• Carte d'Asie du Nord et du Centre

     

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    138000 visiteurs en un peu plus d'un an pour 608 000 pages lues. Vous butinez dans les posts, les chroniques, la rubrique « est-ce que tu vois ce que tu vois ?. Certains textes ont été lus 10 000 fois, certaines expositions, plus de 7 000 fois, celle de Pougues-les-Eaux (improbable bourg, mais géniale expo) sur le Syndrome de Broadway et celle du Grand Palais, « Qui a peur d'Anselm Kieffer ? ».

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    Vous êtes venus de plus de soixante pays pour visiter le blog ce mois-ci, dont certains de territoires aussi rares que l'Ouzbékistan et l'Azerbaïdjan, cela me fait rêver. la route de la soie, Samarkand, Boukhara, la belle au bulbe bleu, Taschkent. J'aimerais que des gens du Kirghizistan (je préférais quand cela s'appelait la Kirghizie, plus magique), me rendent visite, le pays des chevaux et des yourtes. Mais clichés que tout cela, je suppose que la vie n'y est pas si simple, cela aussi m'intéresse.

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    Voilà d'où vous venez, j'aimerais que vous m'en disiez davantage, de ce que vous trouvez ici pour y revenir régulièrement. J'aimerais aussi qu'une conversation puisse s'installer. Je sais ce n'est pas très pratique, parfois on tape les chiffres et on a l'impression que le message n'est pas passé, et on s'y reprend à trois fois, si bien qu'il y a six fois le même commentaire. Et puis le blog n'est pas très pratique pour les commentateurs. J'en ai conscience. J'y pense.


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    Et je me demande si je dois continuer.


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    Jamais je n'avais été autant lue, mes quelques textes publiés sous format papier ont bien dû l'être par, allons, une centaine de désoeuvrés. Mais ici, gratuité et côté pratique j'imagine, on vient, on revient. Certains m'ont même mis dans leurs liens, je les remercie. Je ne sais pas ce que vous venez chercher, à quoi vous trouvez un intérêt, si ce n'est par les commentaires, un mot critique positif ou négatif, c'est selon.



     

     

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    Pour moi la question de fin d'année, c'est dois-je continuer à parler politique ? Oh je sais, tout est politique. Quand je parle du livre de Julien Prévieux, Lettres de non-motivation, ouvrage d'art contemporain, c'est évidemment à portée politique, mais je me comprends, c'est d'abord la démarche artistique qui m'intéresse.


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    Non que je ne veuille plus m'indigner sur les questions sociales, mais je peux le faire sans « militer », juste quand la coupe est pleine, ich hab' die Nase voll, I'm sick of it, bref quand une envie inextinguible me somme de réagir.


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    J'ai longtemps hésité à introduire ce thème dans ce blog. Au départ, je voulais me contenter d'écrire sur l'art plastique contemporain, la littérature, de croquer des situations vécues, bref une balade dans le siècle. Puis l'année m'a rattrapée, l'année des élections, l'année de tous les combats, et j'ai craqué, je me suis engagée. Je ne pouvais pas ne pas le faire.


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    Maintenant que la bataille a été perdue, que nous en avons pris pour cinq ans, et même si je ne m'interdis pas la réaction à chaud sur un sujet d'actualité, je me demande si je vais continuer à militer, dans militer, il y a militaire, brave petit soldat, membre d'une chapelle et j'avoue que je me suis fait parfois un devoir d'intervenir, pour ne pas laisser la place vide, sans besoin de quelconques mots d'ordre, mais pensant incarner une ligne de gauche, une colonne vertébrale, des principes, quand on est de la famille de gauche, on a souvent quelque chose à dire du monde.


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    Mais dans cette vigilance tarabustant le fil de la vie, la politique m'assèche, me sidère, me désespère, elle est plus souvent sujet à mortifération (sic) que viatique. Et je n'ai pas envie que mes mots soient encombrés, alourdis, empesés, par ce vocabulaire le doigt sur la couture du pantalon, ce vocabulaire grossier au sens d'un tissu brut, peu raffiné, peu raboté, et surtout peu subtil.


