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    Crédit photo anthropia # blog

     

     

     

     

     

    De quelques éclaireurs, mes Indiens à pister, ces signes avant-coureurs |

     

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    Personne dans les photos. En ressortant de l’ascenseur, en bas, rue des Pyrénées, avais marché automatique, savais pas où aller, descendu la rue vers le bas, elle est longue, un hurlement jaillit, moi, suis dans la neige à Prémanon, hurle, suis rue de la Fontaine au Roi, hurle, à la Testardière près de Tours, hurle, hurle, pas ma guitare, hurle, hurle, hurle, ma tête sur le sol au milieu des arbres, cogne, cogne, dans la neige, seule, le soir, trente kilomètres à pied, moins douze degrés, un hurle de trois minutes, ma tête contre le mur de la maison qui mal, hurle, enfin, dans la rue, à trois heures du mat’, hurle, moi, hurle, pire que se cacher, hurle, ça fend à l’intérieur, hurle, le rempart broyé, hurle, gicle en éclats, hurle, colère, hurle, où sont les êtres, où est moi, où est nous ? Et puis dans la voiture, hurle. Blanche. Elle.

     

     

     

     

    On n’est pas au Syndicat d’initiative, dans la plaine : vert |

     

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    Ils passent dans leur 404 bordeaux, juste après la Trouée, je les vois arriver tout chantant, tout jouant. Je fais ça aux gens, je suis riante et verte, toute plate dans la vallée après la montée, ça repose, et puis il faut m’escalader jusqu’au-dessus des montagnes, les Ballons, si on veut mieux me voir, je suis une vallée et ses promontoires, tout en une.

    Il y a le petit frère, la cousine, sur la banquette arrière, elle au milieu, sur la barre, qui rentre dans les fesses. Au bout de quelques minutes, elle cherche l’air qui lui manque, en raison de ma chaleur, microclimat près de Colmar, mes Vosges stoppent la pluie, empêchent le vent, retiennent le froid, et quand on redescend, ma température a monté de plusieurs degrés, une Côte d’azur ici. Alors, elle demande à sortir de l’auto. Je crois qu’elle souffre du mal de mer.

    Mes villages alsaciens, on les remarque sur la route jusqu’à Rouffach.

    Là, ils rient, parce que Rouffach est la ville des fous. On ne le met pas dans nos dépliants touristiques, ça ferait mauvais genre, des fous, ici, non mais. Ou alors, on parle de vin fou, plus on en boit, plus on va droit. Parce qu’il y a mes vignobles, sept cépages, Sylvaner, Pinot Blanc, Riesling, Muscat, Pinot Gris, Gewürztraminer et Pinot noir. Vous les voyez sur l’étiquette, juste à côté de l’appellation. Son favori est le Gewürz, mon vin au superlatif, aux arômes de fleurs, de fruits et d’épices (Gewürz), ah son moelleux.

    Au lieu d’admirer mes vignobles entre terre et ce vert, légèrement ambré, qui donne le sourire, qui se ternit et qui respire en même temps, mon vert tendre ou éteint, du trop de soleil, du gorgé de sucre dans le vin, ils ne remarquent que l’hôpital psychiatrique, à flanc de coteau. Son père dit qu’ils vont la laisser là, ou Philou, son frère. Il fait des blagues, des phrases toutes faites sur les fous, bien fol est qui s’y fie. La petite s’y met à son tour, fou-rire, fou furieux, fou à lier. Le petit Phil tente aussi, mais se trompe, fous-le-camp, vas te faire foutre. La mère rouspète. On ne parle pas comme ça.

    Mais heureusement, ma route à cet endroit se rectifie, mettons-les au pas.

    Ils se taisent dans la voiture, ils ont vu le panneau. On est dans les faubourgs de Colmar. Il n’est plus nécessaire de vanter mes charmes dans cette ville, mes colombages, mes canaux, mon centre-ville fleuri, encore moi, la capitale des vins, ma Petite Venise, mes quartiers pittoresques, mon Retable d’Issenheim.

