• Henri Matisse

    Liseuse à la coiffeuse

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  • Pablo Picasso

    Femme assise devant la fenêtre

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  • Johannes Vermeer

    La liseuse à la fenêtre

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  • Him

     

    Maurizio Cattelan

    (droits réservés)

    2001


    Photorealist sculpture of a miniature hitler in prayer - an icon of fear.
    Installation at faergfabriken

    Center for contemporary art and architecture, Stockholm

     

    Ydessa Hendeles « The Living and the Artificial » Münich – 2004


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    Ydessa, Les ours, etc. - Agnès Varda – 2004 <o:p> </o:p><o:p> 



    Him, c</o:p>
    ette oeuvre dérangeante de Maurizio Cattelan prend toute sa valeur dans une installation d'Ydessa Hendeles, intitulée « The living and the Artificial » à Münich, qui présenta des centaines de photographies de personnes posant avec des ours en peluche, durant la guerre de 1939-1945 en Allemagne.


    Agnès Varda en a tiré un court-métrage bouleversant. Nous introduisant à l'exposition et à l'artiste elle-même. Ydessa, Les ours, etc., est une quête au travers d'un filmage méthodique et obsessionnel de chaque photo, des photos d'ours en peluche dans les bras d'enfants riches, dans les bras d'enfants pauvres, dans les bras d'enfants juifs, dans les bras d'enfants de nazis, de bonnes familles allemandes, des photos d'ours en peluche comme mascotte d'une équipe de sports, d'une caserne de pompiers, d'un bataillon d'hommes tous bien ordinaires, l'Allemagne bien tranquille avec tous ses ours en peluche. Une collection macabre, mais pour quoi faire.




    Peu à peu, dans ce lent pèlerinage qu'a voulu Ydessa Hendeles et à sa suite, fidèle et créative à la fois, Agnès Varda, la réalité perdue des ours en peluche devient la réalité perdue des enfants privés de leur jouet, d'enfants emmenés dans les camps, d'enfants partis en émigration. Avec leur doudou, ils ont perdu leur enfance. Avec ces jeux d'enfants sur papier sépia, nous sentons bien que nous les avons perdus. Et aucune, non aucune insupportable génuflexion ne pourra nous les rendre.

     


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    Ce soir, on dîne à la maison, on, c'est mon fils, son amie et moi. De ces repas tranquilles, chaleureux, les lumières tamisées, serre ton bonheur, dit René Char, ce soir, je le serrais bien fort.


    L'amie de mon fils, nous l'appellerons Sandra, me raconte alors sa dernière sortie. Elle est allée à une soirée, qu'elle a quittée le matin à 6 heures.


    Elle monte dans le tram avec trois amies et un vague copain. On est près de la porte de Versailles à Paris. Dans le tram, un petit groupe de jeunes nantis encore boutonneux, vêtements coûteux, s'excitent tous seuls, Paris s'éveille et ils n'ont pas sommeil. Ils ont seize, dix-sept ans, la vie leur appartient, le tram aussi. Autour, quelques nuitards, un ou deux travailleuses pauvres qui se rendent dans les bureaux pour y faire le ménage.

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    Sandra en montant se permet une remarque devant la cacophonie du groupe de fêtards. Ohé, moins de bruit. Un de la bande se retourne, le visage aussitôt plein de haine, et commence à l'insulter, violemment, avec des mots rarement employés tant ils sont orduriers. Sandra, ceinture noire de karaté, se tait, saisie d'effroi devant le visage révulsé que l'autre lui présente. Son jeune voisin, jeune ado filiforme, se lève et dit aux autres, mais taisez-vous enfin, elle n'a rien fait, il n'y a pas de problème.

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    Le haineux se rue alors sur lui et lui dit, tu vois mon front ? L'autre va pour répondre, oui et alors ?, aussitôt l'autre lui met un coup de boule hallucinant sur le nez. Il a pris de l'élan, a orienté sa tête, et sans que personne ne puisse le prévoir, donné un choc subit, qui fait chanceler le jeune homme.

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    Effondré, il tombe au cœur du petit groupe des hideux. La méduse se referme sur le corps, les malfrats le frappent de toutes leurs forces. Les filles essaient de s'interposer et sont renvoyées sur les banquettes autour. Sandra se retourne alors vers les autres voyageurs, qui sans bruit sont allés se réfugier au fond du wagon. Le sang gicle, pisse de plus en plus fort. Cris du jeune garçon, puis hurlements, Sandra dit, mon cœur palpitait, je ne savais pas quoi faire. Une des amies se jette par-dessus la mêlée pour aider le copain.

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    Le tram s'arrête alors à la station. Un homme sorti d'un deuxième wagon, monte dans le leur et commence à intervenir, il est grand, costaud. Il impressionne. Se joint tout à coup, ô miracle, un second qui vient du coin des lâches. Il était grand aussi celui-là, mais qu'attendait-il ? A cet instant, les cloportes commencent à se sentir en minorité, et juste avant que les portes ne se referment, sortent en courant de la voiture. Ils prennent toutefois le temps de faire un bras d'honneur, la scène s'achève quand le haineux se déculotte pour montrer sa face blême aux voyageurs. Une inhumanité en marche s'éloigne au loin.

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    Et Sandra commence alors sa harangue vers les couards du fond. Alors, vous n'avez rien fait. Vous n'êtes pas venus nous aider. Nous, on est de pauvres femmes, on n'y arrivait pas. Mais avec vous, tous ensemble, on aurait pu éviter ça. Le jeune homme a le visage explosé, il pleure de rage, la manche de sa veste tentant vainement de stopper l'hémorragie.

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    L'un dit, j'avais peur, je suis comme vous, pas bien épais. Un autre tourne la tête, gêné d'être pris à parti devant sa copine, et peut-être aussi de n'avoir rien fait. Un troisième dit, oui vous avez raison. Mais regardez votre copain, il n'aurait pas dû se mêler de ce qui se passait. Il a voulu vous défendre et voyez. C'est cela qui est le pire, dit Sandra, ils pensent qu'ils ont eu raison, que finalement, il n'y avait que des coups à prendre.

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    Redire l'histoire. Réécrire l'histoire. La transformer. Une histoire où une fille aurait dit, faites-moins fort, des garçons auraient commencé à l'insulter, trois ou quatre personnes, hommes et femmes, se seraient levés en disant, stop, arrêtez. Les autres se seraient calmés, seraient partis. La folie n'aurait jamais commencé.

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    Sandra m'a dit, tu vois, je me suis crue dans l'Espèce humaine de Robert Antelme. L'humanité zéro, une gargouille monstrueuse, un visage de haine qui montre son cul, un visage-cul. Un inhumain à tête d'homme rencontré sur le chemin, et de l'autre côté des êtres lâches qu'on rêverait ne jamais avoir croisés.

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    « Je rapporte ici ce que j'ai vécu. L'horreur n'est pas gigantesque. »  Dites-vous, Robert Antelme. Non, l'horreur n'est pas gigantesque, mais la béance entre-aperçue est vertigineuse.

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