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Buzzer l'art contemporain

 

Christine Laquet 

Centre-Europe
150 x 177,5 cm, encre de chine sur papier in La Planck

Partir en forêt en quête de phénomènes inaccoutumés,
et se faire peur dans un décor à la “Blairwitch
Project”. Une expédition qui tend vers l'onirisme à travers
des effets graphiques de camouflage et de matière.

"Ces atmosphères de sous-bois que je retranscris dans cette série de dessins démesurés à l'encre de chine me permettent de créer des situations étranges, qui traduisent dans ce « chaos » une ambiance magnétique. Je me trouve comme aspirée dans cet univers particulier entre le conte de fée et le film à suspense, telle une invitation à une expédition qui tend vers l'onirisme. Dans l'encre de chine, le marcheur est équipé d'une « veste camouflage » qui a pour fonction de se confondre dans la végétation en dissimulant ou en masquant la forme du corps. Cette technique a été inventée en 1914 par le peintre Guéro de Sévola, lui-même inspiré par le mouvement cubiste. Lorsque l'on regarde attentivement le dessin, on peut apercevoir que la façon dont les bois sont dessiné laisse apparaître une texture proche de la fourrure d'une bête." (C. Laquet).

 

Voilà tout est dit ou presque de la différence entre une oeuvre du XIXème siècle, une gravure ou un dessin à l'encre de chine, arts précieux, dont on a conservé à travers les âges les créateurs emblématiques, et cette oeuvre-là, qui renouvelle le genre, qui fait avancer l'histoire de l'art, qui saisit dans un format inattendu (grand format) quelque chose de notre époque, non dans la nostalgie d'un autre temps, mais en acceptant de se confronter aux artistes précédents, à la référence du cubisme, en connotant le Blairwitch Project, en réalisant une opération complexe, qui part d'eux-mêmes, qui traite d'un sujet, tout en cherchant le "what's new" dans le matériau ou dans son cadrage, ou encore la dimension émotionnelle dans une émotion d'aujourd'hui.

Ce qui est incomparable dans Centre-Europe, c'est l'intervention d'un sujet dans un paysage, preuve qu'on est bien au XXIème siècle, que la veste para-militaire, les effets de neige télévisuelle sur ce qui pourrait bien être un écran, que l'ambiance de complot, d'étouffement d'une nature nocturne, font sens aujourd'hui et maintenant.

C'est contemporain, parce que cela n'aurait pas pu être produit au XXème siècle, on devrait appeler cela art actuel, si l'actualité n'avait pas déjà tué le mot, ce réel-là travaille avec les références en les sacrifiant sur l'autel de la création. 

Et s'il y faut du texte, c'est que nos artistes contemporains doivent tout prouver, qu'ils sont là, qu'ils réfléchissent à leur oeuvre, ils doivent inventer l'oeuvre et apporter eux-mêmes la voix off, défendre leur point de vue, parce que l'art contemporain foisonnant de faux espoirs -beaucoup d'appelés et peu d'élus- ne les a pas encore légitimés et que le commentaire n'est pas fait par le buzz.

 

 

 

 

 

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