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    l’entre-deux entre joie d’une Libération et mur d’arrière-pays l’époque contient sa mélancolie mais le rythme aussi la force du swing un peu d’Amérique et on s’aperçoit qu’on en est le produit on y puise une détestation de la F rance on n’aime pas les petites médisances les nantis supérieurs non plus sa crise naissante on veut prendre la route un technicien du terroir se présente peut-être qu’avec un autre mais rien à retenir de cette 2CV sur les bords du canal en rentrant chargée des draps rouges passant près de la petite maison on apprend la mort du président comme ça qu’on sait dater jour et heure la formalité ça ne marque pas peut-être choisi pour ça justement pour qu’il ne barre pas la suite de soi on aurait pu rester là on prend la grande tangente on a le swing en soi


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    parti sans laisser d’adresse ou plutôt que l’adresse se perde dans le solo qui nous envole ça la peur qu’on resterait peut-être quelque part là-haut en voix de tête parce que la musique était si conventionnelle harmoniques au carré à domicile alors qu’on ait voulu la dissonance début d’une liberté ça le jazz qu’on peut chanter autrement et que la folie ou le désespoir peuvent s’y glisser en toute impunité qu’on oublierait le quotidien l’attente au bout du chemin et la nécessité de l’obscène réalité ça qui fascine aussi plus tard chez les artistes faire ce qu’on veut pour soi on admire cette fidélité à l’essentiel dans l’obstination et la constance ne pas se laisser détourner on va insister insister en se disant qu’au bout du saut l’eau n’anéantit pas l’autre rive et les paniqueurs de tous poils ne sont que nos propres fausses vigies qui fourvoient il y a une terre là-bas juste la penser faire ses gammes et même s’il n’est pas parfait le solo


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    toujours on a vu l’établi et son étau forgé à l’ancienne qu’accompagne l’odeur de sueur d’huile de peinture ne se raconte pas l’histoire d’un ouvrier mais d’un concepteur quelqu’un qui attrape la mécanique du dessus qui forge ses outils qui pense avant les mains au plus intime de qui m’a appris à aimer même dans ses gestes brouillons ça sentait bon l’échauffé du métal on y puisera ses objets d'amour il y faut ce schéma subtil la double entrée le verbe l’action et son déclic métallique comme ça qu’on s’est toujours fait emboutir comme ça qu’on aime cela va de la réparation de moto la jeep chemises kakis d’un été le changement du moteur de 4L passage aux hauts-fourneaux laminoirs aciers plats  un marin aussi en bleu de chauffe puis imperceptiblement on quitte la mécanique pour la technique désincarnée on travaille des années à faire la robot Shiva parant au plus pressé ou comment se faire mécaniser on finit par comprendre l’urgence de suspendre en pas de côté se désincarcérer que la technique n’est pas pure mais prise dans des rapports de lutte de classes qu’elle nous pétrifie telle la Méduse à trop la contempler alors on la quitte on se rabat sur la machine on l'aborde en liberté dans un rapport sémantique on se fait machine en mots pour être respirée


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    back to b un jour la barrière prend l'allure orange de l’antirouille on y grimpe on se penche pour voir plus loin brouhaha le pays des ouvriers retentit du même quelque chose vu au journal télévisé un homme sur les toits d'une université et ici les hommes à casquettes militant au carrefour juste au pied du Crépont on n’a pas l’âge de quitter l'allée juste de regarder ils s’approchent et murmurent dis petite donne-nous du tissu de coton blanc dis petite donne-nous les bouteilles vides qui traînent dans ta cave et on s’exécute il s’agirait d’une opération naïve l’apprentissage vient par les pieds dit Sebastian Haffner on apprendra plus tard mais ici on découvre les préparatifs d'un feu de barricade on obtempère puis on se retient quand ils demandent de l’essence on devine Molotov irruption du réel jadis feux de Bengale bombardiers les corps la terre ravagée alors ça cogne on fait non de la tête mais le soir on frémit de savoir que l'un d'entre eux est mort quelque part dans la ville cette seconde à treize ans quand on se reconnaît politique mais du lointain continent de la non-violence une Inde inspirante on déclare ce jour-là ne vouloir jamais de ces guerres des hommes


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    parmi les événements qu'il nous arrive combien résonnent comme coïncidences très peu mais ce sont ceux-là sur lesquels on s’empresse de projeter notre appétit de sens après qu’on a enterré dieu que la coïncidence serait la surface qui dit notre angoisse et notre envie de réparation que la simple existence du mot ouvre au monde de la nécessité de croire et qu’à cet endroit ne peut répondre qu’une respiration profonde une sourde allégresse tendant vers le réel une renonciation à prendre l’aléa pour le vrai le méandre pour le fleuve transitoire lacet qui ne dévie pas la flèche générale on y perd un peu de notre temps mais on peut toujours la laisser sur le bord du courant bornant le trajet de nos mûrissements


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