• Débris de fin de semaine : des "fragments d'éternité" et de SAMO

    Christine Laquet

    Same old, same old

    collection personnelle

     


     

     

    Samedi

    Ne sais pas pourquoi, samedi, Galerie Perrotin. “Fragments d’éternité” de Chen Zhen. Pas connu de son vivant, et là, dans cette belle expo, compris qu’il avait quelque chose pour moi. La fin des Trente Glorieuses, il la vit dans l’arrivée en France, renonce à la peinture et installe ses objets dans une étrange danse de l’objet-mort, carbonisé même, dépouillé de son utilité, ou plus exactement de sa fonctionnalité, comme ces chaises accrochées à la table et suspendues en l’air. Je ferai quelque chose sur les photos prises.

     

                                                                      Un-interrupted voice 1998 Chen Zhen - Galerie Perrotin - crédit photo anthropia # blog 

     

    La question est “comment continuer”. Quand est pris dans le mouvement de l’enfance la force de la technique, son ascension, son apogée, son déclin, peut-être dans quelque chose des nanotechnologies, l’infiniment petit est la disparition visible des Trente et pourtant son plus jouissif développement. Mais aussi plus aride, le service, pris dans la grisaille des organisations, dans ce no man’s land du sourire commercial, comment rendre compte de cette réalité-là, arrivée avec l’informatique, qui tue dans le service la présence physique par le numérique service. Et en passant aussi les mains des hommes, la force de leurs bras, la gaieté du collectif. 

     

    Dimanche

    Partir du dé-lire d’Artaud, sa lutte contre le moi, très beau dire de Cécile Duval, hier, aux Toboggans Poétiques, le soir, et ce texte de Lawrence Ferlinghetti "La quatrième personne du singulier", et ce texte de Tarkos tiré des Ecrits poétiques, "ma langue est poétique". Passées si vite ces deux heures quarante-cinq en compagnie d'un public nombreux. Tous ensemble on se ressource. Et nos longues conversations de littérature au café. Hier soir, comment lire Artaud travaille la tête.

    Et en rentrant, l'infinie queue de comète du dialogue de ces deux hommes rencontrés à Sainte-Anne, rêver les anges déchus comme en avancée, le texte d’après le père et la mère, quelque chose d’un socle qu’on oublie, ils ne seraient plus déchus, juste sur terre et même dessous comme ils sont. Parce que finalement, personne n’y croit à cette histoire de qualité, ni à l’objet-roi. On ne se fait plus prendre dans les travestissements du capital.

    Quand TF1 nous sloganise que le peuple français serait heureux malgré grâce au foot, on voit bien que la lucidité d’aujourd’hui du peuple, on confond ce léger vertige avec la dépression fataliste, naît de l’acceptation de cette décroissance qui nous attend, notre nouvelle révolution, celle de réenchanter le monde dans une poétique d’après la consommation obscène, je crois encore qu’il en existe une « possible », mais l'autre, la quitter. C’est ça qu’on macère et qu’on veut inventer. Grand chantier des Français à l’insu du politique, qui n’a rien compris et qui découvrira notre commune solution après la bataille comme d’hab.

     

    Dimanche

    Entendu cette nuit sur France Culture l’explication du premier pseudo de Jean-Michel Basquiat, Same Old Shit, un graf qui lui servait à lui et à ses amis, voulant d’abord parler de leur réalité, puis l’arborant comme un pseudo collectif de résistance, jusqu’à la reconnaissance qui le fera taguer « Samo is dead ». Puis la rencontre avec Andy Wharol.

    C’est à dire l’inscription du soi sur le mur en forme de succession des états du monde vis-à-vis de soi.

    Puis d’un regard public à un échange personnel entre deux artistes, mais toujours l’impossibilité de soi pour soi. Jusqu’à l’overdose fatale, vivre vingt-huit ans, pas la patience d’attendre.

    Ce SAMO était là à mon insu, caché dans cette œuvre de Christine Laquet, artiste nantaise, de ma collection. « Same old, same old », et le mot contenu entre les deux « same old », dans le samo caché, comme il l’est dans le pseudo et dans les tags de Basquiat. Dimanche, quelqu’un m’en avait parlé de ce lien à Basquiat quand tous ensemble on contemplait l’œuvre sur le mur. Jusqu’à ce SAMO entendu cette nuit qui confirmait.

    Est-ce que pour autant l’œuvre de l’artiste est moins mystérieuse. La taille de cette aquarelle, 1,30m par 0,93m. Et ce qu’une peintre reprend de l’histoire de l’art.

     

    Lundi

    Où il s’agit d’écrire au-delà, se relevant peu à peu de cette période vécue depuis le début d’année.

    Ma lenteur à prendre ces détours qui me sont une toilette de chat.

    ça s'écrit en décousu, la fin de semaine. Ça peut s’écrire, ça.

     

     

     

     


     

     

     

     



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