• Ce que l’affaire Woerth-Bettencourt nous dit des femmes

    Sans titre

    Cindy Shermann

    Jeu de Paume

     

     

     

     

     

    Les figures féminines de l'affaire Woerth-Bettencourt sont emblématiques de la place des femmes dans ce pays.

    Il y en a pour tous les goûts. La veuve bourgeoise. Elle est courtisée dès lors qu’elle est riche, on parle d’elle, elle fascine ; on guette la couleur de ses pulls, la trace de ses liftings, la classe des fauteuils de sa maison de campagne, on fait le calcul de ses impôts tout autant que celui de ses relations vénales. A son âge, elle parle négligemment de son flirt avec Sarkozy, oublie les oboles qu'elle laisse aux mendiants de la politique, quant une autre plus humble économiserait chichement sur le chauffage ou espérerait la visite d'un fils. Pauvre, elle n’intéresserait personne, ne parlons même pas de retraite.

    Bien sûr, le couple diabolique, à l'origine de l'histoire, c’est l’impossible rapport mère-fille. La fille risque le tout pour le tout, déclenche l’avalanche, l’avait-elle envisagée ?, un tel cyclone de dégoût populaire et de scandales ? La fille qui ne peut se résoudre à oublier sa mère, qui y revient, insiste, la tue en voulant la sauver. Peut-être.

    L’icône de la modernité n’est pas absente, la femme d’affaire, indépendante, menant sa barque, que ce soit la banquière ou la femme du ministre du budget, elle a adopté les codes masculins : même affairisme, même souci de la carrière, même esprit d’entreprise,  gestion de patrimoine ou gestion d’écuries, même réseau relationnel qu’on entretient et dont on vit.

    En creux, mais pas dernière à tenter de tirer son épingle du jeu, la secrétaire particulière ou la comptable, qui incarne l’image traditionnelle des gens de maison : laborieux, aux petits soins pour la patronne, allant chercher des sommes vertigineuses à la banque, sans jamais en distraire un sou. Elle n’est pas toute blanche non plus, semble-t-il. Mais devant une telle litanie de gens de peu, elle ne fait que rejoindre la cohorte.

    Finalement l'affaire Woerth-Bettencourt ne nous dit que ce que nous savions déjà. Qu'il manque singulièrement dans cette galerie des portraits de femmes, une femme qui aurait passé son chemin, aurait laissé tous ces gens à leur médiocrité, une femme libre, poteau-milieu. Celle-là, nous n’en entendrons pas parler, parce qu’elle n’est pas dans le paysage et n’a jamais souhaité y figurer. Existe-t-elle seulement ?

     

     

     

     


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