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    Alors, je m'interroge. Comment garder la fraîcheur du regard, la capacité d'indignation intacte, comment s'éviter la langue pâteuse des cuites idéologiques, la crise de foi (re-sic) des lendemains qui déchantent ? Comment dire non à ce régime et dire oui à la vie, au plaisir du vivre ensemble, au beau temps, à la pluie fine sur la campagne, à la tempête sur l'océan, à l'orage dans la montagne, au ciel enflammé sur le causse ?



     

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    Le voilà l'enjeu de 2008 pour moi, guetter la lueur rieuse dans les yeux d'un être cher, chercher le brin d'herbe entre les rails du chemin de fer, saisir l'ombre du vent dans les bambous sur le mur du bureau,  m'appuyer sur la douceur du temps présent, pour  éviter de gratter l'endroit sensible, celui si souvent heurté par les images, les nouvelles, les abus de ce politicien et de ses amis ?  


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    Et puisque nous avons une année pour y réfléchir et voir ce qui en résulte,

     

    Bonne année subtile à vous aussi.

     

     




     

     


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  • Voir site sur l'étoile jaune

     

    Petit conte de Noël

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    Un soir, dans son église un curé s'apprêtait à fêter la messe de minuit.

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    Il savait qu'il aurait au premier rang, de bons chrétiens, des hommes habillés de cuir noir, des hommes qui se contenteraient de retirer leur képi, c'était l'Occupation, la ville résonnait des pas martiaux et de battements de tambour à chaque nouvel oukase.



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    Quand l'heure de dévoiler la crèche fut venue, la crèche avait été apportée sur un brancard et était bâchée comme une 202, le curé retira la couverture et apparurent sur le socle des centaines de santons, des centaines de petits êtres de pâte à sel, peints soigneusement à la main.  


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    Et sur la poitrine de la sainte famille, qu'on appelle ainsi, parce qu'elle est sdf, à la recherche d'un toit pour la nuit, on avait cousu des étoiles de David, des étoiles jaunes, les étoiles obligatoires pour tout Juif durant la guerre. Jésus, Marie, Joseph portaient l'étoile jaune. Une obligation n'est-ce pas.


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    Alors, les nazis sont sortis, en colère. Ils ont laissé la messe se tenir, le curé rester là à rappeler au cœur de la nuit que cette famille pauvre était juive de la lignée de David, et qu'elle était non le berceau de l'humanité, mais le berceau de notre humanité.








      



     

     


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  • Crédit pour les images

    La première nuit de Georges Franju

    Fotokino-Laterna magica

     

     

     

    Une amie hier soir à table a posé une question qui nous a emmenée : Qu'est-ce qui est premier de l'aube ou de l'aurore ?

     

    Nous avions avec nous le spécialiste de la couleur. L'aube est la lueur qui apparaît du plus profond de la nuit, elle est transparente, blâfarde, elle n'est pas couleur. Puis l'orangé de l'aurore s'annonce, celui du soleil qui se lève, et l'aurore apparaît.

     

    Un autre enchaîna. Dawn pour l'aube et aurorus ou sunrise pour l'aurore en anglais. Mais alors The Golden Dawn ? L'aube dorée, quelque part entre aube et aurore.

     

    Et nous partîmes sur les nuits difficiles de nos ancêtres, on ne dormait pas dans les siècles passés, tant on craignait les incendies, voir disparaître la ville en cendres était une hantise. Subterfuges que les anciens inventaient pour se rassurer, le veilleur de la nuit, Dormez, braves gens, la nuit est tranquille.

     

    Les rituels de nuits tronçonnées, on se lève, on mange un quignon de pain, on se recouche, on se relève, on guette l'aube. Et les prieurs coupant la nuit d'offices nocturnes et matutinaux, pour mieux passer de la mi-nuit à l'aurore, quand les voleurs se cachent dans les embrasures de portes, en attendant l'heure du forfait.

     

    Minuit pour les contemporains signifie souvent l'heure du coucher. Il fût un temps, où ce fût l'heure au creux de la nuit noire, quand les rues n'avaient pas encore de réverbères, que la chandelle ou la lampe faisait office de permission d'y voir.

