• Untitled

    Good'n fruity Madonna

    Joe Brainard

    1968

    Cliché Anthropia

    The Third Mind

    Palais de Tokyo

     

     

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Je remonte la rue Desnouettes.

    A l'époque, j'habite dans le XVème.

    Une longue voiture noire se glisse le long du trottoir.

    Je suis à quelques mètres.

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    Tout à coup, un vieil homme mince en sort,

    il se déplie, s'appuie sur le capot arrière,

    semble s'y brûler, la matinée est chaude,

    la sirène d'Orsec sonne, il est midi.

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    Il fait le tour très vite,

    dans un déséquilibre

    qui frôle la chute à chaque instant.

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    Je mets plusieurs secondes à comprendre

    qu'il est en souffrance.

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    Il se colle à la paroi de l'immeuble,

    il y implore, ses deux avant-bras au mur,

    en position de lamentation,

    adhésion et adhérence dans la même supplique.

    <o:p> </o:p>

    Il semble s'affaisser,

    je veux m'approcher, le retenir,

    peut-être même,

    le recouvrir de ma chaleur.

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    Mais deux hommes jeunes sortent

    de la conduite intérieure noire,

    Ils me font un geste,

    l'air libanais,

    l'air impérieux de ceux qui connaissent la mort,

    deux frères siamois,

    qui ne craignent pas le risque,

    prêts à tout,

    les yeux bandés d'angoisse.

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    Je m'arrête instantanément, fascinée,

    l'un s'approche de l'homme,

    l'autre me bloque l'accès à cette partie du trottoir.

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    Le vieil homme mince met ses bras autour de son cou,

    il semble glisser vers le sol,

    ses pieds n'offrent plus que pointes au trottoir.

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    L'autre le retient,

    Pas d'amour dans cet acte,

    Juste un réflexe, le corps raide,

    une pratique professionnelle,

    L'autre est là pour maintenir

    une poupée de chiffon en tailleur homme, haute couture.

     

    Mais le corps vaque dans le vêtement, perte de soi, infinie déréliction.<o:p> </o:p>

    La structure vertébrale est ce qui semble manquer ;

    un flageolement de l'être, comme un mal étrange,

    une de ces maladies incurables dont on ignore le nom.

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    L'homme de main ouvre la porte de l'immeuble,

    pousse le vieil homme mince à l'intérieur.

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    Mais dans ce geste même, la tête se retourne

    Et j'entrevois à face de Méduse,

    intimité volée à l'homme public,

    dans la nudité de la faiblesse,

    le masque d'YSL,

    comme déjà de l'au-delà.

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    A peine reconnu que j'ai fermé les yeux,

    Pour qu'il ne me regarde pas l'ayant vu.

     

     

     

     

     

     


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  • Cliché Anthropia

     

     

    Au-dessus de Schirmeck se trouve le camp du Struthof,

    tout en haut dans la forêt sur la montagne sacrée,

    le camp de concentration français.

    Un mémorial a été dressé, on peut visiter,

    haut lieu du tourisme K.L.

     

    A Schirmeck se trouve aussi un autre camp,

    le mini-camp, la petite prison sympathique,

    quelques baraquements,

    où on internait les Alsaciens,

    dont il ne reste plus que cette bâtisse et cette plaque.

     

    Et quelque part un souvenir de famille,

    d'un homme ravagé,

    qui ne s'en est jamais remis,

    de son petit tour

    dans une petite prison sympathique.

     

     

     

     


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  • Jacques Chirac et la reine Elizabeth II pendant une cérémonie officielle
    sur les Champs-Elysees, à Paris, le 5 avril 2004.
     
    AFP/JOEL SAGET
    In Le Post de Guy Birenbaum de ce jour

     

     


    Il était une fois dans un Royaume lointain une jeune fille à qui on avait confié la lourde responsabilité de s'occuper d'une vieille dame noble de la cour. Il se trouve que la dame était Reine, on l'appelait Reine-Mère, et la jeune fille, Cinderella, son assistante de vie, qu'on nommait sous ces contrées, l'Habilleuse de la Reine.


    Chez Madame Leroy ou Monsieur Sang-bleu, les Sandra en arrivant le matin ouvrent grand les fenêtres, puis s'occupent de la toilette, lavent sous la douche, frictionnent à l'eau de Cologne, en stimulant par de tonitruants, allez, et maintenant, on s'habille. Mais la Costumière royale se devait d'être discrète. Chez elle, on appréciait les yeux baissés, les manières douces, les mains élégantes et la grâce ancillaire.  


