Par Anthropia
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<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>A Ivry, quand on va au cinéma de quartier, on va au Luxy, 4,50 euros la séance, qui dit mieux.
L'autre soir, on y donnait La Question Humaine de Nicolas Klotz. Je passe sur le film qui fait se poser des tas de questions quand on travaille en entreprise dans les ressources humaines.
Un ami, ancien DRH, parle de son ancien métier comme « agent de transit », métier de merde qui assure le transit in et out au sens de la merde. Quand les personnels deviennent des ressources humaines, valorisées comme n'importe quel coût dans l'exercice comptable, toujours trop chers disent les patrons. On doit donc les gérer comme tous ces coûts d'entreprise, pour que la dépense baisse, en délocalisant, en licenciant, en automatisant, les trois voies du « downsizing ».
Le film nous montre comment l'usage par les nazis d'une langue pervertie et euphémisante -« la solution finale » par exemple- s'est répandue dans tout le XXème siècle, comment cet usage s'est généralisé à toutes les sphères sociales, et singulièrement au vocabulaire d'entreprise, parlant des hommes et des femmes en termes d'unités, d'outplacement et de plan social, mots pudiques pour parler de licenciement et de reclassement dans des voies sans issue, de type CDD de trois mois ou stage garage.
L'autre soir au cinéma, quand la lumière s'est rallumée, le réalisateur était là et le débat s'est engagé.
Je voudrais ici citer Tom, le biologiste, qui a pris la parole et qui s'est dit en résonnance avec le film. Tom travaille dans l'ADN, il réalise des tests ADN, c'est son métier.
A partir de maintenant, grâce à la nouvelle loi sur l'immigration (une par an, comme durant la montée du nazisme en Allemagne pour les lois scélérates, technique de la cuisson de la grenouille, on fait chauffer l'eau peu à peu, pour que la grenouille ne se rende compte de rien), oui désormais, le nouveau métier de Tom va consister à prélever l'ADN de migrants, analyser les résultats et les envoyer à la police, pour chasser l'immigré. Il va devoir dire si les enfants de ces hommes ou de ces femmes sont bien leurs enfants. S'ils sont les enfants de cet homme, la police leur délivrera alors des cartes de séjours « vie familiale ».
Même en Italie, qui a adopté les tests ADN, une précaution a été prise, les résultats ne sont pas envoyés à la police, ils sont destinés à une Fondation d'aide aux migrants, qui transmet l'information positive ou négative à la police, mais détruit les échantillons d'ADN ; ainsi ces tests ne sont pas reversés aux fichiers de l'Intérieur. En France, oui vous savez, le pays des droits humains, on vient de rétablir les fichiers racistes qu'on enrichira de tests ADN facultatifs, mais à la charge du migrant qui veut faire venir sa famille. On ne les lui remboursera que s'il obtient le visa. Donc s'il ne l'obtient pas, il aura vraiment tout perdu, sa famille, sa certitude de paternité et son argent.
On réduit par ailleurs le droit de recours pour les étrangers demandeurs d'asile de 1 mois (prévu dans le projet de loi) à 15 jours, ce qui est une atteinte fondamentale au droit d'asile. Et on fusionne en une seule décision le refus de papier et la reconduite à la frontière, histoire de contourner les recours aux juges qui annulent les reconduites. Ainsi, la reconduite à la frontière ne sera plus qu'une affaire d'arbitraire administratif, tellement plus pratique.
Tom est dans la stupeur, il vient de devenir auxiliaire de police, ce n'était pas son choix, lui, il voulait être biologiste et il ne sait pas s'il poursuivra dans cette voie. Et moi j'ai honte de vivre dans ce pays.
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