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La fraîche évidence

Florence Reymond

détail

 

 

La fraîche évidence

Dominique Sampiero

Extraits

©Editions Lettres vives

 

Je range tes lettres comme des papillons ou je ne sais quoi. Comme des pages de lumière vivante qui battent des ailes avant qu’on repousse le tiroir. Je les entends remuer la nuit, le jour. Tu sais à quelle vitesse s’éteignent ces brasiers qui nous font croire plus vivants. Cette sorte d’amour. On a beau tourner la page, c’est encore la blancheur. On n’entre jamais ici, on effleure.

Tu dis «je vais à la rencontre» et tu marches vers toi-même. Tu coules à pic dans le matin, tentes un premier pas. La fin du jour est tienne. Semence cachée, tu entres dans le désordre de ton village. Tu ne reconnais plus ta nudité, ni ce qui chuchote en toi. Tu demeures là et tu pleures, sans royaume, sans frontière, dans le prodige de la nuit et du renoncement. C’est cela le premier mot, un endroit d’herbes longues, de vipères, de coupures sur la peau. Rien devant toi. Le premier pas.

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