Par Anthropia
Les formes du travail
Crédit photo Anthropia
L'annonce de l'imminente nomination de Jean Sarkozy
à la tête d'un des plus grands pôles d'affaire en Europe
ne semble pas choquer les élus UMP qui s'expriment à ce sujet.
Fillon parle d'élection, comme si la prise de fonction à l'EPAD
découlait naturellement de son élection
comme conseiller général
et de sa nomination comme chef de l'UMP
dans les Hauts de Seine.
On ne peut nier que Jean Sarkozy a été élu
à la régulière comme conseiller général,
encore qu'on pourrait argumenter,
ce n'était pas du suffrage universel direct,
il n'a pas visé la mairie de Neuilly,
s'est fait élire par les grands électeurs,
amis de son père.
Et ce qu'il est devenu depuis cette élection
n'a pas davantage à voir avec la légitimité politique.
Son catapultage à la tête du groupe UMP
du Conseil général
n'est en général obtenu par les élus
qu'au terme d'une longue vie politique ;
sur leur tête on voit davantage de
cheveux blancs que de boucles blondes.
Et même si des manoeuvres y sont nécessaires,
il y faut aussi de la maturité et de
l'expérience pour y parvenir.
Ce qui se passe ici n'a donc pas à voir avec la récompense d'un parcours
mais avec le court-circuitage d'un pouvoir
qui s'impose à tous sur les Hauts de Seine.
Du temps de Pasqua déjà, ceux qui mégotaient avec ses oukazes
savaient qu'on était avec lui ou contre lui,
beaucoup s'en sont mordus les doigts.
Cette règle semble avoir perduré avec le successeur,
Nicolas Sarkozy.
Les Umpistes n'y trouvent
aucun népotisme, parce qu'ils sont habitués
à ces fonctionnements arbitraires ;
ils sont comme vissés aux vassaux, qui n'y voient pas à mal.
Sans oublier que chez eux,
le cumul des mandats va de soi.
On est Président du conseil général,
Président de la SEM locale,
Président de l'EPAD,
Président du groupe UMP,
c'est comme une voie royale,
vous trustez tous les postes.
Dans le cas qui nous occupe,
ce que sous-entend cette désignation,
c'est que le conseil général des Hauts-de-Seine
sait déjà qu'il votera pour Jean Sarkozy
comme Président du Conseil général.
Que tout cela est d'ores et déjà organisé.
Pourtant l'exercice voit sa limite dans le fait d'offrir sur un plateau
le poste de Président de l'EPAD à un godelureau de 23 ans.
Oui, car là, c'est de business dont il s'agit,
les chefs d'entreprise de La Défense sont-ils prêts à admettre
qu'un djeun les représente, négocie avec les vieux crocodiles
que sont les promoteurs immobiliers,
fréquente le monde des affaires du monde entier ?
Qui a fréquenté les conseils d'administration dans sa jeunesse
sait combien il est difficile de s'imposer
face à un aéropage de têtes argentées.
C'est simple, la parole ne porte pas,
les gens ne relèvent pas la tête,
n'interrompent pas leurs a-parte,
quand un jeune parle,
on sent qu'il n'a pas les reins solides,
qu'il n'a qu'en superficie le discours juridico-technique.
On peut le regretter,
trouver que c'est de l'anti-jeunisme,
le fait est que c'est une réalité.
Dans mon métier, j'ai constaté
que passé un certain âge, tout en étant une femme,
je trouvais l'intérêt dans le regard des autres,
du simple fait d'avoir quelques années de plus.
C'est pour cela que plus de 40 000 personnes
ont signé une pétition,
parce qu'on n'a pas la vision nécessaire
ni la reconnaissance de ses interlocuteurs,
à ce poste à cet âge-là.
Et même si cet homme ne s'appelait pas
Jean Sarkozy, ce serait vrai de n'importe
quel homme de cet âge.
Pour finir, mais doit-on s'en étonner,
après ce qui précède,
le poste ne fait l'objet d'aucune contre-proposition,
aucun homme chevronné
ne se présente pour occuper le poste.
Par peur des conséquences ?
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