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    Trois litanies
    (Troisième volet) - Litanie du retournement du corps
    De Jacques Rebotier
    Poète, musicien
    Inédit


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>in
    Orphée Studio
    Poésie d'aujourd'hui à voix haute
    Présentation et choix d'André Velter
    nrf
    Poésie/Gallimard
    (droits réservés)



    Toi, depuis le temps que tu te dis que ta peau doit être mieux de l'autre côté, que tes épaules, ta poitrine, ton dos, tes ongles gagneraient à être vus par en dessous, tes cuisses, tes doigts, ton pénis, retournés comme des gants, ou de vieilles chaussettes, ta gorge renversée, ton larynx écortiqué, comme carapace de langoustine au verso de laquelle s'appliquent des pouces, tes phalanges démontées par le menu, tes papilles à gustation une à une rebroussées, désénervées, tes artères nommément déjantées comme soudains ces pneus de vélo, diables jaillis de nos bottes, ton oreille ébigornée, désenfouie, cette soi-disant oreille interne, avec marteau, enclume et je ne sais quel artisanal étrier, tes nerfs dégainés comme l'acier, la veine cave troussée et retroussée comme peau de lapin, ou vieux boudin, ta vessie déballonnée, hérissée comme un poisson-lune, hissée comme un jeu au fil du cerf-volant, ton aorte excavée, tes poumons débroussaillés, tes orteils révulsés, dépenaillés, tes yeux dépeignés, torréfiés, inoculés, anophtalmés, puis dépeignés à nouveau, ton pénis ébouriffé, parapluie qu'une bourrasque a fait sortir de ses gonds, tes cheveux déchaînés un à un Dieu évidemment reconnaîtra les siens, ton oreille à outils (l'autre) enfin désinternée, déterrée en grande hâte avec une fourchette à cerveau, tes reins décapsulés, ta vulve renversée, révolutionnée, qu'on puisse un peu voir de quoi il retourne, tes ovaires décoiffés, rangés l'un après l'autre dans des boîtes à œufs, ton foie éclaté comme une mangue, ton foie exhibé comme un fait divers, ton foie qui demande à être tranché au plus fin pour mieux démultiplier ses surfaces au soleil, ton pharynx désengoncé, ton œsophage déboyauté, ton pancréas percé à jour, ta trachée précipitée face contre terre dans la position de la pire humilité, et ton estomac : retournement d'estomac dans son exceptionnelle situation, vieil estomac, avant-déluge, sac à pattes, que ton tube-à-digérer tout entier soit balancé de l'amont vers l'aval, jeté cul par-dessus tête, et particulièrement échiqueté, tortillonné, torsionné, comme un anneau de Moebius qui aurait mal tourné, ton intestin patiemment écouvillonné, je ne veux pas voir un centimètre carré de la paroi interne de ce gros et de ce petit côlon qui ne soit proprement remis à sa place, que chacun d'eux soit rendu à sa nature vraie jusqu'au dernier de tes pores et toutes moelles dehors le dernier de tes derniers os, jusqu'au dernier de ton premier paléo-cerveau, hémisphères à deux dos, gorgés de tout, pleins de faux, hurlant qu'on les étale enfin aux quatre points de –mille milliards de neurones palpitant dans la nuit comme villes-lumières – la planète. Ah, depuis le temps que tu ne rêves non pas seulement sens dessus dessous mais sens dedans dehors, depuis le temps, enfin, ah, oui, pouvoir enfin te retourner sur toi-même...