    Le père ne parle plus, il se met à fumer une de ses gauloises bleues, ça pue dans la voiture, la petite demande à ce qu’on s’arrête, elle a envie de vomir, la mère s’énerve, oh, cette gamine. Le père se gare sur le bas-côté. Elle sort après son frère, descend dans un de mes fossés, se penche en avant, crachote un peu de salive, rien ne sort, fausse alerte, elle ne m’a pas souillée, elle remonte. Cette fois, on l’installe près de la fenêtre : elle l’ouvre et met sa tête. Le père crie, elle rentre la tête.

    Ils arrivent derrière la gare, passent le pont, un viaduc, au-dessus des voies, une grosse passerelle terne, vert pastel, n’importe quoi, j’ai compris, ils vont à l’hôpital. De celui-ci non plus, on ne parle pas dans nos brochures publicitaires. Inutile, ceux qui en ont besoin le connaissent, les autres n’iront pas derrière la gare, ils vont au centre-ville, petit pont, rues pavées, la rivière qui circule, la cathédrale, et l’hiver mon marché de Noël, les touristes ne s’intéressent qu’à ça, dans ma ville.

    Ils se sont garés dans le parking. Eux vont découvrir mon édifice des années trente, en béton, plaques de cailloux blonds collées, le père se permet un commentaire, les bétonneurs des années trente qu’ont inventé ça. Original, mon hôpital, l’entrée, un quadrilatère tout en longueur, une cour immense, dessinant un grand U, deux ruelles, deux longs bras ouverts qui se rejoignent au bout. A l’intérieur, des arbres, sur les côtés des blocs de béton de deux à quatre étages, et longeant le pourtour, comme dans un monastère, une allée piétonne bordée de colonnes, qui distribue les portes de chaque pavillon.

    Le père marche à grands pas vers le pavillon du fond. La mère le suit. Les petits derrière. Le petit Phil trébuche. Le père ouvre la porte métallique et la tient en faisant une arche au-dessus de leurs têtes ; ils passent et montent les escaliers.

     

     

     

     

    La première fois qu’on se souvient |

     

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    La première fois qu’on se souvient, on perd l’innocence, on ne peut plus faire semblant d’ignorer, on ne peut plus passer à côté, ça revient comme une petite phrase chaque jour, Colmar, Colmar, ça nargue, ça te dit tu ne peux pas l’ignorer le Grand ciel.

    La première fois qu’on se souvient, on accepte la fin, on la fait première enfin dernière, dans l’horizon des jours, on conçoit de la concevoir, on conçoit l’échec, que le temps passe.

    La première fois qu’on se souvient, on irrigue, un livre est la hache qui brise la mer gelée en nous, et peu à peu la peau, la voix, et puis le vibrato, ce souffle qu’on entend, lui d’abord, et puis eux, les voici ceux qui me parlaient, les dé-lyophiliser, ma vocation, l’imaginaire est là, je parle du petit avion, qui nous fait sourire. Subtile, cette aile de la sororité, la main douce sur la joue, la main douce dans la main.

    La première fois que tu te souviens, la porte ouverte, tu vas y aller dans le vert et puis le blanc,  toutes ces voix qui poussent leurs rauques murmures, je les accepte, j’entre en génuflexion, je n’irai pas cracher sur vos tombes, je vais les relever, mettre quelques pierres sur chacune, la symphonie, une traversée.

     

     

     

     

    Du rire blanc des Kennedy et de celui des dauphins |

     

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    Sur la photo, deux filles, Aliette et moi. Elle a onze ans sur la photo. On se tient au milieu de la route, devant chez Grand-mère, chacune sur nos jambes longilignes, en jupes plissées blanches. Nos corps faisant un arceau, pour se retrouver épaule contre épaule, nos têtes toutes proches. Sur la photo, nous avons l'air heureux, Aliette souffle sur une fleur de pissenlit, elle sourit de son grand rire blanc de Kennedy, qu’elle tient de nos mères. Moi, j’ai le sourire dauphin, bouche fermée, lèvres ourlées, comme on dit. Celui de mon père.

