Par Anthropia
Cindy Shermann
Sans titre
Exposition
Musée du Jeu de Paume
Tu montres ta gueule et tu nommes ça 'sans titre'.
Je, à aucun titre, c'est ce que fait Cindy.
Elle noie le Je dans ses hétérovisages,
Je sous toutes les formes autres que Je.
Pour moi, ici, Je se tente,
le blog m'apprend le Je,
je veux dire, je le cultive, là, sous vos yeux,
vous ne vous en doutiez pas, peut-être,
tous les jours que Dieu fait, enfin si on y croit,
je m'emploie à tourner autour de mon Je.
Oui, je vous vois déjà faire la moue, O la méchante,
la vilaine égocentrique.
Mais non, c'est pas mon nombril que je cherche, c'est Je,
plus noble, le sujet, le S supposé savoir, enfin, je crois.
Ce qu'il pense, ce qu'il vit, ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas.
Je est un autre, alors faut bien s'en occuper.
Un peu comme dans cette bleuette, la fille.
Et vous les oeufs, vous les aimez comment, le dimanche matin,
Et elle se rendait compte qu'elle ne le savait pas,
qu'elle avait toujours cuisiné les oeufs pour ses amants,
se mettant à aimer leur goût.
Et elle, comment elle les aimait, les oeufs ?
Alors, elle les a cuits de toutes les manières,
elle en a rempli des assiettes
de toutes les recettes d'oeufs qu'elle connaissait,
et elle a goûté.
Finalement, elle a su celle qu'elle préférait.
Voilà, je viens ici chaque jour,
pour me demander comment j'aime les oeufs.
Et à peine je commence à le savoir,
à peine je m'occupe, en ce dimanche matin,
à peine je parviens à me distraire,
que je me le reproche,
parce qu'aujourd'hui, il y a un homme à l'hôpital.
Et j'aimerais bien savoir comment il aimera ses oeufs, lui,
quand il sortira du coma.
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