     


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    Trois litanies
    (Deuxième volet) - Litanie du désamour
    De Jacques Rebotier
    Poète, musicien
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>In
    Le Moment que (copyright cipM/Spectres Familiers)
    <o:p> </o:p>Repris dans Orphée Studio
    Poésie d'aujourd'hui à voix haute
    Présentation et choix d'André Velter
    nrf
    Poésie/Gallimard
    (droits réservés)



    42 C'est à ce moment que tu ne m'as pas vu, il faisait grand soleil, nous avons alors senti très bien que rien ne va, que rien n'allait, que rien allait nous arriver
    41 Tout de suite, je me suis dit : fini c'est fini, les motos roulent, les mots parlent, les arbres s'arrêtent, les bicyclettes se regardent : c'est bien fini
    40 déjà hier nous n'étions plus très vivants, tu sentais bien un peu le renfermé, nous n'étions pas si vivants que ça, on sentait bien que ce n'était pas ça
    39 c'était, ç'aurait pu être dans un train, dans un rêve, au restaurant, sur le sable d'un nuage, sur un trajet de non-retour, c'était, c'était nous
    38 déjà je ne te disais plus rien, tu ne me disais plut tu, sans doute avions-nous déjà depuis un long temps cessé de nous voir venir, tu disais ?
    37 tu m'avais dit : je vais voir et je reviens tu vas voir, je vais voir ce que je peux faire, ne bouge pas voyons je vais voir et je reviens, viens !
    36 c'était en traversant la rue tu allais chercher quatorze cigarettes c'est fou les risques qu'on peut se prendre pour quelques cigarettes !
    35 écoute bien : la nuit est grave, la nuit nous ment, la nuit dangereuse ment comme elle respire à la santé obscure de nos poumons
    34 en cas d'incident, lisez, prenez votre temps, prévenir tout objet permanent ou personne suspecte au trois cent vingt neuf douze
    33 j'aurais tant voulu pourtant, je voudrais tant, j'aurais tant voulu que ce soit toi mon prince marchant, et toi ma belle au bois mordant
    32 alors une dernière flamme nous a retournés, un grand besoin de bain de sang, un grand retour de sang, un dernier tour ?
    31 en cas d'incendie gardez votre sang chaud, ne criez pas au froid, suivez les conconsignes de sécucucurité
    30 tant de sang a passé dans l'obscurité, le temps dormait si bien dans son sommeil, et voilà soudain qu'il se retourne !
    29 j'aurais tout tant voulu, j'aurais tout l'temps voulu, j'aurais voulu tout le temps, et maintenant voilà qu'il nous sépare !
    28 est-ce que je te dis encor quelque chose, ou bien vraiment plus rien ? dis-moi dis-moi vite quelque chose
    (quelque chose)
    27 tant que le temps bougeait il était encor vivant, et pui il a cessé tu sais, et il s'est arrêté
    27 n'arrachez pas cette note, ne la recouvrez pas par des meubles ou des dossiers, et ne la brûlez pas !
    27 le temps aux babines retroussées, le temps diminué de moitié, les trois quarts du temps, le très grand temps
    27 il m'a suffi de te voir me voir pour voir que c'était tout, non non tu n'aurais pas dû brûler cette note
    26 le temps me vient, le temps repart, le temps-circulation illimité aux urgences, le temps coupé
    25 interdiction : ne pas s'arrêter sur les bandes d'absence, attention aux odeurs de silence
    24 tout de suit après je me suis dit : il n'y a plus rien à faire, il n'y a plus qu'à rien faire
    23 carrefour modifié, fin de priorité, le temps qui passe n'y pourra rien changer
    22 j'ai rien vu, j'ai rien compris, je n'ai pas vu la malchance qui se glissait dans mon lit
    21 c'était sur l'autoroute, en été, c'était chez d'horribles amis (en effet)
    20 en cas de mon absence tirez sur ma poignée, ah, nous avons bien changé...
    19 il y a bien longtemps que je ne comprenais plus ce que je me disais
    18 et je pensais : quelle est cette langue étrange dans ma bouche étrangère ?
    17 une porte qui claque, un papillon de la nuit, c'est fini
    16 un volet qui bat, une goutte de robinet, c'est fini
    15 maintenant voilà, notre vie n'est pas plus qu'un souvenir
    14 le souvenir d'une vie survenue par en dessous
    13 le souvenir d'une vie qu'on vivra par la suite
    12 un rayon de soleil, une table, fini
    11 une vie qui ne nous a plus regarrdés
    10 un véhicule de chantier, un nuage
    9  une vie de désilluminé
    8  tu dis : c'est fini, terminé
    7  terminablement fini
    6  finalement c'est bien
    5  c'est bientôt fini
    4  c'est bien fini
    3  (l'infini)
    2  tu dis ?
    1  mm...
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>


