Pompidou

    Crédit photo anthropia # blog

     

     

     

    Pastille bleue à reflets, ça suce la douceur,

    toux d’encombrement,

    braie, ment, la mandibule se décroche, celle de ceux qui pas,  pas pour eux, ça décroche en passant

    comment ça chante, comment ça sourit, du nom qu’on voudrait tout connu, ça exagère dedans du bleu, du sème,

    qu’on l’avale quand-même la pilule, qu’elle nous flatte à l’endroit du soi où ça

    Vanité revancharde, elle aussi, prend le poignet met l’index le monte sur le manche l’accroche en cimaise t'as pas plus haut.

    Caméra-grue et puis un peu plus loin au ciel encore si on peut.

    Témérité. t'as pas peur

    Des claques, ceux,

    mais hors de portée elles.

     

     

     



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