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Par Anthropia le 29 Juin 2013 à 14:25
crédit photo anthropia # blog
Moktar
Il m’a dit, cite-moi. Je m’appelle Moktar. Je veux pouvoir dire à mon fils que tu m’as cité. Dis ce que tu veux, même des vacheries. Je veux être un personnage de poésie sonore. Ton personnage, Moktar.
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Moktar. Moque, moque. Il se moque tard, comme il se fait tard, une moquerie à faire, prendre son temps, même tard ça vaut.
Je fais un à-valoir, Moktar, tu as droit à ton quart à l’heure qu’il te plaira. Tard c’est sûr est un peu tard, tu pourrais toucher la moquerie plus tôt, mais dans ce cas tu aurais dû t’appeler Mokto et je t’aurais moqué plus tôt.
Mokto fait penser à Cocteau, le poète qui chausse le gant pour traverser le miroir, et le poète a tous les droits, même de te rebaptiser Mokto.
Moque, moque. Il se moque tôt. Tôt le matin, il commence par des vannes, il se moque du temps en ouvrant les volets, se moque du chantier de ses cheveux ou de l’état de ses cernes dans la glace.
Longtemps il s’est moqué tôt de lui-même.
Moque, moque, il n’y que l’aurore pour les braves, et ce moquer, qui a goût de moka du matin, ça réveille.
Moque, moque. Une conjugaison, je me moque, tu te moques… Se moquer tôt est d’hygiène, les abdos de l’égo se moquer de soi.
Faut tout ça pour une bonne moque, je me moque, forme pronominale, pour une auto-moque, pour que ça soit réflexif, il se moque, il faut ajouter de lui-même, il se moque de lui-même. Mais là j’avoue que je triche, je lui fais faire le travail, l’auto-moque tamponneuse de soi, ce n’est pas la contrainte, il va me falloir aller à l’économie, c’est la langue qui veut ça.
Pour me débarrasser des me, des de, je vais moquer Moktar, et par-dessus le marché, je m’octroie le droit de moquer tard, moi, parce que Moktar est mon personnage, il m’y a autorisé, je l’attrape au mot, moque Moktar,
Je fais ce qu’il me plaît, bégaie si je veux, mok mok, et tard, c’est quand je veux, tard un peu, ou tard tard, et comme c’est moi qui moque, je vois toutes les tares, pas de limite à ma moquerie, je veux et moque tard. Et même si je veux, je me gausse.
Je me gausse de Moktar.
Et là, son fils apparaît, le gosse, o ouvert versus o fermé, ça ne sonne pas, il faut dire gausse, je me gausse de Moktar, ses cheveux à ras du crâne, ses cernes, la barbe de trois jours, tout en courbe. Mais je dois vous le dire, j’ai du mal à me gausser, parce qu’il ressemble à mon gosse, même gueule que lui, et mon gosse c’est sacré, alors exit le gausse.
Trouvons un synonyme. Ah je sais, je vais railler Moktar. Tiens quand il a dit à propos de supprimer une phrase de ce texte, il a dit je « rayerais » bien ça, on dit comme ça, "rayerais" ? Pas habitué dans son métier à manier les formes du conditionnel, un de ces qui ne sait même plus l’écrire, qui le prend pour un futur en a.i, n’aurait pas fallu le voir écrit son « rayerais », plein de fautes dans son point d’interrogation, rayerais ?, oui, ça sonnait bizarre à l’oral, et presque comme "raillerais", du coup, il a enfermé la chose dans une boîte ambigüe, il a eu l’air de récupérer le truc, tu "raillerais" et moi je « rayerais ».
Match nul, balle au centre. J’ai donc lâché l’affaire, il allait me falloir toutes les ressources du vocabulaire.
Alors, j’ai essayé de le ridiculiser, mais je ne sais pas si ça vous fait ça, quand on ridiculise, c’est fermé, on obtient tout de suite un résultat, il sera ridicule au terme de l’action de ridiculiser, ça porte sur un trait de caractère, ou un comique de situation, et puis quoi, on le fait une fois, et c’est fini.
Alors que moquer peut s’envisager dans la durée, moque, moque, on peut faire le grand tour, tenter plusieurs configurations, moquer la face Nord et la face Sud du personnage, un jeu sans fin, moi, Deus ex Machina, qui te sort d’un tracas pour mieux te replonger dans le chausse-trappe suivant.
Passons sur « tourner en ridicule », ça ne vaut pas mieux, c’est lourd, pompeux même, tous ces bouts de mot pour dire moque, trop ampoulé, pas de lumière.