    (Demain la suite des trois litanies)

    <o:p> </o:p>


     


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    Litanie du coup de foudre
    De Jacques Rebotier
    Poète, musicien

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>in
    Orphée Studio
    Poésie d'aujourd'hui à voix haute
    Présentation et choix d'André Velter
    nrf
    Poésie/Gallimard
    (droits réservés)


    1  je...
    2  c'est lui !
    3  j'en suis sûr
    4  c'est lui, c'est lui
    5  aussitôt j'ai su
    6  à l'instant même où il
    7  mon sang a fait son grand tour
    8  à l'instant même où je l'ai vu
    9  dès que je vous ai vu, tu m'as plu
    10 dès qu'il m'a regardé, je n'ai plus pu
    11 dès ce moment je n'ai eu de cesse de
    12 il a suffi que vous, il a fallu que tu
    (oui...)
    13 mon cœur l'a reconnu au premier coup de son œil
    14 c'était en bas, dans la rue, chez des amis, au café
    (il pleuvait)
    15 son âme tout entière vaut le regard, détour, voyage
    16 je vous aime depuis que je vous ai vu avec vos cheveux
    17 je vous aime depuis que tous ces yeux que vous m'avez balancés
    18 je vous aime pour cette façon dont vous m'avez dit je vous aime
    19 je vous aime sur mon cœur, sans les mains, sous les pieds, plus si affinités
    20 je vous aime pour c'est comme si nous nous étions toujours déjà rencontrés
    21 dès qu'il est apparu, tout de suit il m'a sauté aux yeux et il m'a fait les poches
    22 je vous aime pour ce moi qui m'aimais toi qui t'aimais et nous qui n'avons vu que nous
    23 j'aime votre tête, j'aime votre bec, et les plumes, et les ongles, j'aime ton tronc
    24 à l'instant où, sitôt que, aussitôt que, dès cet instant dorénavant (c'est pas ça du tout)
    25 je vous aime pour ma gorge s'est renouée, mon sang n'a fait qu'un, mes veines sont devenue bleues
    26 vous m'avez donné le goût des larmes, des chaudes larmes, du sel dans la bouche, du petit salé
    27 je vous aime pour tout ce sang que vous avez retourné jusqu'à ce que mon plus grand silence apparaisse
    28 c'était chez des organes, il pleuvait, c'était au café, dans une salle d'attente, c'était, c'était là
    29 quand je pense que je nous attendais depuis tant de temps, depuis tout le temps, depuis tout de suite, depuis là
    30 pour ma sécurité ne tentez pas de monter en voiture au moment de ma fermeture et du chant du départ
    31 pour votre félicité entrez sur vos mains courantes en marchant dans ma vie essuyez-vous les pieds (c'est pas ça non plus)
    (non...)
    32 pour ce qu'avant de quoi je n'existais pas, je ne vivais pas, je n'existais pas auparavant, je n'existais pas vraiment
    (non, non vous ne pouvez pas dire cela, Rosalie)
    33 je ne pense qu'à vous, je ne mange plus, je ne dors plus, je ne pense plus, je ne pense qu'à nous, je ne pense plus qu'à moi
    34 quand je pense, quand je pense que vous (pensez-vous...) quand j'y pense, je me rappelle tant de choses, mais je n'y pense pas souvent.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>


    (Demain la suite des trois litanies)




     


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    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>






    Ma mère m'empoigne d'une main très douce gantée de veau ;





    elle me conduit vers une venelle,





    que nous avions déjà franchie quelques années plus tôt.











    Nous l'empruntons, nous éloignant du village.













    Très vite, la ruelle serpente, se dresse dur et nous l'escaladons,



    ma mère joyeuse, moi tout juste étonnée, le regard traînant en arrière.


    Mon père s'était attardé au seuil d'un kiosque à journaux ;





    ma mère en a profité. Pfutt ! Leste et provocante, elle nous a fait disparaître.