    La royale servante était logée chez l'habitant. Au Palais, elle occupait une chambre sous les toits. L'Habilleuse de la Reine vivait, excusez du peu, dans un appartement de 300m2.  


    Car le sanctuaire de l'assistante de vie de la Reine comportait un énorme vestiaire, vêtements d'hiver, vêtements d'été, accessoires, chapeaux, gants, ceintures et sacs à main,  bijoux et objets du quotidien, le menu trousseau d'une sérénissime. On peut donc dire sans médire que Cinderella dormait dans un placard, envahi des parures les plus belles qu'elle entretenait avec zèle, toute dévouée à son rôle : habiller et déshabiller la Reine-Mère.


    Tôt de bon matin, elle renforçait la couture d'un bouton qui menaçait lâcher ; et dans l'après-midi, s'empressait de retrouver le petit diamant qui manquait à la parure de la robe que son Impatience voulait porter le soir.


    La jeune fille, dont je parle, avait trouvé le poste dans les petites annonces d'un journal local. Ancienne costumière de théâtre, elle se trouvait être la petite-fille d'une gouvernante des enfants d'un Roi d'un Royaume voisin, elle avait donc tout naturellement postulé et s'était retrouvée employée plus vite qu'elle ne l'eût imaginé.


    Et la ritournelle des jours et des saisons s'était mise en route. Vêtir et dévêtir la Reine, le matin retirer ses vêtements de nuit, puis lui présenter ses sous-vêtements, les collants, les pulls, les blouses, les jupes, les cardigans. En bref, le quotidien d'une habilleuse.


    Le quotidien, oui. Mais ce qui la tourmentait, le détail qui la hantait, c'était que le corps qu'elle touchait était celui de la Reine. Et on ne doit pas toucher le corps de la Reine. La Reine jamais n'oubliait qu'elle était la Reine. Il fallait donc en l'habillant réussir ce prodige de ne pas laisser ses doigts au contact de sa peau. Comment faire enfiler ses collants à une Reine sans même l'effleurer ? Nul ne saurait y parvenir. Mais Cinderella trouvait des subterfuges. Ne pas la regarder dans les yeux, faire des petits gestes rapides, construire la chose comme un ballet, elle présentait ouvert, le pied du collant, comme une bouche goulue, la gaine de la jambe étant pliée gondolée. Le pied cambré s'y engouffrait. Et vite Cinderella tirait, légère, légère, pour que la Reine ne sente rien. Et ma foi, la Reine n'y trouvait rien à redire.


    Pourtant Dieu sait si la Reine était exigeante. Elle perdait régulièrement lunettes, pochette, livre, en incriminait tout ce que la valetaille comptait de fidèles serviteurs. L'Habilleuse échappait à la règle. Fille de bonne famille, noble elle-même, elle avait quelque chose de plus que les autres n'avaient pas.



    Un jour, dans l'Abbaye où elle avait été autorisée à s'asseoir, à l'occasion d'une cérémonie où la Reine-Mère au bras de son petit-fils remontait l'allée centrale, Cinderella avait ressenti toute la puissance de sa position. Quand la Reine-Mère l'avait frôlée, à son passage, celle-ci avait humé et reconnu l'odeur de vieille, l'odeur qu'elle fréquentait au jour le jour, les algues aigres de l'âge, les arômes de sueur mélangés aux essences rares, les acidités, l'odeur d'un corps qu'elle connaissait par cœur. Elle en avait fermé les yeux, tant elle éprouvait une forme de triomphe, en ce qu'elle seule connaissait l'intime de la Reine, maîtresse de cette carte du tendre corps.



    Mais, sitôt éprouvé, le vertige de cet insigne privilège l'avait saisi, CInderella s'en effraya. Car elle avait appris que la Reine jamais ne cédait d'un iota de sa royale suprématie et qu'il ne fallait pas, au grand jamais jamais, qu'elle fût prise en défaut d'humer. Elle se devait de fermer les narines, d'oublier l'haleine. Elle jouissait dans le déduit de l'éphémère instant. Car tel était l'interdit absolu : la Reine ne transpire pas, la Reine ne révèle pas le parfum du grand âge. Pas de lèse-majesté, verboten de sentir ; la Royale Habilleuse savait qu'elle devait lui cacher l'intense émotion qui la saisissait.

    (à demain)
















     


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