    La photo date de quelques jours avant l’accident. Elle était là chez Grand-mère avec moi. Aliette a suivi les femmes, quand elles se sont précipitées dehors. J’avais oublié qu’elle était là, ce jour-là, quand nous avons enfin pu nous parler de l’accident, trente ans plus tard, elle me l’a dit. Nous étions toutes les deux dans la maison au moment du hurlement. Et nous étions toutes les deux, pour contempler la scène du blanc. Jamais parlée avant.

     

     

     

     

    Des effets de l’éther sur les transports d’âme, en attendant le blanc |

     

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    J’peux plus, - il m’a poussé -, me cacher derrière lui. Tombe cette odeur, cette vapeur qui monte à ma tête, qui me donne un haut-le-cœur. Mon cerveau s’échauffe, je sens mes joues rouges et chaudes. Je respire cette odeur, j’espère encore, du chloroforme ou de l’alcool, j’en connais pas d’autre mot pour dire l’odeur, je pense faux encore, je tente d’expliquer, cette odeur, ça qui me fait ce que ça me fait à l’intérieur ?, et puis je renonce, tout c’que j’trouve à penser, « ma faute », tourne de l’œil, imminence, faire face à mon crime, l’ampleur de mon forfait, peux plus r’culer. 

    Je m’appuie de la main sur le mur du couloir. Scintillement dans les yeux, court-circuit électrique. M’arrête quelques secondes. 

    Mais je dois les rattraper sinon je vais me perdre, je me remets en route, jusqu’à ce que je bute sur mon petit frère, ça y est, c’est là. Je suis arrivée devant la porte. 


     

     

     

    Iphigénie en Tauride, Iphigénie à Aulis, Iphigénie à Paris, qu’y pouvons-nous de ce parcours ? |

     

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    J’ai bien conscience que ça désoriente, cette mémoire éclatée d’une jeune fille dérangée, à quel moment a-t-elle enfin compris qu’elle pouvait trouver place dans sa vie, nouer ses alliances, trouver ses amis, se relier ? Perdre ce sentiment iphigénique en elle, renoncer à cette jouissance secondaire de son symptôme ? Promis, je ne travestis pas, ni les vanités, ni les désarrois. Tout est vérité dans l’image, j’ai accepté d’y aller, pourquoi le regretterais-je ?

    Certes, ça donne le tournis, on m’en voudrait pour l’itinéraire ? S’il était à refaire, je le referais, d’ailleurs aurais-je le choix.

     

     

     

     

     

    Une performance au domaine de Kergehennec : Bretagne |

     

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    Sa première performance se passe au domaine de Kergehennec, on a dressé pour elle une tente blanche, le fond est un immense écran blanc à la taille de l'espace. Elle est face au public. Elle est l’auteure du script, l’actrice de l’événement, sur le fond, sur le mur, tourne une vidéo dans laquelle eux dedans, et puis elle, devant.

    La vidéo d’abord, le clapotis d’une pluie, la longue litanie des cercles de gouttes d’eau, recomposées sans cesse, les gouttes en abstraction, la pluie fait des claquettes, cela qu’on se dit quand on voit l’image, des cercles à côté de cercles, ça se mélange, puis se sépare à nouveau, du pâle, des éclats, de la géométrie de pointillés, des auréoles, des larmes, mais toutes rondes, les larmes dans leur passage abstrait, quand elles font forme, qu’elles ne figurent plus, mais cadrent le ready made, cadrage donc sur la pluie.      .