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Limonade, tout était si infini

    (titre d'une oeuvre d'Hélène Cixous - récit à partir de cette phrase de Kafka)

     

     

    J'aime cette phrase, les bulles si fines de la limonade, qui s'échappent dans un mouvement ininterrompu, la gratuité de la boisson parce qu'inessentielle, de l'eau de seltz et du sucre, la potion d'une enfance à l'orée de la nuit, quand le sucre console de tout, et la liberté d'une phrase qui fuse pour ne rien dire, ne rien céder dans une première lecture qui se dérobe, comme l'annonce d'un rêve obscur à décrypter.

     

    Suite ininterrompue de gouttes de rien, d'onces de néant, qui aurait fait souffle. Cela s'agite, il y a du désir, dans ce désert plein d'eau, il y a du stupre, dans l'innocence de ce bonne nuit de grand-mère.

     

    La chaîne des insignifiances dans cette phrase et puis.

     

    Alles war so grenzlos, une immense nostalgie, le regret de ce qui ne fut une fois que le vide, l'absence d'être, comme promesse de tous les êtres. Au-delà de cette limite. Beyond this limit. Pas de limite à l'avenir de l'humanité. Pas de mur qui traverse le pays, pas d'interdit dans les têtes, pas de règle qui norme ou légifère, un espace-temps de toujours dans lequel nous rêvons avoir été. Le bain primordial, la scène primitive, le grand rut de la rencontre.

     

    Et puis, le doute. Alles war so grenzlos, sans frontière, sans barrière, tout était si ouvert. Cela a-t-il été ? Un jour vraiment, jadis ? Y a-t-il eu sur la terre une telle promesse ? Il aurait été une fois où l'univers s'offrait sans pudeur, où l'infini d'une sphère pleine d'air aurait enchanté le monde ? Fut-il un jour, ce jour du toujours et du jamais, du grand Eternel, du Paradis de rien défendu ?

     

    Et le war. Warus, Warus(1). Le War, comme la preuve d'une fiction. Il était. Il y avait. Et donc d'une déception. Si le tout m'avait été raconté, mais le tout est là-bas, bien enfermé dans son imparfait, qui n'en finit plus de finir.

     

    Alles war so grenzlos. Limonade, tout était si infini. Et maintenant, hein, maintenant. Tout est fini ? Non, le grenzlos résonne, il raisonne avec nos si et nos ah, bon. Le sans frontière reste ouvert, comme un passé qui ne s'achèverait pas. Et de ce grand tout nostalgique, Kafka fait une traîne de mariée, la queue de la comète, la phrase ouverte qui est ce qui fut et ce qui sera. Ehié asher ehié. Je suis ce que je serai.

    Anthropia

     

     

     

    PS : Merci à Mémoire vive pour la photo

    (1) Warus, warus, gieb mir ... Cette phrase de défaite absolue, de nostalgie d'avoir perdu, l'appel aux regrets. prononcée par l'Empeur Auguste à prpos du guerrier germain Warus.

     

     

     

     

     

     


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  • Georges Segal

    Homeless, 1989

    FIAC 2007

    Cliché Anthropia

     

     

     

    Cela a le son de la naphtaline, l'odeur aigre-douce de l'huile de foie de morue, la couleur sépia des mots du XIXème siècle, cela s'appelle la moraline.

     

    C'était l'époque où les nantis faisaient leurs bonnes oeuvres, les patrons catholiques construisaient des dispensaires, les femmes de bonne famille reprisaient les chaussettes dans les quartiers pauvres des faubourgs ; tout ce joli monde faisait dans la moraline.

     

    Cette pensée à deux sous destinée à se donner bonne conscience.

     

    Un peu comme aujourd'hui, quand Sarkozy fait l'aumône aux marins-pêcheurs, quand il augmente de 1 euro/mois les allocations familiales des familles de deux enfants, qu'il augmente le SMIC du minimum syndical de 1%.

     

    La moraline, on croyait que les conquêtes du XXème siècle nous en avaient libérés. La moraline, on pensait que c'était bon pour les gueux, qui quittaient leur campagne, pour venir s'entasser dans les capitales régionales, à l'usine sur la chaîne, à l'atelier sur les machines à coudre.

     

    Dire qu'on est revenu à cette époque, voir bientôt plusieurs millions de Français prêts à mendier ou aller à la soupe populaire, voir la faim revenir, les campements dans les villes, les maladies de pauvres s'installer durablement.

     

     

    Pour un peu, j'en ferais moi de la moraline. Si je n'y préférais la radicalité de la lutte.

     

     

     


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