Par Anthropia
Atelier van Lieshout
Baby
2008
Galerie Bob Van Orsouw
FIAC 2008
Crédit photo Anthropia
La première le met au monde en loucedé,
et l'abandonne derrière une poubelle,
de façon à ce que quelqu'un le prenne,
La deuxième le congèle à la cave,
pour qu'elle puisse le susciter de temps en temps
en ouvrant le placard lumineux,
La troisième le secoue dans une crise d'hystérie,
elle l'a laissé arriver dans la famille
mais pour combien de temps.
La quatrième l'enferme dans un placard,
pour ne plus se voir,
la cinquième prie le père de le punir le soir
quand il rentre du travail, en complice,
elle ne sera pas la seule coupable,
la cinquième ferme les yeux
quand le tortionnaire de beau-père le roue de coups,
n'est-elle pas elle-même victime ?
Une étude dit que les mères sont plus sereines
quand elles élèvent des enfants,
qui proviennent d'un autre ovule que le leur,
tant elles ont besoin de tiers.
Les mères sont sauvages, notre époque nous le dit,
nos Reines de la nuit hurlent leur délire,
il n'y a que les hommes innocents qui vivent avec,
qui ne voient rien.
Les autres font leur boulot, ils séparent, ils interviennent
dans la dyade mère-enfant, ils mettent leur nez,
détachent la mère, l'emmènent au ciné,
pour qu'elle ne devienne pas chèvre
dans cette toute-impuissance
qui lui est tout à coup tombée dessus,
n'a même plus le temps de pisser,
et dans cette toute-puissance absolue,
si personne ne vient l'interrompre.
A une mère qui disait sa hâte que son enfant placé
pour cause de maltraitance (la sienne)
lui soit rendu, Françoise Dolto disait,
oui et que ferez-vous quand vous rentrerez,
je lui ferai un flan à la vanille, elle les adore,
oui, et puis ?
Je la coifferai avec son chouchou,
Oui, et puis ? Puis je la coucherai,
mais Mademoiselle ne voudra pas dormir comme toujours,
Oui, et puis ? Ben, je lui dirai de dormir,
Oui, et puis ? Ben, j'éteindrai la lumière.
Oui, et puis ? Ben, elle continuera à faire la foire, comme d'habitude.
Oui, et puis ? Ben, je la corrigerai, oh,oh,
oh s'il vous plaît, prenez mon enfant,
je ne pourrai pas m'en empêcher.
Et Dolto d'ajouter, on ne peut rendre un enfant à sa famille,
que quand il sait défendre son corps,
qu'il sait qu'on ne doit pas lui faire de mal,
parce que son corps lui appartient.
On peut voir et entendre Dolto ici.
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