    Puis tout à coup mute, même abstraction, mais cette fois des sinusoïdes, éléments animés, on comprend le froid reflet de l’eau, gros plan puis élargi, masse  liquide  à présent, le ballet des lucioles argentées, le miroitement de l’eau, d’une eau Pacifique, recul de l'objectif, hypothèse d’océan, d’une île à l’horizon, on comprend qu’il s’agit de la mer, ou d’un espace de bleu, la ligne à droite, peut-être une jetée, le bord, un bord rectiligne qui marque la clôture, non la clôture, mais la coulure, une ouverture, le sens, ce qui donne le champ, la rampe de lancement, encore horizontale, mais qui fait flèche, va là-bas. A l’horizon le vert, par une baie aperçue, la caméra remonte, donne le panorama, peut-être une piscine, la froide association de l’alu, de l’azur et du verre, et puis un paysage, mais elle n’y est pas encore.

    Alors elle se détache, elle vient devant l’écran, elle est azur, femme bleue, ou d’un cyan chatoyant, elle est nue face aux gens, mais son corps s’habille de couleur, ça caresse, ça effleure, ça cache et ça révèle. Elle bouge lentement les bras, il s’agirait d’un crawl, d’une lente gymnastique, tête dedans vers l’avant, tête dehors penchée sur le côté, elle organise, respiration, mouvements de palmes de pieds, albatros elle marche empêtrée.

    Puis retour à l’image, elle est seule à fendre les flots, pourtant ça bouge, la surface est plissée, quand elle tourne la tête, tout à coup, ne sait comment, une autre tête apparaît, n’a pas vu arriver le nageur, sorti d’une longue apnée, sans doute après plongeon, elle le sent à l’eau qui bouge, ne la regarde pas, nage consciencieusement le même crawl en absence, de concert et tout seuls, chacun nage sa voie, elle accélère un peu pour se mettre à hauteur, ne la regarde pas,  elle relâche la tension, ralentit, lui aussi, semble l’attendre, elle repart, deux bonnets à présent, vues de dos, les nuques, l’humain dans le néant, même hauteur à présent, mêmes mouvements, se synchronisent, nagent en concertation sans dialogue toutefois, et ça dure et ça dure, la piscine comme marathon, comme longueur infinie, la piscine comme métaphore d’un chemin, mais lequel.

    Fondu au bleu, au vert, réouverture, ne savons ce que nous voyons, un bonnet premier plan et puis intermittence un autre bonnet juste devant, ça monte et ça descend, comme une vague sur la vague, nous comprenons les bras de l’un juxtaposés à l’autre, nous comprenons deux corps l’un sur l’autre, nous comprenons qu’ils nagent l’un en l’autre, que l’un fait couverture, que l’autre est à l’avant, mais seuls bonnets, pas les corps, enfoncés dans l’eau, supposés.

    Au loin un murmure, une parole d’enfant, é, à peine un vagissement, bébé, ça sait pas bien parler, et puis ça se rapproche, la musique à présent, un prélude, Debussy, peut-être un opéra, juste les quelques notes du début, et on entend les mots, écrire, écrire, ça tremble dans la voix, et gonfle l’autre voix, celle d’un homme, douceur, où es-tu née ?, un dialogue, la caméra poursuit la route, les dépasse, puis s’éteint. Elle allongée au sol, le corps qui se soulève, qui frémit, et puis fondu au blanc.

     

     

     

     

    De la lumière violente ou d’une lumière tamisée : fondu au blanc |

     

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    Lumière violente, éblouissement. Ou alors pénombre, sais plus, store à lamelles, soleil de juin. Chercher le lit, est-il grand ? Montants de métal, sais plus. Nous agglutinés, père parle fort, se penche près de l’ombre et murmure. Il me pousse, la main sur ma tête, fléchis.

    Lettres en fil jaune qui font des mots : «Hôpitaux Civils de Colmar», coton, un peu rugueux, devant fermé, supputation s’ouvre à l’arrière, le mot, raglan, on ne voit pas la couture oblique sur l’épaule, définition raglan, les tuyaux, un qui monte, un qui descend, ma Boucle d’or, odeur de merde, de sueur, de mauvaise haleine, dégoût, pleure pour de faux, fais comme les autres, elle a des bleus jaunes sur le visage, jamais vus avant, entêtement d’elle, traverser, lui en veux, pleure pour de faux toujours, muette, si ça se trouve cerveau en miettes, petite respiration. Dessillement et moi grosses larmes à grosses gouttes. Enfin.