J’aurais aussi pu lui associer des personnages. Les Précieuses ? Ridicule, Ubu ? Merdre alors. Un Bouvard ou un Pécuchet, mais Moktar n’aime que Balzac, Peau de Chagrin, enfin à part Tom-Tom et Nana. L’avait de la répartie, résistait bien l’animal, et le « tourner en ridicule » n’avait eu aucun charme.
Alors j’ai dérivé le sens, moquer, ne pas me soucier de Moktar, m’en moque, même pas peur, Moktar, qui ça ? Je l’ignore. Je n’m’en soucie guè-è-re, je n’m’en soucie guè-è-re, je n’en fais aucun cas.
Mais si aucun cas, plus de Moktar,
Je me soucie comme d’une guigne de Moktar. D’ailleurs a-t-il seulement existé ? Un mot qu’t’as inventé et tout le monde y a cru, même moi.
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Par Anthropia le 28 Juin 2013 à 13:29
photo de Yuzu passion
Chair blanche et douce
Cristallisation du miel
Avec une pointe de yuzu.
Le vivre, une civilisation
Mon thé au citron
n’en aura jamais le goût.
Le fumet d’un agrume tendre,
en matière au fond du saké
ou dans la pâte légère du tempura.
N’en acheter la marque qu’à Tokyo,
sur la pointe de la langue, délecté
ne pas en faire une habitude
qu’à s’en lasser ne risquerait.
Yuzu, caresse inconnue
d’un goût allié de longtemps,
dont nul ne se savait porteur.
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Par Anthropia le 27 Juin 2013 à 09:22
crédit photo anthropia # blog
Haut le cœur, là où l’estomac macère
ma part serre,
haut, le cœur ne statue pas,
à nul autre redresser.
Hauts les cœurs, une multiplication
quand l’un suffirait
mais la violence est là consubstantielle
un solo de saxo
qui dégringole les espoirs
la signature d’un texte
pour l’écriture d’un autre
signer n’est pas jouer
engager la vie sur le chemin du doute
quelques cacahouètes en réserve
s’aligner sur le filin
une méthode du comportement
du singe en été de gouttes
s’inventer le creux
en plexus lunaire.
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Par Anthropia le 22 Juin 2013 à 12:50
Bâchée
crédit photo anthropia # blog
A c’conte-là,
L’avait qu’à dire qu’el comptait
que le nom, ça y faisait
dans l’île pouvait l’emmener
l’enhommée l’aurait pu lui donner
l’aurait écrit dessus
les a, les b, plein de lettres
à c’conte-là,
l’avait pas grand-chose à faire
D’la durance, elle endurait,
tous ces ans qu’en finissaient
Pas.
Qu’el a rongé, la ratte, son frein,
Appuyé sur la pédale,
Même mis la méga ration
des fois au plancher pour
pas voir le rétroviseur,
Des pylônes qui s’enfuyaient
Tous alone là-bas,
yeux ouverts rythmés nuit
A c’conte-là, était au garde-à-vous
Un p’tit soldat Brandebourg
Y avait plus qu’ça, le parle le consignateur
la langue des mots quand ils bifurquent
A c’conte-là,
Se s’rait laissée faire, enfin peut’êt pas
pasque son compte l’a calculé
le cent de trop fallait pas l’chercher
que le déjà
louche avec le
trop tard, c'est ça
quoi le peux
A c'conte-là, l'avait pas le choix
la vraie vie, pas d'autre
que la limite limite là tout de suite
ennommée, l’a acceptée
le sais bien, toi
qu’à c’conte-là l'a effacée
que dans le champ vert
Dryas iulia
y a jamais eu,
qu'à c'conte-là,
faisait miroiter
alors ardoise,
quoi le peux.
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Par Anthropia le 19 Juin 2013 à 18:52
Annie Warhol
Agnès Thurnauer
Elles
Centre Pompidou
Crédit photo anthropia # blog
Pastille bleue à reflets, ça suce la douceur,
toux d’encombrement,
braie, ment, la mandibule se décroche, celle de ceux qui pas, pas pour eux, ça décroche en passant
comment ça chante, comment ça sourit, du nom qu’on voudrait tout connu, ça exagère dedans du bleu, du sème,
qu’on l’avale quand-même la pilule, qu’elle nous flatte à l’endroit du soi où ça
Vanité revancharde, elle aussi, prend le poignet met l’index le monte sur le manche l’accroche en cimaise t'as pas plus haut.
Caméra-grue et puis un peu plus loin au ciel encore si on peut.
Témérité. t'as pas peur
Des claques, ceux,
mais hors de portée elles.
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