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    Happy Sweden de Ruben Ostlund

    A Cannes dans la sélection Un certain Regard

    Visible en ce moment dans 3 salles à Paris.

     

    Nous sommes tous des Suédois. Si vous n’en êtes pas convaincus, allez voir Happy Sweeden, ce second film d'un jeune réalisateur suédois, Ruben Ostlund.

    Comme toujours dans un film fort, l'anecdotique rejoint l'universel, nous sommes en Suède, mais nous sommes chez nous, dans un groupe d’amis, à une soirée, à l’école, dans le car. Et la vie se passe, rien de bien spectaculaire et pourtant, est-ce que je vois ce que je vois ?, est-ce que je sens ce que je sens ?, un trouble arrive dans l'apparente banalité du quotidien.

     

     

    De petits événements se produisent, un rideau cassé aux toilettes du car et l'étrange réaction d'un chauffeur, les essais-erreurs de deux ados en recherche d'émotions fortes, des jeux sexuels qui vont juste un peu trop loin, mais quoi, trop loin ?, un feu d’artifice qui tourne mal, mais la fête doit continuer. Entre les événements, une succession de petites séquences qui s’accrochent entre elles par le fil de la pensée ou de la non-pensée, des trous du temps, des océans d’attente, du réel sur lequel on bute.

     

    Et quand certains cherchent à mettre des mots sur ce qu’ils ont perçu, c’est dans la rencontre avec un Autre capable d’écoute ; mais ce qui prime, c'est l’ambivalence, l’hésitation à comprendre, on cherche à structurer une pensée, on n’est pas sûr.

     

    De quoi parle le film, des phénomènes de groupe, de la pression sociale, de la difficulté à être sujet au milieu des impératifs sociaux, ne fais pas de vague, ne dis pas la vérité si le groupe la nie, accepte la confusion si ton clan l’exige, ne te mets pas le groupe à dos, tu n’y survivras pas. Tous ces Autres en groupe, en troupeau, dont on veut qu’ils nous aiment, à n’importe quel prix, même celui de notre dignité ou du sacrifice de notre intelligence, de notre pensée. Toutes ces conversations dont l’éthique s’est barrée, on parle en dépit du réel, parce que le socius s’impose à nos sensations.

     

    L’art de filmer de ce réalisateur est remarquable, des plans fixes, pas de mouvements de caméras, des fondus au noir qui permettent la réflexion, et un cadrage de l'image et du son qui souligne des bouts de corps, des morceaux de dialogue, le plus souvent des mots coincés dans la gorge ou des fils interrompus de conversations, on ne voit pas toute la scène, réalité tronquée comme dans la vraie vie. Ostlund filme les relations et le hors champ, les fonctionnements de groupe et l’impasse individuelle,  tout ce qui justement se capte mal dans le seul cadre. La caméra se fait tour à tour témoin, conscience individuelle, complice, étrangère, cherchant le sens dans la confusion humaine. Elle nous met face à nous-mêmes.

     

    Nous sommes tous des Suédois, parce que ce film parle de nous, dans l’ordre du subtile, à mi-mot, chuchotis, ce que notre corps nous souffle, sans les mots pour penser, et quand on a les mots, ce constat qu’on est peu à pouvoir partager l’angoissante solitude devant les abus.

     

     

     


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    La pie est voleuse,

    j'adorais ces histoires, enfant,

    une pie se précipitait sur une bague dans la chambre,

    la jeune femme accusait son entourage,

    on finissait par retrouver la bague dans un nid.

    J'aimais cette histoire pour la bévue de la jeune femme,

    et l'audace de cet oiseau.

    Je n'y voyais à l'époque rien de sécuritaire,

    c'était un temps où le sécuritaire n'existait pas.

    La pie  était voleuse, c'était marrant.

    Celle que j'ai rencontrée dimanche

    explorait consciencieusement les poubelles du Bois,

    pas à la recherche d'un bijou clinquant,

    mais plutôt en quête de nourriture.



    Cliché de "la pie voleuse", comme pour tous ceux qu'on stigmatise,

    ceux qu'on accuse d'être des voleurs,

    juste parce qu'ils sont pauvres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    L'esthétique, c'est la vérité, dit le moraliste.

    Non, répond le chercheur en esthétique,

    la vérité, c'est l'esthétique;







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