     

     

     

     

    Une valse à sept temps : de la combinatoire |

     

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    Alors, tout ça n'était que de la combinatoire, arriver à englober mon roman-monde à moi dans un seul roman, sept d'un coup, comme le petit tailleur ? Sept quoi : je décris, que les amoureux de la poésie se sauvent, ça va être méthodologique, mathématique, une nouvelle base, je compte en base « moi ».

    P comme intervention psy

    A comme artiste imaginaire ou pas

    E comme voix d'enfant

    T comme technique, objets, vocabulaire des gens des territoires, ces métiers jamais tout à fait les mêmes, et leurs jargons, leurs processus, leurs technologies, leurs méthodologies, leurs procédures

    J comme journal, journal d’écriture, journal de vie, le temps qui passe, ce qui affecte et ce qui désaffecte du quotidien.

    M comme musique, la mienne, celle qui m’a irriguée enfant, et puis cette petite sonate entêtante découverte avec l’homme qui se tient la tête par-dessus mon épaule.

    W comme witness, le W de Pérec, et puis la disparition/réapparition de mes témoins intimes, les familiaux, tous ceux qui étaient là dans l’enfance et qui sont partis, presque tous.

    Ce qui me donne les chapitres Un et Deux de Casse-auto, les contraintes se tissent et se recomposent sans cesse, avec l’intuition que je vais bien retomber sur mes pieds, comme s’ils savaient mieux que moi où je vais.

    Une combinatoire à sept variables, comment composer un rythme à sept temps, mon maximum en chanson, c’était une mélodie à quatre temps, la plus aboutie, je crois qu’après ça je n’ai plus vraiment composé de vraie chanson pour une vraie carrière, juste des chansons d’enfant.

    Et je m’étonnais de ne pas y arriver.

    Ce travail de titan, commencé, quoi, il y a huit ans, rebattues, rebabattues les cartes et chaque fois aporie, impasse, voie sans issue, voie perdue, et même à l’instant, là, tout de suite, doute, mais si, je vais y arriver.

    Confrontée enfin à ma toute-impuissance, me battais comme l’abeille contre la vitre, pédalant dans le beurre la mouche, confrontant dans la douleur l’expérience, tentant de confondre la réminiscence et la fiction, les confondre comme on leur met le couteau sous la gorge, il fallait que ça passe en catimini, dans l’inspiration venue de mon muse, le mot m’amuse, les femmes peuvent aussi en avoir un.

    Pérec aimait ça la combinatoire, les contraintes d’écriture, tiens je retenterais, deux P, deux A, pas de disparition du e, et non, je ne vais pas le refaire, Pérec, c’est Pérec. Fini.

    Avec moi, y a le « nous » quand même d’une famille, et puis tout récemment le vent, le paysage, le ciel, la couleur, et la joie du réel de ma boutique obscure, ce que Dear Proust a introduit depuis que je le lis, chaque jour pour une heure, quand il vient s’inviter à mon thé, non dansant, quand il me fait cette chose, qu’un grand roman peut faire, vous transformer. Et puis avec lui, cet homme-là qui veille, je ne sais comment il est arrivé, comme il m’est arrivé, mais il est là et bien là.

     

     

    Anesthésia |

     

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    Le seuil de la nuit est passé, vingt minutes déjà, tu sais que demain est un tunnel, ta nuque te fait mal, ces heures à la tâche, attachée au clavier, tu ne sais plus te relire, tu ne pourrais plus de toutes façons, l'état d'hallucination a creusé la mélancolie, dépression post-partum, tu te sens comme ce buddleia, le plus pauvre des arbres, celui qui pousse sur les décharges, ces coins sous les ponts, ces oubliés du grand urbanisme.

    Un délaissé.

     

     

     


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