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Sex toys de Noël
Jean-Michel Othoniel
Black heart, red tears
Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
FIAC 2008
Crédit photo Anthropia
Désormais vous avez le choix,
fêter Noël façon sapin, crèche et boules de verre,
ou entrer dans la famille des bondage, sex toys en tous genres,
pour vous adonner à ce qui fût de lointaine mémoire
la fête à Bacchus.
Mais même si vous vous mettez à la longue traîne du Père Noël,
vous devrez tout de même avaler quelques couleuvres :
les faux orchestres, la batterie télécommandée
et les karaoké bidonnés sont de sortie,
on nous en rabat les oreilles lors de longs tunnels pubeux
dont nos TV privées et publiques nous abreuvent
(pour les publiques, pas pour longtemps ?).
On se demande quel cerveau frustré a pu inventer ça,
et nous faire croire par des pubs
"consensuelles, tu vois coco, on sent l'esprit de Noël",
qu'on y prendrait son pied.
Pour résumer, avec ces cassettes,
vous n'avez ni la satisfaction d'apprendre un instrument,
ni celle de déchiffrer vous-même une partition,
et qui n'a pas joué son prélude de Bach tout seul comme un grand
ou éclaté sa guitare sur un solo de Jimmy Hendrix,
ne sait pas combien est jouïssif ce moment
où entre les yeux et les doigts
se construit cette passerelle qui se transmute en musique,
mais le pire avec ces jeux virtuels,
c'est qu'in fine la musique n'est pas bonne.
On vous somme de produire cette musaque électronico-médiocre,
mais sachez-le, si vous vous faites avoir, personne ne vous dira merci,
on viendra sonner à votre porte à minuit en vous disant qu'on craque,
que ce chuintement nasillard est vraiment, vraiment insupportable.
On se fiche de qui, avec ces instruments qui n'en sont pas,
même pas virtuellement ?
Alors il y a bien cette image qu'on nous vend,
du "musiquer-ensemble", du plaisir de trémoussage,
mais où est donc la subtilité d'un accord harmonieux,
quand on le réussit à plusieurs
ou le délire punk d'un groupe qui s'éclate ?
Ces "presse-purées" qu'ils tiennent dans les mains, ces "beatstickers",
sont-ils destinés à devenir nos saxos, nos synthé, nos bass de demain ?
Les gens sont-ils descendus si bas qu'ils vont se précipiter sur ça
dans leurs Auchan et leurs Carrefour pour faire de la musique de Leclerc ?
Ou nos businessmen se préparent-ils
à la plus grande gamelle de Noël jamais réalisée,
en pleine crise mondiale,
un accident industriel et commercial,
les invendus sur les bras,
un Tchernobyl du marketing ?
Pour le savoir, rendez-vous à la gueule de bois du lendemain,
"on nous retrouvera étendus morts au pied de nos électrophones"
comme dirait Yves Simon.
J'ai rêvé New York
et c'est l'escalator de Parly II qui m'arrive,
alors, cher papa Noël, faites que personne n'offre ça à ses enfants.
C'était ma liste, le seul cadeau que je demande
pour qu'on cesse de massacrer la musique.
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