    Plus nous montons, plus le bitume s'efface.





    Nous bifurquons, un sentier de traverse nous accueille, plat et tentateur.











    Là, nous voyons ce qui fait le goût d'y revenir : le soleil hirsute





    sur les piquets flambants neufs de tentes kakis de militaires.











    Un camp installé. De la promesse d'homme, de soldat, de virilité.




    Mais de ces hommes, aucun là.


    Nous sommes venues guetter les roches molles de calcaire, les sapins efflanqués,



    les courbes des prairies. Printemps en Franche-Comté.











    Nous n'avons qu'à nous laisser glisser à même la peau des arbres,





    ceux qui à terre s'étendent lascifs. Ma mère s'allonge, en attente.



    Puis soudain, des rafales d'hélicoptères, ceux de la guerre, ceux de l'exercice,




    envahissent de leur ombre le silence.











    Les pales d'hélices noires. Qui font gémir nos entrailles.





    Nous, aplaties, dans la terre meuble. Les camions de partout. Mais d'hommes, aucun là.






    Le constat qu'il y a eu la guerre. Une bombe à hommes qui n'aurait rien détruit, que les humains.





    Les aurait désintégrés. Pschtt, envolés.











    Mais tout parle d'eux.

    Les casernes de toile, juste abandonnées,

    il y a quelques minutes, le pain coupé, le beurre encore transpirant,



    un œuf qui gît au fond d'une poêle.








    Et la pancarte, claudicante, épuisée de ne tenir qu'à un clou. Dommage collatéral !


    Père a disparu. Père, rejoins-nous, nous sommes revenues.


    Le gant est devenu rêche. Elle me tire en avant.

    Sur le sentier, ma mère accélère le pas et me tord la main dans son élan.


    Le foulard à pois noirs sur fond blanc, la robe, toute en corolle sur les hanches.


    Redescendons dans la vallée.





    Elle me lâche enfin. Je marche dans les colchiques.











    Mes pas résonnent sur les cailloux.



     



    En fin d'après midi, lasses, nous décidons que nous agirons demain.





    Avons attendu qu'une annonce le signale, vivant, quelque part.

     



    Comme dans un roman d'espionnage, chaque jour, avons acheté le journal



    et consulté les petites annonces.



    Une petite annonce, nous aurions pu ne pas la lire.





    Ce n'est pas évident de retrouver son père de cette manière.











    L'annonce aurait pu disparaître en journal à épluchures de pommes de terre,


    ou plus discrètement, dans la pile d'un documentaliste en retard de classement.


    J'aurais dû tous les jours sans faillir lire toutes les annonces de tous les journaux locaux.

    Nous n'aurions rien eu d'autre à faire, que lire les annonces pour retrouver mon père.



    On l'aurait retrouvé. Bien sûr.






     


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    Erika Jong un jour décrivit dans son journal une balade à Heidelberg (Allemagne), une promenade interdite par l'Office du Tourisme local, puisque ne figurant nulle part dans les prospectus innombrables de publicité sur la ville et ses monuments historiques.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>



    Elle était allée consulter la Bibliothèque municipale pour des recherches et était tombée sur de vieux prospectus touristiques, datant de la deuxième guerre, dont certaines phrases avaient été caviardées. Se faufilant entre les barres noires du texte, elle finit par comprendre qu'un lieu très spécial pouvait être visité, auquel on accédait par un sentier commençant dans la rue centrale d'Heidelberg, parallèle aux chemins de vignes et parallèle aux chemins de halage, comme dans toutes ces villes résidentielles de l'Est, flanquées à l'arrière de collines vinicoles gorgées de fruit et à l'avant de fleuves permettant un commerce florissant et des déplacements bucoliques.

    <o:p> </o:p>



    Erika Jong avait décrit cette promenade qui n'était pas innocente, et je décidai de la suivre dans son périple.

