• Débris de semaine : Back to La Pomme

    Vierge de Guadalupe

    "je t'offre ce retable pour toutes ces personnes qui ont trouvé la mort dans les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York.

    Vilchis Mexico D.F. 17 mai 2004" 

    Hugo Vilchis

    Musée des Arts Buissonniers

    Saint-Sever du Moustier (Aveyron)

    crédit photo anthropia # blog

     

     

     

     

    A N.Y., j’y étais le 11 septembre 2002, comme en rituel le passage, les ex-voto partout sur la barrière, les fleurs, les portraits, mais le pire l’odeur de mort qui régnait encore, la cendre au dire de mes amis avait recouvert Manhattan des mois durant, un cimetière géant, l’un d’eux m’avait même avoué qu’il avait quitté New York pour cette raison après quinze ans passés là-bas, il voulait retirer son fils de cette atmosphère, il voulait fuir. Souvenir aussi de cette vidéo de Fiorenza Menini, qui un an plus tôt se trouvait sur le pont de Brooklyn avec sa caméra quand les avions avaient choqué les tours, l’avait laissé tourner jusqu’à fin de batterie, et ça avait représenté l’exacte durée de l’effondrement des deux tours, sa voix off qui raconte, la pluie de mort sur elle, quand ses voisins voyeurs s’échappaient au bout du pont, pas courageux les mecs.

    Mais moi j’y étais un an plus tard, pour quoi déjà, ça m’avait pris en août, j’allais rejoindre une amie à Watertown, près de Boston, mais avant de prendre le train, on peut aussi prendre le train aux States, j’avais voulu un goût de Pomme, revoir le Moma qui m’avait tant marqué dans les années soixante-dix, je me souviens de cette première fois que j’avais vu Hopper et sa Truro’s station, une véritable fascination pour le thème, pas convenu, inattendu dans le traitement, ce savoir-faire et la beauté d’une pompe à essence, là toute simple, m’en suis jamais relevée depuis, et cette fois-là, je le savais, il n’y aurait plus de Picasso, le Guernica qui vous prenait au-dessus de l’escalier, un choc dans le ventre, la grandeur de la toile, l’impression de se perdre dans les mille thèmes, avait été rapatrié en Espagne, et je le savais je devais chercher du nouveau, j’avais redécouvert Frida Kahlo et Diego Rivera la force de la peinture mexicaine –peut-être pour ça que j’ai recherché l’œuvre de Luis Vilchis, un de leur compatriote mexicain, redécouvert par J.M.G. Le Clézio, tombé amoureux de ses ex-voto de peu, de l’art brut, sorry si la photo comporte ce halo de lumière, pas pu l’éviter, pour illustrer la commémoration du jour-, Frida et Diego, un peu lassée toutefois par toutes ces œuvres d’un passé qui m’éloignaient de l’art contemporain, puis étais partie fumer ma première cigarette à l’ombre d’un de ces cast-iron building du Sud de Manhattan sur le muret duquel on aime tant s’asseoir, c’est là que j’avais rencontré ce Marocain dont j’ai tiré une des nouvelles, la sandale de Paul Bowles, la littérature n’est jamais loin quand on voyage, plus tard le soir, je m’étais réservé une de ces chambres du Guide du Routard, pas trop chère, avec vue imprenable sur l’Empire State Building dont les néons illuminaient mon ciel la nuit, et juste avant, parce qu’il me semblait évident qu’il fallait y aller j’avais visité le mausolée, Ground Zéro, en tentant d’imaginer ce que donnerait la tour qu’on y érigerait, le grand V contre la tristesse de ces années de rien, et curieusement je ne m’étais pas sentie triste, parce que cette ville pulse, la Babylone fait toujours de l’effet, même s’il faut pour ça traverser des temps sombres, elle en vaut vraiment la peine.

     

     

     

     


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