    <o:p> </o:p>



    J'étais dans la ville, marchais dans la grand rue et lisais ligne à ligne la description qu'elle fait du pâté de maisons à repérer pour s'engager dans cette fameuse ruelle qui monte vers les hauteurs du bourg. J'avais parcouru plusieurs centaines de mètres et me retrouvai au pied d'une sente, qui permettait aux travailleurs de rejoindre leurs vignes pour tailler, élaguer, traiter, soigner, puis vendanger les grappes blanches de muscat, vendanges tardives de ces vins moelleux, de ces nectars des Dieux, que les Allemands prisent entre chien et loup ou à l'entracte des opéras.

    <o:p> </o:p>



    Je commençai l'ascension en quittant quelque peu le récit d'Erika Jong ; point n'était besoin de lire à ce stade, il suffisait de rester fidèle à la plus forte pente, à celle qui mérite sa peine et son salaire.

    <o:p> </o:p>



    L'ascension dura dix minutes, peut-être vingt, il fait toujours long dans les montées. Le souffle plus court, l'ardeur à grimper ralentissait. Le valait-il seulement cet effort alpiniste ? Le fallait-il faire ce détour pour trouver le pire ? Je pensai enfin à m'interroger sur ma motivation à souhaiter cette élévation qui n'en était pas une.

    <o:p> </o:p>



    J'en étais là de ces atermoiements de la pensée, quand je sentis que le paysage changeait, que des buissons plus fouillis, qu'une végétation moins maîtrisée et même la présence d'arbres, indiquaient un certain relâchement de la main de l'homme. Etait-ce à dire que là, on avait décidé de ne plus aller, de ne pas conquérir quelques hectares de plus, de ne plus se donner la peine d'en faire quelque chose de cette terre. Qu'avait-elle donc ? Quelle raison inconnue faisait s'arrêter là le mécanique et symétrique dessin des rangs de ceps ?

    <o:p> </o:p>



    Je quittai le paysage bien ordonné pour me glisser avec difficultés dans des ronces et des buissons envahissants. Un léger décalage de la végétation me permit de passer et de rejoindre un chemin ancien, peu défriché, mais tellement aplati qu'on sentait qu'il avait été battu et rebattu de bottes, de sabots et de chaussures cloutées.

    <o:p> </o:p>



    J'arrivai à l'entrée de ce qui me sembla d'abord une clairière, où je devinais le soleil au travers des branchages, mais paradoxalement, le sol paraissait de pierre, plutôt que de terre. M'en approchant, je heurtai un objet dur et je découvris un socle de pierre noire, puis un second et compris avoir pénétré un amphithéâtre naturel, circulaire et taillé dans la roche, quand je vis des rangées de pavés disposés en terrasses,  s'élevant sur cinq à six de mètres, tout autour d'un terre-plein central. Peut-être n'était-il pas creusé dans la roche cet édifice,  mais le fait de transports nombreux apportant ces pierres taillées tout exprès, un autre secret des pyramides à découvrir.

    <o:p> </o:p>



    Je pensai tout à coup que le lieu n'était pas tant à l'abandon que cela, puisqu'il apparaissait dans toute sa grandeur, ne manquaient que les fanions, sur les porte-drapeaux dont on devinait les niches possibles autour du cirque.


    Je pris une photo, en pensant à ce qu'un tel lieu avait dû charrier de discours enflammés, d'oriflammes noirs et rouges, de jeunes gens blonds aux yeux bleus en uniformes vert de gris. Il me semblait entendre les clameurs rauques accompagnées de Heil martiaux, soutenus de bras tendus.

    <o:p> </o:p>



    Je me demandai ce que je faisais à venir là contempler en catimini les tristes restes de la culture nazie. Je n'y restai que le temps de finir le passage d'Erika Jong et refermant son livre, mettant mes pensées dans les siennes, je redescendis sur la place du marché, auprès des Allemands modernes, ceux qui ont tout oublié ou ceux qui ne veulent plus que cela revienne.

    <o:p> </o:p>



    Je quittai Heidelberg le lendemain matin.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>
    http://www.zoot.org.uk/gallery/v/random_11_06/HPIM1016.jpg.html


     


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